Une histoire de mascottes. Première partie : de 1966 à 1984

par Peachy Carnehan
vendredi 30 avril 2010

Footix, Naranjito, Péno, Pique, les mascottes officielles des grandes compétitions de football ne sont pas toutes restées dans l’histoire. Première partie : de 1966 à 1984.

WILLIE : ANGLETERRE 1966

World Cup Willie, créé pour la coupe du monde 1966 en Angleterre, est la première mascotte de l’histoire des compétitions de football. Les concepteurs de World Cup Willie - WCW pour les intimes - ne se sont pas trop cassés la tête en le représentant en lion, symbole typique du Royaume-Uni. 
En complément, et pour éviter toute méprise sur sa nationalité, WCW portait sur le dos un maillot frappé des couleurs de l’Union Jack. Certainement pour éviter que les gens le confondent avec un polonais.

Anecdote débile : Le lion Willie a purgé une peine de dix ans de prison pour avoir dévoré le designer qui avait eu l’idée de faire de lui une mascotte ringarde.

JUANITO : MEXIQUE 1970

Gamin joufflu et à la panse pleine, portant un sombrero sur la tête, souriant et satisfait de son sort, Juanito ressemblait à tout sauf aux enfants mexicains tiermondisés de l’époque. La mascotte de la coupe du monde Mexico 70 succède au lion anglais Willie et restera l’un des rares "humains" customisé. Après les années 70 les conseillers marketing préféreront faire la part belle aux poulets, légumes, personnages de B.D. et autres monstruosités pour éviter tout rapprochement cruel avec le réel.

Anecdote débile : En 1978 Juanito passe illégalement la frontière des USA et s’installe en Floride. A Miami il se lie d’amitié avec un réfugié cubain répondant au nom de Tony Montana. Se mêlant à la pègre il se fâche avec les frères Diaz et meurt assassiné à la fin du film Scarface de Brian de Palma.

TIP & TAP : ALLEMAGNE 1974

Ces deux grands couillons à l’air jovial qui répondaient aux noms grotesques de Tip et Tap ont été créé pour la coupe du monde 1974 en RFA. A l’exception des spécialistes et des collectionneurs de mascottes on se demande bien qui peut encore se souvenir d’eux. Fallait-il voir dans ce duo comme un clin d’oeil aux deux Allemagnes désunifiées de l’époque ?

Anecdote débile : Tap, de son véritable nom Horst Tapper, est devenu célèbre dans les années 70 en incarnant à l’écran le rôle de l’inspecteur Derrick. Marcus Tip n’a pas supporté le retour à l’anonymat après la coupe du monde 1974 et a sombré dans l’alcool.

GAUCHITO  : ARGENTINE 1978

La mascotte de la coupe du monde 1978 avait beau s’appeler "Gauchito" il valait mieux être de droite en Argentine à cette époque. Peu avant l’épreuve, la dictature du général Videla a assassiné ou fait disparaître 30 000 personnes suspectées de ne pas être totalement convaincues par la politique de réformes de la junte militaire au pouvoir. Selon la légende le dessinateur de "Gauchito" était le neveu de Videla. Les Jeux Olympiques avaient Berlin 1936, la FIFA s’est payée Argentina 78.

Anecdote débile : Après la coupe du monde 1978 Gauchito a intégré les escadrons de la mort de Videla. Il purge une peine de 785 ans de prison dans un cachot de Buenos Aires pour crimes contre l’humanité.

PINOCCHIO : ITALIE 1980

Dans la lignée des mascottes pourries et déshumanisées qui ont contribué à faire grossir les stocks d’invendus de produits dérivés "Pinocchio, Euro 80" est la référence absolue. Le must. Affreux, raté, faisant peur aux enfants, sa simple évocation fait encore frémir d’effroi les amateurs de football. Pour les mauvaises langues il fallait voir dans le choix du personnage de Pinocchio un hommage métaphorique au football italien : faux, indigne, menteur et en bois.

Anecdote débile : La présentation au public de la mascotte "Pinocchio 80" a provoqué des scènes d’émeutes à Milan, Turin et Rome.

NARANJITO : ESPAGNE 1982

Naranjito est le premier végétal devenu mascotte officielle d’une compétition internationale de football. Pour promouvoir le Mundial Espana 82 un dessin animé lui a même été consacré : "Fútbol en acción", plus connu en France sous le titre de "Onze pour une coupe". Diffusé à l’époque sur FR3 le générique du programme était interprété par l’inénarrable Eric Charden. L’orange Naranjito y vivait des aventures avec d’autres fruits sur pattes avec comme mission de retrouver les vidéos volées des précédentes Coupe du Monde. Naranjito reste pour l’histoire la première mascotte à avoir fait gagner de l’argent à un comité d’organisation.

Anecdote débile : Fan de l’Île aux Enfants Naranjito tombe amoureux de Casimir en 1983. Ils se sont pacsés en 1999.

PÉNO : FRANCE 1984

C’est le papa de Footix et des "supporters" du Stade de France de 1998. Tout comme Naranjito deux ans plus tôt il fera gagner beaucoup d’argent au comité "Euro 84". Moins laid que ses prédécesseurs il souffrira néanmoins de railleries du fait de sa condition de poulet. Une fois passés les premiers matchs du championnat d’Europe la marionnette de Péno disparaît des stades et des écrans. L’époque n’étant pas encore au "tout dérivé" le type qui était "dans" la baudruche fut viré avant même la fin du premier tour de la compétition. On le recherche encore aujourd’hui.

Anecdote débile : Repéré par Gérard Bourgoin, président de l’AJ Auxerre et PDG des poulets Duc de Bourgogne, Péno s’est vu proposé un poste de consultant mais a terminé sa vie de mascotte dans l’assiette de Guy Roux.

A suivre...


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