Les inconnues de Cape Town

par actu
mercredi 9 juin 2010

« On se réfugie dans ce qu’on ignore. On s’y cache de ce qu’on sait. L’inconnu est l’espoir de l’espoir » (Paul Valéry). À regarder le dernier match amical de l’équipe de France, une question m’a traversé l’esprit. Pandore est-elle grecque ou sud-africaine ? Ne s’est-elle pas réincarnée sous la forme de l’histrion Raymond Domenech ?

 On en conviendra, à la sortie de trois matchs amicaux face à des équipes dont la faiblesse n’avait d’égal que la nonchalance de Nicolas Anelka, le diagnostic est clair : l’équipe de France est atteinte de tous les maux.

Tour à tour, en conférence de presse cette semaine, les joueurs ont prêché autour du même thème : espérance. D’aucun dirait que la boîte qu’a ouverte Raymond Domenech il y a 6 ans déjà ne contient plus que cela. Que le peuple Bleu se rassure, les joueurs croient en eux !

Voyez comme nous sommes attachés aux mythes ! 

Il nous faudra sans doute une mystique plus forte que l’astrologie de Raymond Domenech pour croire en cette équipe. Non, le football n’est pas rationnel. Sinon, il serait difficile pour l’équipe de France de croire à un succès face à la 16ème équipe au classement FIFA quand on vient de perdre contre une version édulcorée de la Chine, 84ème. Pourtant les joueurs assurent qu’ils seront prêts pour leur premier match. Les matchs amicaux – compte tenu de la faiblesse des équipes choisies – ne permettaient pas de tirer d’enseignements. Ils n’ont pas rempli leur seule fonction : enchaîner trois victoires.

Avant ce premier match on ne sait rien.

Les entraînements à huis clos ne laisseront pas filtrer la composition de Vendredi. Raymond Domenech va-t-il encore une fois changer de système la veille d’une compétition internationale ?

L’inconnue porte également sur les forces en présence dans cette équipe et son niveau. Le quotidien l’Equipe qui s’en tient à la jurisprudence Jacquet n’est pas le journal le plus alarmiste, vous en conviendrez. Pourtant, en parcourant le bilan des satisfactions à la suite des trois matches amicaux le voyant n’était au vert que pour Abou Diaby. Paradoxe, il y avait aussi marqué « non noté » pour ce joueur n’ayant joué que des bribes de match. Le quotidien déployait ensuite une incroyable diversité dans sa palette de couleurs pour classer les autres joueurs entre le jaune clair et le rouge sombre. Sidney Govou – proche des tons bordeaux dans cette classification – promet une grande Coupe du Monde.

Cet évènement galvanise et transcende les joueurs, certes, mais nul ne peut dire à quel point tant le match contre la Chine avait des faux-semblants avec un sketch des Inconnus.

Le plus inquiétant c’est certainement que la principale inconnue est notre adversaire.

Pour une fois, l’Uruguay arrive avec un collectif supérieur à celui de la France. Les deux équipes sont conscientes de l’importance du premier match et il n’est pas à exclure que l’Uruguay ferme le jeu et se contente d’un match nul. Malheureusement on ne sait pas si la France est assez solide en défense pour ne pas encaisser de buts et jouer un score nul et vierge. Pas plus que ses prestations ne sont une gageure d’une fluidité offensive. L’attaque française est sclérosée. Dès lors, jouer le « 1-1 » paraît difficile.

Si près du premier match, les interrogations vont bon train. Quels joueurs ? A quels postes ? Quel système ? Quel niveau physique ? Quel état d’esprit de l’adversaire ? Ces derniers jours, Raymond Domenech, dont on connaît les qualités sur le tapis vert, paraît jouer au poker menteur.

Ajoutons encore une inconnue à l’équation.

Puisque Rama Yade nous a proposé, hier, de résoudre un problème de mathématiques. Vaut-il mieux payer 500 euros par nuit pendant une semaine ou 300 euros par nuit pendant un mois ? Madame la secrétaire d’Etat, un peu d’indulgence avec les dirigeants de la Fédération Française de Football. Ils n’ont qu’une seule semaine pour visiter un pays tous les quatre ans. Pourquoi se priver de quelques folies ?

Nous aussi les observateurs, nous sommes dans l’inconnu.

Par peur de regarder la vérité en face ? Raymond Domenech, en dépit de ses relations difficiles avec les transalpins, devrait méditer ces vers extraits d’Odes Navales du poète et nationaliste Italien Gabriele d’Annunzio.

« Il n’est jamais trop tard pour sonder l’inconnu, il n’est jamais trop tard pour aller au-delà ». Il n’y a qu’une seule certitude à laquelle se raccrocher. Le 11 juin au soir, les masques tomberont.

A.Tarascon

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