J.O. : Journalistes Odieux
par C’est Nabum
vendredi 12 août 2016
L’hystérie au service du nationalisme.
Je ne sais si, dans les autres pays, la télévision nationale présente le même spectacle affligeant de commentateurs sur ressorts, de boules de nerfs et d'excités permanents pour accompagner des images qui n’ont certes pas besoin de leurs vociférations honteuses et de leur chauvinisme exacerbé.
Que dire de cette cohorte d'exaltés de la Marseillaise, si ce n’est qu’ils font le lit du nationalisme, d’un patriotisme de pacotille et d’une conception du sport qui n’a rien à voir avec ce que devrait être l’esprit des jeux olympiques. Ils ne prennent l’antenne que lorsqu' un tricolore a une chance de médaille, ils vendent un fol espoir à des téléspectateurs accrochés à leur poste, les yeux fichés uniquement sur le compteur à récompenses. Le geste, l’effort, la qualité de l’adversaire, le contexte technique ou tactique, tout cela est renvoyé aux calendes grecques.
Il faut des victoires, il faut des podiums pour chanter la gloire d’un pays qui a bien de la misère d’avoir de tels représentants médiatiques. Qu’avons-nous fait pour mériter ceux-là ? Sous quelles doctrines étranges s'est construite leur formation professionnelle ? J’avoue me désespérer d’entendre leurs propos, de voir à quel point ils ne sont pas observateurs éclairés mais supporters énervés. Est-ce ce comportement délirant qu’attendent mes voisins ? Si tel est le cas, c’est à désespérer de l’intelligence nationale.
On peut s’interroger sur la nature des substances qu'ils consomment Manifestement, ils ne sont pas dans leur état normal. Ils sont sous produits dopants, ils ont perdu la raison, ainsi que toute mesure et toute dignité. J’ai le sentiment que notre redevance sert à financer de curieuses vacances à cette troupe d’illuminés. Je me demande d’ailleurs pourquoi ils sont si nombreux à avoir fait ce long déplacement …
Tous les quatre ans, c’est la même sérénade, la même grandiloquence d’opérette mexicaine. Qu’importe le lieu, nous avons les mêmes clichés, les mêmes hurlements, les mêmes propos vaseux. Il ne serait donc pas envisageable qu’un comité d’éthique olympique surveille le discours de nos champions du microphone ?
Je n’ai qu’à couper le son, me direz-vous ; la remarque est assez juste mais incomplète. J’évite tout d’abord de regarder ce spectacle désolant. C’est la plus sûre manière d’échapper à ces furieux mais quand parfois, l’épreuve touche mon intérêt, j’aimerais pourvoir disposer d’une option de bruit d’ambiance à l’exclusion des guignols en cabine. Est-ce trop demander ?
Sachant que je rêve, je vais donc me passer de ces interminables discours à la seule gloire nationale. Je suis citoyen du Monde et je ne compte pas brandir un drapeau, fût-il héritier d’une révolution et d’un long passé, pour célébrer le sport. Les hymnes, les drapeaux ne devraient pas figurer au programme d’une compétition sportive. Mais ce n’est rien en comparaison des ferments insidieux de haine et de mépris de l’autre que véhiculent nos chers journalistes sportifs. Eux, à coup sûr, méritent la médaille de plomb : celle du métal qui finit immanquablement dans les armes quand les esprits ont été suffisamment préparés par leurs soins à de nouvelles épreuves impitoyables. Mon Dieu, qu’ils nous fichent la paix ; qu’ils se taisent enfin ! Après tout, n’est-ce pas la trêve olympique ?
Olympiquéthiquement leur.