Tour de France : et maintenant ?

par Pierrot29
jeudi 26 juillet 2007

Le Tour de France et le sport cycliste sont en danger. Mais la grande boucle va se terminer, le grand public et les médias risquent encore une fois de se désintéresser du « fléau dopage » jusqu’au départ du prochain Tour. En attendant de nouveaux scandales en 2008 ?

Sinkewitz, Rasmussen, Vinokourov, Moreni. La liste n’est bien sûr pas exhaustive. La tricherie continue de gangréner le milieu cycliste. Neuf ans après l’affaire Festina, on en est toujours au point mort. « Ce n’est plus des grandes réformes qu’il faut, c’est une révolution. » Tels ont été les propos de Christian Prud’homme après l’annonce du cas Vino. Ouf. Mais est-ce réellement le cas ? L’affaire Rasmussen a révélé les effets pervers de la guéguerre entre l’UCI et les trois grands Tours. Comment organiser une riposte de grande ampleur si les dirigeants du cyclisme sont incapables de tenir une politique homogène. C’est un premier point à régler.

L’UCI et son circuit Pro Tour instauré en 2005 doivent aussi définir ses objectifs. La crédibilité du cyclisme était au cinquième rang des objectifs de ce « révolutionnaire » Pro Tour. Edifiant. Son ancien président, Hein Verbruggen, toujours influant en coulisses, est très proche de l’équipe Rabobank, la formation de... Rasmussen. C’est le symbole des conflits d’intérêts trop nombreux dans le peloton. Autre problème.

Ces conflits d’intérêt n’auraient pas lieu d’être si des sommes d’argent de plus en plus grandes ne circulaient dans le milieu de la petite reine. Or, jamais autant d’argent n’a circulé depuis... 1998 et l’affaire Festina. Autre problème à régler.

L’affaire Festina avait mis jour un système de dopage généralisé au sein d’une équipe, système orchestré par Bruno Roussel. Les managers d’équipe jouent donc un rôle central dans l’organisation du dopage et/ou de la lutte antidopage. Jean René Bernaudeau déclarait que Rasmussen n’aurait jamais pris le départ du Tour dans sa formation. Tous les managers ne sont donc pas, là aussi, sur la même longueur d’onde. Nouveau hic.

L’association pour un cyclisme crédible créée par huit équipes sur le Tour, les six équipes françaises et les deux allemandes, va dans le bon sens. Ces équipes ont pour projet de mettre en place un système de suivi très poussé au sein même des équipes et de comparer leurs résultats. Or, deux de ces équipes, T Mobile et Cofidis, ont eu deux coureurs positifs sur ce Tour : Sinkewitz et Moreni. Dommage. Mais, si les médias, au lieu de s’extaser devant les exploits douteux (comme ils l’ont fait pendant sept ans pour Armstrong), commençaient une réelle politique d’information, le grand public comprendrait qu’il existe des dopages généralisés au sein des équipes (comme celui qui était sans doute en cours chez Astana) et des tricheurs isolés comme semblent l’être Sinkewitz et Moreni. Les médias, en narrant les exploits de juillet et en délaissant le cyclisme onze mois sur douze, portent donc aussi une part de responsabilité. Le public n’est ainsi pas informé du fait que beaucoup de coureurs tentent de faire leur métier correctement dans l’indifférence générale durant le reste de l’année et dans l’amalgame du « tous dopés » à l’époque du Tour. Autre problème.

Pour ces honnêtes gens du vélo, le système doit imploser, les verrous doivent sauter et les problèmes doivent être réglés. Maintenant.


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