Cantona : The King Kicks, the Queen couine
par Jaime Costa
mardi 18 mars 2014
Pour son caractère, son talent mais aussi ses phrases et pétages de plombs que l'on ne présente plus.
Met-toi à genoux quand tu t'adresses à la légende.
Jeunesse fougueuse
Jeune, talentueux et convoité par de nombreux clubs, Canto choisit le centre de formation de l’AJ Auxerre. Il y rencontre l’homme que tous les auxerrois connaissent depuis 1827 et son arrivée en terre bourguignonne, Guy Roux. Ce dernier lui donne sa chance à l’Abbé-Deschamps mais, malgré quelques bonnes performances, Eric manque encore de maturité. Il est alors prêté au club de Martigues où les 2 cartons rouges en 15 matchs ont plus marqués les esprits que les 4 buts inscrits.
Il repart ensuite vers le bon air bourguignon où il passe deux saisons tranquilles enchaînant les bons résultats en club tout comme en Equipe de France où Henri Michel a décidé de lui faire confiance. Mais si on s’attarde sur le joueur talentueux, on se rend vite compte que l’homme n’est sans doute pas l’inventeur de l’eau tiède. Exemple-type, Auxerre reçoit Nantes, ce qui promet être un match paisible (tant pour les gardiens que les insomniaques) et Eric, sans prévenir, ne se contrôle plus. Un véritable attentat et une petite générale manière de réveiller joueurs et spectateurs. Bien vu l’aveugle.
Un poète vagabond
Malgré ces élans de caractère, Cantona figure sur les petits papiers de nombreux clubs français et européens mais il choisit de retourner sur sa canebière et porter les couleurs de l’Olympique de Marseille où son entente avec Papin est très prometteuse. Malheureusement et pour changer, tout dérape. Eric laisse éclater au grand jour son côté poétique, il n’en peut plus de passer pour le grand méchant loup. Il nous gratifie alors d’un doux « Sac à Merde » glissé à Henri Michel pour ne pas l’avoir sélectionné en Equipe de France. D’avoir de rage jeté son maillot lors d’un match amical face au Torpedo de Moscou (si si je vous assure), il s’attire les foudres d’un président tapi dans l’ombre qui cherche désormais un acheteur. Bernard veut tirer profit de la valeur du joueur et se dirige vers le FC Barcelone mais (nous sommes avant l’ère-Bosman) le club a déjà recruté un attaquant. Il faudra chercher ailleurs.
Débute alors un pèlerinage à travers la France à la recherche de la paix intérieure, il reste 3 mois à Bordeaux, le temps de goûter le rouge et de rater une panenka en 32e de Coupe de France face à Beauvais (mais si je vous assure !), rejoint la Paillade de Loulou Nicollin, pas mieux pour retrouver la paix intérieure, où il remporte la Coupe de France et retrouve le maillot tricolore. Terminus Marseille, où malgré la confiance de Beckenbauer une blessure l’empêche de s’affirmer. A son retour c’est le sorcier Goethals qui a pris les rênes, il ne compte pas sur Canto.
Il rejoint Nîmes et Miche Mézy qu’il a connu sur les rives du Lez, réussit de bonnes performances en club comme en sélection mais c’est calme, trop calme. Lors d’un Nîmes-AS Saint-Étienne, il jette le ballon sur l’arbitre, puis rentre directement aux vestiaires. Montant des gains, 4 matchs de suspension. Mais la bête est blessée et répond à cette décision en traitant d’« idiots » les membres de la commission de discipline. La seule chose qu’il gagne c’est un petit bonus de 2 mois de suspension. Poursuivant dans sa logique Cantona résilie son contrat et renonce au football.
Ah au fait, le joueur recruté par le Barça et qui a empêché Eric de vêtir le maillot blaugrana n’est autre que Van Basten... Attendez, quoi ? Comment ça il a jamais joué là-bas ?
The King’s speech
Vous croyez que c’est fini et bien non. Ça vient à peine de commencer. La Cantona’s touch va s’exporter en Angleterre et autant vous dire que ça va pas être rose.
Direction Sheffield où la proposition de contrat tarde laissant libre cours à Leeds United de s’approprier le frenchie. Il y devient champion et déclare de manière quasi-compréhensible « I love you, I don’t know why, but I love you », l’Angleterre est sous le charme. Quelques petits accrochages avec la direction et il s’envole vers Manchester. Heure de gloire footballistique pour le nouveau « King » mais apogée de pétage de plombs. Après avoir pourri un arbitre en Ligue des Champions, piétiné un joueur de Swindon, pris un rouge 3 jours plus tard face à Arsenal, il sort enfin le grand jeu. Un véritable coup de pied latéral en pleine face. Chapeau l’artiste. Sans déconner Little John, quand tu le taquines Canto, t’attends pas à ce qu’il rigole avec toi. Il met les pieds où il veut, et c’est souvent dans la gueule. Sa mère va jusqu’à demander à Guy Roux d’intervenir. Non, pas pour éviter la prison, juste parce qu’elle pense que le juge va passer un sale quart d’heure. Tonton Guy appelle donc Tonton Mitterrand (si si je vous assure !) et Cantona s’en sort avec 9 mois de suspension et 120h de travaux d’intérêt général.
Le monde entier attend les déclarations du King. Des regrets ? Des excuses ? Enfin va-t-on savoir. « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer ». Merci, au revoir.
S’il revient avec Manchester United en 1995 et retrouve son meilleur niveau, il se lasse du monde du football et prend sa retraite en 1997 laissant inconsolables les fans des Reds Devils. Ils le désignent comme le joueur mancunien du siècle, rien que ça.