Le foot serait-il affecté par les succès du handball ?

par Jean Paul
mardi 9 octobre 2012

Quelques articles relatifs au match Cesson-Montpellier :

Dans quel contexte s'est déroulé le match ?Assuré d'être sacré champion quatre journées avant le terme, Montpellier fête son 14e titre par une victoire à domicile le 4 mai face à Dunkerque. La semaine suivante, à la veille du match à Cesson-Sévigné (devenu Cesson-Rennes), le MAHB confirme les absences de Nikola et Luka Karabatic, Mladen Bojinovic, Vid Kavticnik et Florent Joly, auxquelles s'ajoute celle de Samuel Honrubia. Tous ces joueurs sont blessés. Le samedi 12 mai, Montpellier s'incline en Bretagne. La deuxième défaite de la saison de cette équipe titrée et diminuée n'est pas une vraie surprise, pas plus que le score à la pause, alors que les Bretons, 8es, jouaient leur maintien. L'Equipe, le 26/09

J’ai l’intime conviction que ce n’est pas un match arrangé. On n’est pas sur un fonctionnement OM-VA comme je l’ai entendu. Il n’y a aucun intérêt pour aucune des deux équipes à truquer ce match pour modifier le résultat et il n’y a aucune preuve, ni aucune démarche évidente, qui montre qu’il y a eu trucage de match. Et ça jusqu’au bout j’en suis convaincu. Là où il y a une erreur c’est que la Française des Jeux a mis une cote qui ne correspondait pas à la valeur du match. On savait très bien avant ce match que Cesson avait toutes les chances de s’imposer. Ils avaient mis les formes, en jouant dans leur grande salle avec un public nombreux, ils jouaient leur fin de saison et le maintien alors que Montpellier était touché par un nombre de blessés incalculable, qu’ils étaient déjà champions, que leur dernier objectif, finir le championnat invaincus, était déjà perdu car ils avaient perdu la semaine précédente à Nîmes, donc pour eux il n’y avait plus aucun enjeu. Tous les spécialistes du handball savaient que Cesson avait vraiment une grande chance de réaliser le coup. Parce qu’en handball, les différences de niveau technique, tactique se font plus sentir qu’en foot par exemple, mais quand il y a un niveau d’engagement et d’implication aussi différent entre deux équipes, le résultat n’est plus le même. Le hand est comme le rugby, on va à la guerre, donc si on y va sans motivation, on peut vite s’endormir sur ses lauriers et se faire surprendre. Donc concernant le fonctionnement et les valeurs du handball, je n’ai aucun doute. La Française Des Jeux a été prise à son propre piège. (…) S’il y a eu faute, il s’agit d’une belle connerie de petits jeunes et que ça leur serve de leçon. Frédéric Brindelle commentateur handball sur Canal+, le 02/10.

Un match truqué ? Pour les spécialistes du handball, rien dans la rencontre entre Cesson Sévigné et Montpellier, le 12 mai dernier, n'avait de quoi susciter le soupçon. Et si l'ampleur inhabituelle des paris n'avait mis la puce à l'oreille de la Française des Jeux, jamais sans doute ce match n'aurait fait de vagues. Sur le papier pourtant, entre les deux équipes, la rencontre pouvait sembler déjà jouée. D'un côté Montpellier, déjà champion de France, et ce pour la 13e fois en 15 saisons, à la suite de la défaite de Chambéry SH contre le HBC Nantes, le 3 mai. De l'autre, Cesson, dramatiquement en manque de victoire (aucun match remporté depuis le 2 mars) et qui luttait pour éviter la relégation. C'est pourtant bien Cesson qui devait s'imposer, devant 4.000 personnes au Liberté, salle de spectacle rennaise, au soir du 12 mai... Une victoire acquise dans la sueur et la douleur : la modeste équipe de Cesson n'avait pas démérité face à l'ogre montpelliérain. Et c'était surtout cette performance qui avait été soulignée, au soir du match, par les commentateurs sportifs. Une rencontre très disputée Dès lors, entre une équipe décidée à se battre pour son maintien, et un champion de France privé de ses stars, la victoire n'avait pas surpris les spécialistes. Même s'il ne s'agissait que de la deuxième défaite de la saison pour Montpellier. Certes, Cesson avait dominé de bout en bout. Mais le score était resté serré tout au long de la rencontre : il était de 15-12 à la mi-temps en faveur de Cesson, et le match s'était achevé sur une courte victoire 31-28. Entretemps, les Héraultais avaient tenté de réagir à la 40e minute - le moment du match où ils choisissent généralement de "passer à la vitesse supérieure" lorsqu'ils sont en difficulté, soulignaient certains commentateurs - et ils avaient repris brièvement l'avantage. Suscitant aussitôt une réaction de Cesson qui était revenu au score. Au final, une rencontre très disputée, à l'issue de laquelle Benoît Doré, joueur de Cesson-Rennes et auteur de 6 buts, pouvait se féliciter d'une "bonne première mi-temps" face au champion de France, se payant même le luxe de faire la moue en commentant : "même si on a raté quelques occasions pour arriver à la pause avec une plus grande avance..." LCI, le 01/10.

