Franck Ribéry, du bleu plein les yeux

par Henry Moreigne
vendredi 9 juin 2006

Pas besoin d’être fin connaisseur du foot pour avoir saisi que quelque chose d’indéfinissable s’est produit lors des deux dernières rencontres de l’équipe de France de football. Ce « quelque chose », proche de l’envoûtement, a un nom, Franck Ribéry. Retour sur un phénomène qui ne fait que commencer.

Peu de joueurs d’équipes nationales peuvent se prévaloir, à 23 ans seulement, et deux courtes prestations en rencontre nationale, d’être adoptés par le public au point d’entendre leur nom scandé, en écho à celui de la star mondiale finissante, Zizou.

Le sport, et le foot en particulier, c’est du théâtre. La France qui voit partir avec regret le héros d’une France victorieuse, Zizou, se console en adoptant un jeune premier.

Une nouvelle coqueluche qui tranche, et c’est là toute sa force, avec un milieu professionnel engoncé dans la suffisance de sa gloire passée, incapable de se remettre en cause, irrémédiablement gâté par le foot business.

Certes, Franck Ribéry comme joueur offensif possède de fortes qualité techniques : capacité d’accélération, de provocation, sens de la passe et de l’abnégation, mais ces atouts sont avant tout mis en valeur par une personnalité hors normes footballistiques.

Trois adjectifs concourent à définir celui que l’on surnomme "Scarface" : intégrité, générosité, humilité.

Des qualités humaines qui n’ont pas besoin d’un quelconque plan média pour ressortir. Saluer le public, donner son maillot à un handicapé mental à la fin de son premier match en équipe de France, ce sont des gestes qui marquent. Rarement un joueur aura montré une telle soif de recevoir comme de donner.

La fragilité de la vie, il l’expérimente à l’âge de deux ans, dans un accident de voiture dont il garde aujourd’hui encore les stigmates sur son visage. Aîné d’une famille du Nord de quatre enfants, il sait ce que partager signifie. Il rencontre vite le succès en Ligue 1 au FC Metz en 2004, puis à Galatasaray, avant d’être adopté par l’Olympique de Marseille. Pour autant, sa fraîcheur demeure intacte, tout comme son respect de l’autre, et notamment du supporter. Une attitude qui tranche dans un milieu où l’on aime jouer les starlettes. Alors oui, le langage est parfois cru, mais comme celui d’une personne ordinaire, qui cherche à abriter derrière les mots sa sensibilité. Avec Franck Ribéry, c’est toujours une histoire de cœur.

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