Eternel Federer

par Lionel Ladenburger
mercredi 1er février 2017

A 35 ans et au terme d'une finale de titans face à son meilleur ennemi Rafael Nadal, Roger Federer a écrit une nouvelle page de sa légende en décrochant la 18e couronne de sa carrière en Grand Chelem. Tout simplement époustouflant !

Qui aurait pu prévoir pareil scénario en voyant « Rodgeur » s’effondrer sur le gazon du Center Court de Wimbledon après s’être fracassé le genou lors de sa demi-finale perdue face à Raonic en juillet dernier ? Peut-être personne… mis à part lui ! De fait, à 35 balais bien tassés, les chances de voir à nouveau l’ancien N°1 mondial triompher en Grand Chelem avaient diminué comme peau de chagrin… Et pourtant, au moment où on l’attendait le moins (après 6 mois passés à l’infirmerie), le Maestro nous a livré à l’occasion de cet Australian Open 2017, la 18e partition sans fausse note de sa légendaire carrière. Un récital conclu, qui plus est, en apothéose via une somptueuse bataille de près de 4 heures face à son éternel rival : Rafael Nadal. Retour sur le déroulement d’une finale qui restera sans conteste dans les annales.

Un partout, balle au centre

Dès les premiers coups de raquette, le ton était donné. Pourquoi changer une formule qui gagne ? Vainqueur de 23 de leurs précédents duels, l’Espagnol a bien évidemment débuté ce 35e face-à-face avec la ferme intention d’agresser le Suisse dans sa diagonale favorite, le pilonnant ainsi comme à son habitude côté revers. D’ordinaire si efficace, cette tactique s’est néanmoins avérée infructueuse au premier set, face à un Federer ultra-offensif qui parvenait à contrer Nadal à merveille en écourtant au maximum la durée des échanges. Solide sur son engagement (93% de points gagnés derrière son premier service, aucune balle de break concédée), RF se montrait en outre chirurgical pour se détacher à 3-3, avant d’empocher logiquement la manche initiale après quelques 35 minutes de jeu.

Mais Rafa restera toujours Rafa. Et plus la pression monte, plus sa formidable capacité à se sublimer ressurgit ! Confirmation dès l’entame du 2e acte, lorsque Fed, moins efficace et moins précis, retombait subitement dans ses travers, laissant le taureau des Baléares s’engouffrer dans la brèche. Avec deux breaks en poche, le matador de Manacor retrouvait de sa superbe et prenait rapidement le large (4-0). Malgré la perte d’un de ses deux jokers, Nadal égalisait ainsi à un set partout au bout d’une heure et 20 minutes passées sur le court.

Montagnes russes de part et d’autre

Vu la tournure des deux chapitres à peine joués, les spectateurs de la Rod Laver Arena imaginaient alors un troisième set ultra serré… il n’en fut rien ! De nouveau virevoltant, le banquier de Bâle reprenait le contrôle des opérations avec autorité. Conquérant et efficace, le Suisse se remit à étouffer son adversaire. A la peine comme rarement, souvent débordé, on s’est alors souvenu que Nadal avait passé plus de 5 heures à cravacher dans l’arène pour se dépêtrer du bondissant -

*+.Dimitrov en demi-finale. Clairement moins en jambes, manquant de jus, le Majorquin n’a alors pu que regarder le Fedexpress passer (6-1).

Pourtant, encore une fois, c’est alors que d’aucuns imaginaient que l’affaire serait sans doute bouclée en 4 sets que le nonuple vainqueur de Roland-Garros fit de nouveau son retour dans la partie. Signant une sorte de copier-coller du deuxième acte, Nadal trouvait un second souffle tout bonnement phénoménal pour reprendre le Bâlois à la gorge. Acculé, moins fringant après déjà près de 3 heures passées à cavaler, le flamboyant jeu du Suisse s’étiolait ainsi petit à petit au fil des jeux, point après point, redonnant subitement à cette rencontre un énième air de déjà vu !

AO 2017 ou quand Federer aura refusé la défaite !

Car de l’autre côté du filet, encore sur sa lancée avec un break confirmé d’entrée (2-0, puis 3-1) au début du 5e set, Rafa semblait en effet parti pour décrocher son 15e titre du GC. Toujours aussi tranchant, féroce derrière sa ligne de fond, le protégé de Carlos Moya continuait son travail de sape sans trembler, tandis que Fédé semblait soudain rattrapé par l’ombre inquiétante de ses nombreux (et parfois si cruels) revers passés. Face à sa bête noire, le regard sombre, par moments résigné, comme ce fut si souvent le cas face à Rafa : à Roland-Garros, à Wimbledon en 2008 ou ici-même en 2009, l’horloger paraissait quant à lui de nouveau perdu, voué à laisser une nouvelle fois l’histoire se répéter…

Sauf que ce Federer-là n’avait plus envie de ça. Une fois n’est pas coutume, le tombeur de Berdych, Nishikori et Wawrinka (trois membres du Top 10) aux tours précédents, est parvenu à se faire violence. Dans un incroyable sursaut d’orgueil, le roi du tennis a en effet écrit l’une des pages les plus homériques de sa légende pour se faire justice ! Comme par magie, flirtant de nouveau avec les lignes pour mettre Nadal à deux mètres de la balle (à l’instar de cet échange stratosphérique de 26 coups), le chocolatier suisse a multiplié les douceurs pour s’octroyer les 5 derniers jeux du match avec la manière et par là-même son 18e sacre en Grand Chelem. Peut-être le dernier, peut-être aussi le plus beau, car en ce dimanche 29 janvier, c’est tant son bourreau que ses propres démons que Roger Federer, revenu de nulle part, a enfin fini par terrasser.

Les statistiques de la finale 

Lionel Ladenburger

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