Le Stade de France : terre promise du Paris Saint-Germain ?

par Nathanael Faibis
samedi 13 mars 2010

Les graves problèmes de sécurité auxquels fait face le club parisien doivent forcer les dirigeants à reconsidérer la possibilité de délocaliser le club au Stade de France. Un déménagement qui pourrait bien changer la face d’un club déchue…

 En 1998, la direction du Paris Saint-Germain prit la décision de refuser le tout nouveau Stade de France pour rester au Parc des Princes. Ce choix semblait alors raisonnablement motivé : attachement des supporters au stade historique du club, un prix très élevé demandé par les propriétaires du SDF et la crainte d’une surcapacité (le SDF contient 80 000 places contre 40 000 pour le parc des princes). Pourtant, un peu plus de dix ans plus tard, le club de la capitale doit faire face à un bilan catastrophique que ce soit sur les plans sportifs, financiers ou humains. Le flamboyant club des années 90 porté par l’ambition de son principal actionnaire, Canal Plus, est devenu en moins d’une décennie un club se débattant dans le ventre mou du championnat, criblé de dettes, rongé par la violence et la bêtise de certains de ses supporters, raillé par la France entière et détenu par un actionnaire ( Colony Capital) lorgnant plus sur son « capital immobilier » que son potentiel sportif et commercial.

 Délocaliser pour des raisons de sécurité

C’est dans cette atmosphère délétère et suite aux évènements tragiques suivant PSG-OM que France Football a relancé tout récemment l’idée d’une relocalisation du PSG au Stade de France pour des raisons de sécurité. Quiconque connait les abords des deux stades en sera convaincu : la plaine Saint-Denis est bien mieux conçu que la Porte de Saint-Cloud en terme de gestion des foules et de sécurité. Vaste, aérée, bien délimitées, la Plaine Saint-Denis permet une intervention rapide et efficace des forces de l’ordre alors que le dédale de rues sombres du sud du XVIème arrondissement peut vite devenir incontrôlables pour les pouvoirs publics. Cependant, au-delà de la question primordiale de la sécurité, le Stade de France pose également la question du changement de cap nécessaire du club en termes sportif, marketing et d’image. Paradoxalement, c’est au moment où le club semble au plus bas que ce grand stade pourrait être une véritable bouffée d’air frais pour une institution qui en a bien besoin.

 Un nouveau stade pour faire peau neuve

  Un club de football est inévitablement associé à ses supporters. Ceux-ci représentent, à raison, l’âme d’une équipe aux yeux de l’opinion publique. Si les supporters donnent une image relativement positive à des clubs comme Lens, Saint-Etienne ou encore Marseille, les franges extrêmes des Kop Boulogne et Auteuil associent inexorablement les expressions « violence », « bêtise » et « extrême-droite » au club de la capitale pour les français. Ils ne représentent pourtant, malgré tout ce que l’on peut dire, qu’une minorité au sein des supporters parisiens dont je fais parti. Quoiqu’il en soit, le mal est fait. Aux yeux des franciliens et des français, le Parc des Princes est un coupe-gorge et les supporters parisiens seraient pour la plupart des attardés mentaux. Depuis quelques années, les familles ont déserté le Parc des Princes et on craint désormais de se déclarer supporter du PSG en société.

 Le PSG doit regagner une respectabilité. Ce n’est plus une option pour le club de la capitale, c’est une nécessité. Pourquoi le Stade de France permettrait au PSG de faire peau neuve ? Tout d’abord car le Stade de France attire un public très différent du Parc des Princes. Il suffit d’aller voir un match de l’équipe de France ou une finale de coupe où joue le PSG pour s’en convaincre, le SDF attire un public bien plus familial et mixte que le Parc des Princes. La raison ? Le Stade de France n’a pas l’image délétère du stade de la Porte d’Auteuil et préserve une image conviviale que le Parc des Princes, malgré toutes ses qualités, a perdue depuis longtemps.

 Le SDF aurait également l’avantage de faire perdre aux kops le pouvoir qu’ils détiennent actuellement. Le Parc des Princes est aujourd’hui leur fief. C’est en partie pour cette raison qu’ils y si attachés. Dans un nouvel environnement, dans un stade deux fois plus grand, éparpillés ou contenus dans des espaces bien délimités, ils perdraient inévitablement de leur influence permettant du même coup au club d’y être moins associé. Redorer l’image du club passerait également par une campagne de communication allant à l’encontre des campagnes désastreuses des années précédentes. Dans celles-ci, les joueurs sont systématiquement présentés comme des guerriers fiers et agressifs renforçant ainsi involontairement l’idée négative que beaucoup de franciliens se font du club. Bien que le marketing des clubs sportifs soient presque au niveau 0 en Europe, un minimum d’effort pourrait être fait pour redonner au club une image un tant soit peu conviviale et sympathique en associant par exemple les joueurs à des supporters connus et appréciés des franciliens comme Patrick Bruel, Enrico Macias ou encore Omar et Fred. 

