Les athlètes d’aujourd’hui ne font-ils carrière que pour l’argent ?

par Jérôme Picard
samedi 22 novembre 2014

L'éthique dans le sport ? En voilà une belle utopie qu'il paraît bien difficile de défendre à l'heure actuelle. On connait déjà tous les ravages du sport business, du dopage à la corruption en passant par les paris sportifs illicites, et pour beaucoup, l'argent a désormais pris les commandes aux dépends de l'esprit sportif.

Mais qu'en est-il des sportifs justement, ses athlètes compétitifs guidés par la passion et une recherche permanente de la performance, ses athlètes, modèles d'abnégation et de persévérance capable de faire déplacer les foules ! Ne seraient-ils vraiment motivés que par l'argent ? 

Dans une interview donnée en marge du Doha Goals Forum organisé par Richard Attias, l'ex champion Olympique britannique Linford Christie déclarait que la nouvelle génération d'athlètes avait, selon lui, des priorités différentes des siennes qui limiteraient leurs succès. "Les jeunes athlètes sont pourtant assez rapides et costauds, mais ils ne durent pas assez longtemps. Ils font de la compétition pour l'argent en jeu. J'en faisais parce que j'aimais ça ! Ils veulent avoir la belle vie, mais aujourd'hui, vous ne pouvez pas. Si vous voulez rencontrer le succès en athlétisme, il faut le vivre 24h/24", ajoutait l'ancien sprinter.

Il serait difficile de lui donner tort. Les logiques purement mercantiles ou commerciales sont de plus en plus fréquentes et le sport business a en effet remis en cause de manière progressive et insidieuse les principes et les valeurs qui poussent aujourd'hui un athlète à se surpasser. Et je ne parle pas ici forcement des récompenses ou des salaires qui, à part dans quelques disciplines très populaires comme le football, le tennis ou le basket-ball, ne sont jamais mirobolants. 

L'athlétisme par exemple est loin d'être le sport le plus lucratif et ses meilleurs représentants arrivent encore loin derrière les footballeurs, basketteurs ou tennismen en matière de salaire. Toutefois, les revenus liés aux contrats de sponsoring et aux participations aux meeting en motivent plus d'un, qui en oublieraient presque après quoi il pouvait bien courir auparavant. 

Dans ce cadre, si le sport se veut être pour l'avenir, comme évoqué lors de ce forum, un exemple pour tous et "un moyen de progrès social et de développement économique", il devra nécessairement être réformé en profondeur. Le sport business comme il est perçu et pratiqué aujourd'hui est antinomique avec les objectifs de développement associés à la pratique sportive et corrompt de trop nombreux athlètes. 

Le sport est pourtant porteur de valeurs et, à ce titre, il doit être préservé de la corruption, de la tricherie, et du dopage. Heureusement, une grande majorité des sportifs (bien souvent les amateurs ou les moins populaires) s’adonnent encore à leur sport favori en prônant les valeurs essentielles que sont le fair-play, le respect de soi et de l’autre, le refus de tout produit dopant, l’acceptation des différences, la solidarité et l’esprit d’équipe. Car l'éthique sportive se vit d’abord comme une affaire personnelle, la conduite de chacun relevant de sa conscience individuelle.


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