OM-PSG : la guéguerre de Saint-Denis a bien eu lieu...

par LM
mercredi 3 mai 2006

...dans les vestiaires, à la mi-temps. Ce que relate L’Equipe dans son édition d’hier, avec dans les rôles principaux Mendy, Armand, Pagis, et surtout monsieur José Anigo.

Parce que le football est souvent une affaire de coups bas, il fallait bien qu’il en pleuve quelques-uns à la mi-temps du plus célèbre d’entre tous les matchs de l’hexagone, j’ai nommé OM-PSG de samedi soir, en finale de la Coupe, qui plus est. L’avant-match s’était plutôt bien passé, seulement une trentaine d’interpellations au sortir de maigres échauffourées. L’avant-avant-match s’était même très bien passé, avec une trêve presque pascale entre les deux présidents Diouf et Blayau, qui se serraient la main, le sourire forcé, qui échangeaient les maillots et en venaient même à jurer leurs grands dieux qu’il n’y avait jamais vraiment eu de rivalité entre les deux clubs.

Messieurs Diouf et Blayau n’inventent d’ailleurs là rien, puisque deux journalistes étaient venus en 2004 déjà étayer cette thèse, Daniel Riolo et Jean-François Peres, qui, dans un livre intitulé PSG-OM, les meilleurs ennemis, enquête sur une rivalité, montraient preuves à l’appui que la mayonnaise avait été montée par les deux présidents d’alors, eux, de vrais aigles, Tapie d’un côté et Denisot de l’autre, qui souhaitaient offrir au championnat un vrai duel saignant, une sorte de Milan-Inter français, de Barça- Real hexagonal, de Rangers-Celtic... laïque. Un duel pourri, truffé de coups tordus et sans le moindre esprit sportif. Ce qu’on appelle « le match de l’année », à la télé. Et c’est la télévision, Canal+ bien sûr, qui tirera le plus parti de ce vrai faux antagonisme-là. Mais aujourd’hui, donc, fini Nanard et ses envolées lyriques, fini Di Meco et ses tacles à la gorge, aujourd’hui et toute la semaine dernière, avant l’affrontement en finale des deux prétendus rivaux, les présidents avaient décidé d’éteindre tout début d’incendie.

A carreaux, ils se tiendraient, à carreaux ils se sont tenus. Côté terrain, ça fait quelques années qu’on n’assiste plus à des bagarres de trottoirs entre les deux clubs. Le PSG vient assez régulièrement à bout de l’OM, qui n’a plus, depuis dix ans, d’équipe vraiment compétitive pour les premières places. Quand on compte dans ses rangs défensifs un jeune homme de l’envergure de Taiwo, on ne peut prétendre au mieux qu’à la médaille du perdant. Donc, vint samedi soir, la finale, la présentation au président Chirac des équipes, la Marseillaise, les chants dans les virages, l’erreur de Taiwo, le but de Kalou, l’énorme faute de Mendy, je résume, qui détruit Pagis dans la surface sans que l’arbitre ne siffle rien, et la mi-temps qui arrive sur ce score logique de 1 à 0 pour un PSG qui n’a pas eu à s’employer. Et puis... et puis le reste, c’est hors caméra, c’est dans les vestiaires et leur couloir, et c’est Sylvain Armand, défenseur parisien honnête, qui nous le raconte : « On savait qu’il ne fallait pas péter les plombs et finir le match à onze. On savait aussi qu’Anigo allait foutre le bordel et il l’a foutu à la mi-temps. » Ca, c’est du OM-PSG ! En fait, comme le raconte L’Equipe dans son édition d’hier, Bernard Mendy, l’inénarrable et très limité balle au pied défenseur parisien, a voulu prendre des nouvelles de Pagis qu’il avait blessé lors de l’action sus-citée, mais Pagis, vexé, agacé et surtout bien blessé (on parle même d’une rupture des ligaments croisés du genou) a envoyé balader Mendy. Du coup, ce dernier insulte le Marseillais, le ton monte, et José Anigo arrive sur ces entrefaits pour insulter à son tour Mendy.

Quand il faut en rajouter en matière de mots plutôt gros, Anigo n’est jamais très loin. Alors Yepes, Colombien hargneux mais doué, se joint à la messe et éructe à son tour quelques compliments à l’adresse des Marseillais. Bousculade, petite mêlée, mais tout, finalement, d’après Guy Lacombe (le coach parisien) rentre dans l’ordre, grâce à la volonté (toujours selon Lacombe) exprimée par les Parisiens « d’être ensemble contre des gens qui avaient envie de faire autre chose que du football. » Anigo, lui, a sa version, évidemment : « Il y a effectivement eu souci entre Mickaël et Mendy. Certains joueurs se sont un peu attrapés entre eux. Moi j’y suis allé pour les séparer. Yepes est alors arrivé et m’a mal parlé. Je l’ai envoyé sur les roses, et ça s’est arrêté là en ce qui me concerne. » Il nie donc avoir « foutu la merde » comme Armand le prétend. « Je suis surpris d’entendre Sylvain Armand raconter des choses comme celles-là. Je ne vois pas, d’ailleurs, comment il aurait fait pour me reconnaître. Quand il nous croise, Armand, il regarde ses pompes. » Du Anigo dans le texte. Le côté « il connaît pas Raoul » de l’OM. Le soupçon de poésie qu’il a toujours fallu, de tout temps, dans ce club hors norme.

Un club dont l’international gardien, Fabien Barthez, n’est pas allé chercher sa médaille de finaliste malheureux (oui, au fait, pour la petite histoire, l’OM a perdu 2 buts à 1, deuxième but de Dhorasso, monsieur un-but-par-saison), Barthez donc, privé de protocole, la faute à « une envie pressante », déclare-t-il à L’Equipe ! Là encore, une histoire à la marseillaise. Il y a eu aussi Ribéry, meilleur joueur français du championnat, pris à partie à son retour à Marseille par un « élément isolé », comme le qualifie le journal, qui l’a un peu chahuté, devant toute sa famille, beaux-parents et enfants compris... Mais « il ne faut pas créer de problèmes où il n’y en a pas », déclare Pape Diouf, au sujet de cet incident. Pape Diouf, le président du directoire des phrases toute faites. Des problèmes, peut-être pas, mais au moins des histories, des histoires à remplir le Vieux Port, des histoires à la PSG-OM, duel inventé ou non, mais qui reste un cas à part dans notre football, un instant si ce n’est magique, du moins souvent très peu ordinaire du calendrier. Vivement la saison prochaine !

Lilian Massoulier


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