Si l'existence de paris frauduleux sur le match Cesson-Sevigné-Montpellier du 12 mai dernier est désormais avérée et reconnue par plusieurs joueurs placés en garde à vue, il s'agit désormais de savoir si l'équipe héraultaise a laissé filer le match pour être menée à la mi-temps. Sur les dix joueurs interpellés par la police dans cette affaire, seuls cinq ont disputé le match à Cesson, le 12 mai dernier : Mickaël Robin, Primoz Prost, Wissem Hmam, Issam Tej et Dragan Gajic.. Pour Robin, longtemps blessé la saison dernière mais qui a disputé l'intégralité de la première période, l'écart est peu significatif (28,6% d'arrêts sur ce match contre 31,1% de moyenne sur la saison). Les statistiques des trois joueurs de champ sont, elles, dans la norme voire meilleures que leur moyenne de la saison. Hmam avait réussi 1 tir sur 2 et perdu aucune balle (sur la saison : 1,3 but par match à 53% de réussite). Tej, qui tournait à 77,8% aux tirs durant la saison, avait signé un 6/8 (soit 75% et donc dans sa norme) et n'avait perdu aucune balle. Gajic avait, lui, rendu une copie encore plus propre : auteur d'un 7/9 aux tirs (soit 77,7%), il a été au-dessus de sa moyenne (71,3%). L'Equipe, le 02/10.

 

Interview de Sébastien Devaur :

Vous avez disputé ce fameux match entre Cesson et Montpellier. Avez-vous soupçonné quoi que soit ? " De l'intérieur, non. Le contexte était particulier et il faut en tenir compte. Montpellier était diminué par plusieurs absences et était déjà titré. Nous, on voulait bien finir la saison à domicile, d'autant que le match était délocalisé pour la première fois à Rennes, dans une salle de 4.000 places. On s'était mis en tête que c'était le moment ou jamais de battre Montpellier. On l'a fait, en réussissant un super-match. Je n'ai pas le sentiment que notre adversaire l'ait lâché."

Avez-vous le sentiment que cela minimise votre performance ? "Dans les médias, aujourd'hui, on nous fait passer pour des brêles, une équipe de bas de tableau qui n'a gagné que parce que Montpellier l'a souhaité. Or, Cesson a été sixième une bonne partie de la saison, ce n'est arrivé pas par hasard (10e au final). On a gagné à Dunkerque et perdu d'un but face à Chambéry chez nous, et personne n'en parle."

Vous n'avez donc rien remarqué dans le comportement des Montpelliérains ? "Rien ne m'a mis la puce à l'oreille. On a joué à 200 %. Eux, je ne sais pas, je pense que oui. Il y avait des jeunes, peut-être que certains cadres n'ont pas tout donné, une semaine après le titre de champion et trois semaines après une défaite à Nîmes qui mettait fin à leur objectif d'invincibilité sur la saison. Mais ils n'ont pas tiré volontairement à côté ou laissé rentrer nos buts, c'est sûr. Le match était engagé, comme à chaque fois face à Montpellier."

D'autant que la banalisation de la défaite n'est pas un principe dans ce club qui gagne tout depuis près de vingt ans ? "Ce n'est pas dans les habitudes de la maison, c'est sûr. D'ailleurs, Patrice Canayer (l'entraîneur) est abattu par cette affaire. Ce soir-là, j'ai parlé avec certains joueurs, ils ne m'ont rien dit ou rien laissé entendre. On m'aurait dit alors qu'ils avaient fait exprès de perdre, même qu'à la mi-temps parce qu'ils avaient parié là-dessus, je ne l'aurais pas cru."

