Vuvuzhélas

par LM
jeudi 17 juin 2010

Le premier tour passé, force est de constater que dans cette coupe du monde, les gros n’ont pas trouvé leur vitesse de croisière. Ils ne sont que trois à ne pas avoir encaisser de but, dont la France, et l’Espagne a même poussé le vice jusqu’à perdre d’entrée. Une Coupe du Monde assourdissante et frileuse.

Il y a une semaine de ça, les Bleus étaient les derniers des pires. Un nul poussif face à l’Uruguay, des chambres d’hôtels très dispendieuses, une Secrétaire d’Etat aux Sports assassine, des tronches de quinze mètres aux entrainements, quelques bisous aux pauvres gosses des townships mais rien de très humain dans la bande à Raymond. Les Bleus étaient devenus les nuls de la Coupe du Monde. Depuis, pourtant, tout le monde a joué, et au niveau du football, pas grand monde a convaincu. L’Angleterre s’est ramassé face aux USA, en menant au score très tôt pourtant, l’Italie l’a joué à l’italienne, c’est à dire mal et avec du fion, les Pays Bas se sont imposés, certes, mais sans séduire, même sanction pour un Brésil balourd et fade qui n’a dû son salut qu’au manque de liberté de coréens du nord mal récompensés. Et que dire de l’Espagne, les rois des rois, immenses depuis des mois, champions d’Europe en titre, qui face aux suisses ont fait à peu près n’importe quoi, en tout cas tout ce qu’il fallait pour ne pas gagner. Iniesta sur une jambe, ça vous change un groupe, résultat victoire suisse et grosse honte pour les hommes de Puyol. Il n’y a guère que les allemands qui puissent se réjouir de leur premier match, même s’il faut nuancer l’érection de certains, parce que c’était l’Australie en face, pas l’Italie. Donc, au bout des ces premiers matchs et avant la victoire des Bleus ce soir face aux guerilleros mexicains, on peut affirmer sans crainte que cette Coupe du Monde est faible dans le jeu, serrée et tactique, promise aux défenses.
 
Ce qui est beaucoup moins grave évidemment que l’usage intempestif de ces trompettes à éléphant qui rendraient sourd n’importe quel prêtre abstinent d’Irlande. Ces Vuvuzelas qui nous fatiguent même derrière l’écran, même sur le canapé, une insulte au jeu, aux joueurs que ces instruments de torture, qui ont certainement leur place en pleine brousse mais pas dans une Coupe du Monde FIFA digne de ce nom. La FIFA, justement, n’ose pas les interdire, et c’est bien dommage. Ces trompettes muselées, enfin, on profiterait de l’ambiance, si ambiance il y a, des matches de cette épreuve hivernale. Au lieu de ça, on a la constante impression de se trouver au beau milieu d’un barrage de routiers ou d’une manifestation de syndicalistes Sud contre la réforme des retraites : c’est inaudible et fatigant, et il ne m’étonnerait guère que cela provoque de sérieux troubles (de l’érection ?) de l’audition chez les "pauvres" touristes qui ont payés leurs places. Honte aux africains, donc, d’investir les tribunes avec ces engins là, tue l’amour à mort, brouilleurs de plaisir qui vont nous gâcher ce début d’été. Mais, sans ces trompettes là, ne serait ce pas le vide des tribunes qui résonnerait alors ? Parce qu’enfin, à chaque match pratiquement, les mouvements de caméras révèlent souvent des rangées de siège vide. Peur de l’insécurité ? Déficit d’intérêt ? Effet de la crise ? En tout cas, cette Coupe du Monde là n’a pas l’air de faire recette. La FIFA claironne le contraire, mais qui croit encore la FIFA ?
 
Il faut interdire ces trompettes de la mort, immédiatement, ou en tout cas à partir des huitièmes, qu’on s’éclate enfin. Qu’on en offre une à Rama Yade, au moins quand elle souffle dedans, elle ne dit pas une contre vérité, c’est déjà ça. Rama qui devrait aussi rembourser les dizaines de milliers d’euros que coûte, selon le Canard Enchainé, son voyage et celui de ses collaborateurs en Afrique du Sud. Question de décence. Il faut interdire ces trompettes et demander simplement aux supporters africains et autres de juste regarder ce qui se passe sur le terrain en encourageant, si possible, leurs favoris. Redonner au football, puisque c’est de cela dont il s’agit, et non pas d’une kermesse locale, toute sa place, toute sa force, qui ne réside pas dans les milliards qu’il génère ou dépense, mais dans l’extraordinaire élan populaire qu’il suscite, au Cap comme à Antibes.
 
Une fois qu’on aura interdit les Vuvuzelas, qu’on sera donc revenu à la raison du plus fort (le plus fort est toujours celui qui paie) alors on pourra tranquillement savourer l’irrésistible ascension de la bande à Raymond, vers la finale promise et la deuxième étoile décrochée...un indécrottable optimisme que voilà : peut-être le premier effet secondaire des Vuvuzelas.

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