Ce jeu qui nous abandonne

par C’est Nabum
lundi 10 mars 2014

Roger, que sont devenus tes petits ?

Rugby français, morne plaine.

Depuis quelques années, il en faut bien du courage à l'amateur de rugby pour continuer à regarder le quinze de France. À l'ennui, il faut ajouter l'indigence d'un jeu trop prévisible, sans fantaisie ni spontanéité. Le pauvre nostalgique des chevauchées passées pourrait alors se dire qu'il a vieilli et que c'est son plaisir qui s'est émoussé au fil des ans.

Hélas, il n'en est rien ! Il suffit de regarder les autres nations pour retrouver ce mouvement incessant qui fait le charme de ce jeu. Il se passe quelque chose pour nos pauvres coqs qui traînent, l'âme en peine, sans repères ni leader, sans plaisir ni passion. Et ce ne sont pas les interviews de leur entraîneur pas plus que les commentateurs de notre pauvre chaîne publique qui vont changer les choses. Tout ce monde semble patronné par une marque de soporifiques …

Le verbe et la verve ont quitté le terrain, tout comme les contre-attaques impossibles et la folie chevaleresque. C'est à l'image de notre société ; terne et insipide. Les Français truquent en mêlée pour espérer une pénalité et marquer des points sans imagination. C'est mesquin, c'est contraire à l'esprit tout en dénotant une mentalité d'épicier.

Le dernier match contre l'Écosse a atteint un tel niveau de platitude qu'il me faut vous faire part de ma colère, exercice parfaitement vain mais salutaire. La Fédération se fourvoie en continuant à accorder sa confiance à une équipe technique dépassée et désabusée. Les clubs nationaux nous entraînent dans le précipice en ouvrant toujours plus leurs portes aux joueurs étrangers, en faisant des français de gentils joueurs d'appoint, sans caractère ni capacité décisionnelle.

Nous avons assisté contre l'Écosse à un naufrage collectif d'une rare désespérance. La touche fut calamiteuse, la mêlée chahutée, le jeu de ligne transparent et les choix tactiques déplorables. Mais rien n'est grave au royaume des pardessus puisque la victoire a choisi le camp de l'équipe qui a le moins entrepris. Tout va bien jusqu'au choc final ...

Une fois encore, on nous sert le couplet de la solidarité, de l'envie collective qui a permis de se sortir d'un guêpier dans lequel n'est en cause que la médiocrité des joueurs en bleu . Le miracle anglais permet même de faire illusion et d'espérer encore une victoire finale dans ce tournoi. Une victoire cache-misère à n'en point douter. Mais à quoi servira-t-elle si elle ne vient pas illustrer des progrès manifestes et des convictions repérables ?

De progrès, il y en a aucun et les changements perpétuels de joueurs, qu'on nomme bien hypocritement des essais, nous font, à chaque expérience, un peu plus reculer. Le sélectionneur lance dans le grand bain des gamins pas même protées dans leurs clubs et parfois à une place qui n'est pas la leur. C'est de la folie ou des l'inconscience à moins que ce ne soit que l'expression de la faiblesse du réservoir national…

Quant aux convictions, j'espère que le staff tricolore en a quelques-unes. Toujours est-il qu'il est fichtrement incapable de les démontrer par le discours et encore moins de les mettre en œuvre sur le terrain. La Coupe du Monde approche et les certitudes ne seront certainement pas tricolores. C'est à l'image d'un système fédéral incapable de prendre en compte des intérêts si contradictoires, entre clubs et équipe nationale, qu'elle préfère en rester à la politique de la pétaudière stérile.

Je pense sincèrement qu'une fois encore, le rugby français va passer à côté de la seule grande compétition qui compte vraiment : la Coupe du Monde de Rugby qui se déroulera l'an prochain en Angleterre, pays où nos chers voisins, sont en train de se préparer une équipe fameuse, eux ! L'impréparation, l'improvisation, le manque de temps pour travailler, l'absence de courage fédéral, les intérêts discordants des uns et des autres seront les principales explications d'un fiasco à venir.

Il en demeure pas moins que notre système de formation est lui aussi en cause. Des joueurs trop gentils, pas vraiment aptes à tous les gestes de ce sport, sans prise de risque ni imagination, sans ce supplément d'âme qui fait les grands champions. C'est bien le système de formation dans son ensemble, dans les clubs, mais aussi à l'école, qui est devenu une machine réductrice qui brise l'initiative, le caractère, le désir de se surpasser et l'esprit de compétition. Il y a du pain sur la planche !

Péniblement leur.


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