Les jeux Olympiques de Pékin auront-ils lieu ?

par Francois de la Chevalerie
jeudi 24 janvier 2008

Cette question fera frémir tous ceux qui guettent avec impatience l’événement. A commencer par le peuple chinois qui attend avec fierté ce moment largement mérité après trois décennies d’efforts et de sacrifices. Depuis 2001, les jeux Olympiques s’imposent dans le calendrier économique chinois. Toutes les occasions sont bonnes pour rappeler qu’ils illustreront la puissance retrouvée de l’empire du milieu. Tout à cette ambition, les derniers travaux s’achèvent, déjà les derniers préparatifs.

Rares sont ceux qui imaginent l’impensable. Balayés par la guerre (1916, 1940 et 1944) ou simplement boudés (1980), l’annulation des Jeux ne serait pas une première. De tout temps, les manifestations sportives sont victimes des aléas de la situation internationale comme en témoigne la brutale décision concernant le Paris-Dakar. Des risques existent-ils aujourd’hui à tel point qu’ils puissent contrarier la tenue des Jeux ?

Si l’affaire coréenne semble s’être détendue, l’arrière-cour de la Chine est une véritable poudrière. Guerres en Afghanistan et en Irak, instabilité au Pakistan et au Liban, sort des Palestiniens, etc. Cette situation n’est pas nouvelle, mais les fragiles équilibres paraissent suspendus à l’avènement d’un drame. Si survenait une frappe américaine en Iran, quelles seront les conséquences ? Malgré le danger, la diplomatie chinoise s’emploie mollement au Moyen-Orient, à l’affût de contrats plutôt que force de paix. Certes privilège-t-elle la voie de la négociation avec Téhéran, mais sans véritable engagement comme si l’embrasement éventuel du golfe Persique ne la concernait pas directement. Pourtant, la propagation des périls pourrait s’étendre à son territoire. Travaillée par un sentiment de colère, la minorité musulmane des Ouïgours n’a pas toujours été insensible à l’action violente comme en témoigne les attentats commis à Beijing en 1997.

A cet élément, s’ajoute un croissant malaise américain. Longtemps cantonnée au Tibet, la question chinoise est désormais sur toutes les lèvres, celles du consommateur américain, celles des candidats à l’élection présidentielle. Complainte entendue ! Les Chinois disposent de 1 500 milliards de dollars d’avoirs aux Etats-Unis, acquièrent des participations dans de prestigieuses banques, déversent sans fin leurs produits sans pour autant réellement dévaluer le yuan. Blessés dans leur orgueil, certains théorisent une réponse. Si la situation économique se dégradait aux Etats-Unis, les vibrations populistes pourraient renforcer le clan des activistes. Quel serait l’artifice, le tour de passe-passe ? Quoi de mieux que chahuter un agenda par trop attendu !

A ces pistes, s’ajoute la structure géologique de la Chine marquée par une forte instabilité. Associée à la plaque eurasienne, la plaque du Chang Jiang bouscule la région de Beijing. Déjà le séisme de 1976 a fait 250 000 victimes dans les villes de Tianjin et de Tangshan. Couplé avec une sur-exploitation de terres, le bétonnage massif de la région accroît la fragilité des sols. Comme en Chine les séismes sont légion, l’hypothèse d’une cassure terrestre n’est pas invraisemblable. Densément peuplée, la Chine du Nord est peu préparée à l’éventualité d’une catastrophe naturelle. Si d’aventure se produisait un tremblement de terre de forte magnitude, les Jeux pourront-ils avoir lieu dans les conditions de sécurité requises ?

Nul ne peut prédire l’avenir, mais les incertitudes en ce début d’année sur l’état de la Terre légitiment des interrogations, du moins, des portes de sortie.


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