Vous êtes de la classe de Samuel Honrubia, dont le nom a été cité par certains médias. Il s'est défendu de toute implication ? "C'est un ami, je l'ai eu au téléphone deux jours avant le match, il ne m'a pas conseillé de miser mes économies sur notre victoire ! On a discuté normalement de tout et du rien, et même du match. Comme d'habitude, comme lorsqu'on était au centre de formation."

 

Plusieurs commentaires s'imposent :

Tout le monde dit que les paris portaient sur la défaite de Montpellier ; si j'ai bien compris, ils portaient plutôt sur le fait que Cesson mènerait à la mi-temps. Ce n'est pas exactement la même chose…

Comment peut-on reprocher à Karabatic et consort d'avoir laissé filer le match (pratique quasi-systématique lors des championnats, en fin de saison, lorsque le classement est acquis) ; ils n'étaient même pas sur le terrain !

Mais que s'est-il passé mercredi dernier, lors de la seconde journée de Ligue des Champions, où nos 2 équipes phares étaient engagées, le PSG qui concentre tous les projecteurs, et Montpellier, champion en titre :

Foot - Ligue des Champions - PSG : Bagarre à Porto. A quelques heures du match de Ligue des champions du Paris-SG à Porto, la ville portugaise a été le théâtre mercredi matin d'une bagarre impliquant des supporters parisiens qui a fait six blessés, dont deux plus grièvement atteints que les autres, selon une source policière citée par l'AFP. Selon le Parisien, cette bagarre a mis aux prises des supporters des anciennes tribunes Auteuil et Boulogne du Parc des Princes, mais aussi des Portugais. Ils se sont affrontés à coups de barres de fer et couteaux de boucher. A priori, il y a d'abord eu une prise de bec entre ex-membres d'Auteuil et de Boulogne causée par une méprise d'appartenance à un groupe et ensuite plusieurs Portugais, peut-être politisés, auraient déboulé. Les blessés parisiens seraient la conséquence d'affrontement avec ces derniers, a indiqué une source policière.

 

René Girard s'est encore tristement distingué sur la pelouse de Schalke 04 ce mercredi (2-2). Excédé par l'arbitrage qu'il jugeait très défavorable pour son équipe, l'entraîneur montpelliérain a craqué en fin de match, allant même jusqu'à adresser un doigt d'honneur au banc de touche allemand.

Belle image de l’entraineur de l’équipe championne de France, sur la scène européenne !!

Ces deux événements, dont on n'a absolument pas entendu parler dans les médias, me paraissent être d'une autre gravité que les paris débiles des nanas des joueurs du MAHB qui voulaient s'offrir une robe… Si l'on compare au délire médiatique que soulève le match incriminé… Je ne suis pas sûr que ceci s'explique uniquement par le fait que presque chaque match de foot est le théâtre de telles scènes …

Que penser des 12 policiers déployés dans les vestiaires du PSG, à l'issue du match pour emmener les joueurs comme de vulgaires malfrats, sous l'œil des caméras ? Une convocation n'aurait-elle pas été mieux adaptée ? Et il parait que l'on manque de policiers…

Je suppose que cet évènement ne doit pas déplaire au monde du foot dans son ensemble qui commence à trouver que le handball lui fait beaucoup d'ombre !

Comprenons nous bien, je ne suis pas en train de blanchir ce qui s'est passé lors de ce match. Si les faits sont avérés (ce n'est toujours pas le cas à l'instant où j'écris ces lignes), il est bien évident que cela est inacceptable ; ainsi que cela a pu être dit par ailleurs, il s'agit d'actes de pieds-nickelés, de jeunes cons qui ont fait une énorme erreur (lequel d'entre nous n'en a point fait ?). Mais il faut raison garder, et hiérarchiser les choses comme elles le méritent.

Jusqu'à plus ample informé, je garde ma confiance au handball, qui nous a déjà tant montré et apporté, et continuera de le faire, j'en suis convaincu. Inutile de préciser qu'en contrepartie, je continue de ressentir un profond mépris pour la planète foot, et ce ne sont pas les événements de ce mercredi qui vont me faire changer d'avis…


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