Un pied devant l’autre

par C’est Nabum
jeudi 28 décembre 2023

 

Un bon pas conduit à destination…

 

Vous qui pensez aller d'un pas sûr pour tracer votre chemin, prenez bien garde à suivre à la lettre ces quelques conseils que je me permets de glisser en travers d’une route qui ne sera jamais un long périple tranquille. Ma démarche peut vous surprendre, le ton employé plus encore vous dérouter, c'est justement là le but de la chose pour qu'une fois en randonnée vous sachiez garder le cap et votre bonne humeur.

Le marcheur qui se lance en troupeau, pardon, en groupe, même si l'analogie première est souvent plus opportune tant l'effet d'entraînement sort nombre d'entre nous de la sage file à la queue leu-leu de nos amis les loups, ne doit pas feindre d'ignorer les risques qu'il encourt même au pas tranquille de celui qui baguenaude. Le danger du reste ne vient pas que des autres, vous devez appréhender l'hypothèse que vos incartades, même involontaires, peuvent être périlleuses.

Le randonneur en groupe est ainsi une proie fort commode pour l’automobiliste, irascible, pressé et surtout incapable de prendre en compte la dangerosité de cette masse fluctuante qu'il croise ou bien pire encore, qu'il doit doubler. Il y a d'abord l'accotement incertain qui borde la chaussée. Le moindre faux pas peut entraîner une réaction en chaîne dans le peloton. Il faut encore tenir compte de l'effet de souffle d'un bolide qui se refuse à ralentir, le jeu de quilles n'est pas loin. Dans tous les cas, se faire voir est la première garantie même si elle ne repousse pas les actes inconscients de certains chauffards.

L'autre précaution est primordiale, lors d'un dépassement ou d'un croisement, renoncer à marcher de front ne relève pas de l'affront mais bel et bien de la sagesse d'autant qu'en agissant ainsi, vous cessez un temps de converser. Le bavardage étant à n'en pas douter le charme de la marche en groupe mais aussi, le risque potentiel de l'inattention. Enfonçons ainsi le clou en dénonçant l'usage du téléphone portable dans pareille circonstance. Rien n'est mieux que de converser avec mon collègue tout en fuyant les correspondants lointains qui ne voient jamais surgir le danger.

Le franchissement d'une route par son « travers » n'est pas sans « travers » ni périls. La masse inerte d'un groupe qui s'amoncelle sur le bas-côté en attendant le feu vert pour une traversée rapide rend justement fort problématique cette nécessaire célérité. Il convient de bien penser ce passage en restant tous concentrés sur ce moment qu'il convient de réaliser de concert sous la protection de deux serre-fils qui font face à la route. C'est là encore, l'occasion d'interrompre les palabres pour agir dans la plus harmonieuse simultanéité.

Enjamber une rivière par le moyen d'un pont cause là encore quelques tracas qui doivent faire renoncer un temps au rang par deux pour préférer la file indienne. Le pont généralement suppose un rétrécissement de la chaussée et quelques déclivités qui peuvent surprendre l'automobiliste comme le marcheur. Le flot de la circulation s'en trouve contrarié tandis que le cours d'eau n'est pas là pour vous tendre ses bras en cas de problème.

La grande variable qui pose problème provient de la différence de vitesse de marche des uns et des autres. Il convient d'en tenir compte lors des portions routières en adoptant une allure qui ne pénalise pas ceux qui vont moins vite. Rester compacts à ce moment-là est une garantie de sécurité tout en simplifiant la tâche de l'usager de la route.

Enfin, des impondérables peuvent vous mettre dans une situation qui vous éloigne du groupe. Nul n'est à l'abri d'un besoin pressant mais ce n'est pas une raison pour se presser ensuite afin de retrouver le groupe. C'est plus à vos camarades de réduire l'allure pour vous attendre. De votre côté, ne forcez pas le pas et n'omettez jamais de prévenir en cas d'un décrochage naturel. Par contre, je le répète, pas de décrochage téléphonique, votre correspondant attendra votre pause. La seule urgence qui vaille est de tous arriver à bon port et sur ses deux pieds.


Lire l'article complet, et les commentaires