Tour de France : Bardet, le coureur qui se moque de l’oreillette

par fatizo
lundi 25 juillet 2016

Le Tour 2016 s’achève ce dimanche, et tout comme lors des plus sombres années ou il était dominé par Armstrong et son armada, Froome et son équipe Sky ont écrasé cette grandeboucle dans un style qui n’a plus rien à voir avec le vélo que nous avons connu et aimé.

Comme il est triste de voir ces grandes étapes de Montagne totalement escamotées, ne débutant réellement que dans les 4 ou 5 kms de la dernière montée. Elle est si loin l’époque ou l’on attaquait à 2 ou 3 cols de l’arrivée, ou l’on prenait un maximum de risques dans les descentes pour creuser les écarts au général.

La victoire de Romain Bardet dans l’étape qui menait à Saint-Gervais Mont-Blanc devrait d’ailleurs interroger les décideurs sur les dérives de ce cyclisme moderne robotisé et sur un retour possible à un autre bien plus humain. Ce que lui et son directeur sportif ont déclaré à l’issue de cette étape peut paraître anodin, mais cela est essentiel pour que ce sport retrouve un peu de sa noblesse.

Voici la déclaration du coureur : « C’est le vélo à l’instinct, rien n’était prémédité. Avant la descente, Mika (Chérel) m’a dit « Suis-moi, on peut faire un gros coup », j’ai répondu « T’es mes yeux je prends ta roue je te fais confiance » » même si on nous disait le contraire dans l’oreillette ».

Quant au directeur sportif d’AG2R La Mondiale Julien Jurdie, il a dit : « On leur avait dit de prendre le minimum de risques. Ils ne nous ont pas écouté et ils ont eu raison de ne pas nous écouter. On avait tellement peur de cette chute et eux ils descendaient plein pétrole ».

A l’heure ou l’on voit tous ces coureurs avec leur oreillettes à l’écoute des directeurs sportifs, ne sachant ou et quand accélérer, qu’il est sain de voir des champions désobéir à leurs chefs et en tirer un avantage au classement.

Et enfin on avait du spectacle sur le Tour. Un Froome qui était obligé de prendre des risques, d’autres qui allaient craquer très vite dans la dernière montée, à cause, ou grâce, à cette prise de risques du coureur français.

Oui, on voit que le cyclisme peut redevenir spectaculaire pour peu que l’on y réfléchisse un minimum.

Pour redonner de la folie au Tour de France, à la compétition cycliste en générale, il serait nécessaire de supprimer les oreillettes et tous les paramètres dont bénéficient les coureurs afin de mieux gérer leurs efforts.

A se demander s’il ne faudrait pas aller plus loin en supprimant aussi les directeurs sportifs dans les courses, ne laissant sur la route que des voitures assistantes pour dépanner le coureur en cas de crevaison ou d’incident mécanique.

On verrait enfin de grandes courses avec de plus grands écarts à l’arrivée. La prise de risques des leaders deviendrait plus importante avec pour conséquence première bien plus de défaillances physiques.

Et qu’on ne me dise pas que cela obligerait le coureur à se doper. Il suffit de voir une seule formation mettre la main mise sur la course à l’image d’un Armstrong à son époque, ou des Sky aujourd’hui, pour comprendre qu’une telle domination de la part d’un seul groupe ne peut qu’être suspecte.

On a vu avec l’offensive de Cherel et Bardet que c’est lorsque les coureurs ne respectent plus les consignes frileuses des directeurs sportifs que la course devient plus passionnante et plus folle, que les champions font les plus gros écarts, que les adversaires ne savent plus trop comment se comporter. Enlevez-nous oreillettes et autres compteurs, limitez au maximum le rôle des directeurs sportifs, et nous aurons enfin de grandes étapes digne de celles qui ont fait l’histoire du Tour de France.

Alors Messieurs de l’U.C.I, on continue avec les robots et leurs gadgets ou l’on revient à un cyclisme à visage plus humain ?


Lire l'article complet, et les commentaires