Rendre le Paris Saint-Germain accessible aux franciliens

Problématique rarement posée, la question de l’accès au Parc des Princes apparait pourtant comme un point essentiel de l’éloignement du club avec les habitants. Aller au Parc des Princes un soir de match lorsque l’on habite en banlieue relève du parcours du combattant. Le stade se trouve en effet au bout de la peu pratique ligne 9 et n’est desservi par aucun RER. Bondé les soirs de match, revenir du Parc en métro est un véritable calvaire. Mais cela est loin d’être mieux si vous avez la chance de vous déplacer en voiture. Les places de parking sont denrées rares autour du Parc et sortir peut parfois prendre plus d’une heure si vous avez le malheur de vous être garé aux étages inférieurs. Bref, mis à part les habitants de l’Ouest parisien, l’expérience « Paris Saint-Germain » débute et finit par un enfer en termes de transport, transformant le stade historique du club en une sorte d’ilot que seuls les supporters les plus motivés peuvent atteindre.

Le Stade de France, au contraire, est desservi par les RER B et D et la ligne de métro 13 et est facilement accessible depuis le nœud de transport de la région parisienne, la station Chatelet. A cela il faut ajouter un bon accès routier et de bonnes infrastructures de parking. Pour que le PSG redevienne le club de la région parisienne et non plus d’une bande d’excités, il semble important de le rendre accessible à la majorité des franciliens.

 Rendre les matchs du PSG plus attractifs

Le Stade de France est une expérience en lui-même. L’attrait du stade explique en grande partie le succès des évènements sportifs qui s’y déroule. Le club de rugby du Stade français qui arrive difficilement à attirer 10 000 personnes pour des affiches européennes au modeste stade Jean Bouin est capable de remplir le Stade de France pour des affiches aussi peu alléchantes que Stade Français-Biarritz. De même, Lille, en difficulté pour déplacer les foules à Villeneuve d’Ascq a pu rassembler 80 000 personnes face à Lyon. Ce stade est beau, impressionnant. Faire la ola ou voir des milliers de drapeaux s’y agiter est une expérience inoubliable même pour les supporters les plus aguerris.

En plus de sa difficulté d’accès, le Parc des Princes pêche par un manque flagrant d’infrastructure pour accueillir les supporters avant et après le match. Un McDonald, Quelques bars trustés par les habitués et quelques kebabs pris d’assaut par les supporters affamés, voilà tout ce qu’a à offrir le club de la région la plus riche d’Europe à ses supporters. La comparaison avec le SDF est édifiante : Cinémas, centres commerciaux, pléthores de fast food et points de vente ambulants : le SDF offre une véritable ambiance de kermesse avant et après les matchs.

En déménageant, au Stade de France, le PSG améliorerait sans commune mesure la qualité du produit qu’il proposerait autour des matchs.

 Améliorer les résultats grâce à une atmosphère plus saine

 Au football, comme dans la plupart des sports, jouer à domicile est habituellement un véritable avantage. Au PSG, au contraire, l’atmosphère malsaine entretenue par certains supporters impacte négativement la performance des joueurs. Presque chaque saison, un cercle vicieux se met en place, les mauvais résultats rendent les supporters agressifs ce qui fragilise les joueurs et aggrave le manque de résultat. Le « syndrome du parc des princes » a pris ses formes les plus extrêmes durant les saisons 2006-2007 et 2007-2008 où le club finit respectivement 3ème et 8ème du championnat sur les matchs à l’extérieur et 18ème et 17ème sur les matchs à domicile. Voir un joueur parisien tétanisé de peur de se faire conspuer par le public est devenu malheureusement un évènement d’une banalité déconcertante Porte d’Auteuil. A l’évidence, si l’atmosphère était plus saine autour du club, les résultats pourraient être meilleurs.

 Rapprocher le club des franciliens, retrouver une ambition européenne

 S’installer dans le sixième stade le plus grand d’Europe (et à coup sur un des plus beaux) n’est pas un acte anodin. Il redonnerait immédiatement au Paris Saint-Germain une aura sur la scène nationale et européenne. L’évènement médiatique que cela constituerait donnerait la possibilité au club de se rendre attractif auprès des sponsors. De plus, comment un club résidant dans une des villes les plus attractives du monde et jouant dans un stade de classe internationale ne pourrait pas attirer de très bons joueurs ? Le potentiel d’attractivité commerciale et sportive du seul club de la région parisienne est énorme.

 Pourtant, le principal atout du Stade de France est peut-être tout simplement symbolique. L’éloignement de Paris avec sa banlieue pour des raisons de planification urbanistique ratée, de transport et de tensions sociales est tel qu’il est évident que cette relocalisation du XVIème arrondissement vers la Seine Saint-Denis aurait un énorme impact émotionnel. Ce ne serait plus le « club de la capitale » mais le « club de la région parisienne ». Les amateurs de football franciliens n’attendent qu’une chose : qu’un club les représente. Le Stade de France pourrait bien être lieu rêvé pour que cet espoir se réalise.


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