Wawrinka, l’anti-Gaulois

par Lionel Ladenburger
mardi 13 septembre 2016

Après l’Australian Open en 2014, puis Roland-Garros en 2015, le champion suisse de 31 ans a conquis dimanche le 3e titre de sa carrière en Grand Chelem aux dépends de Novak Djokovic (6-7, 6-4, 7-5, 6-3). Un extraordinaire scénario, encore totalement impensable il y a seulement 3 ans 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Stan Wawrinka a pris son temps. Tel un grand cru, le Bison des Alpes aura en effet suivi un lent processus de maturation pour atteindre son climax la trentaine venue. Lui qui semblait voué à ne jamais intégrer le gratin du tennis planétaire a, depuis 2014, effectué un formidable bond en avant. Le voilà désormais nanti de 3 trophées en Grand Chelem + une Coupe Davis et une médaille d’or olympique ! En somme, tout le contraire du « BIG French » auquel on promettait pourtant monts et merveilles : Tsonga, Gasquet, Simon et Monfils avaient en effet intégré le Top 10 mondial bien avant le Vaudois mais sans jamais connaître la moindre consécration majeure par la suite…

Par ailleurs, sacré dimanche à New-York après une bataille de quasi 4 heures face à Djokovic, Wawrinka est devenu le plus vieux champion du Grand Chelem américain depuis l’Australien Ken Rosewall en 1970. De surcroît, après l’Australie en 2014 (Djokovic, Berdych, Nadal), puis Roland en 2015 (Federer, Tsonga, Djokovic), Wawrinka a de nouveau signé un retentissant 3 à la suite. De fait, en disposant successivement des récents médaillés d’argent et de bronze olympiques, Del Potro et Nishikori, puis du N.1 mondial serbe, « Stanimal » s’est une nouvelle fois offert un titre aussi incontestable que mérité.

Un finale aux allures de remake de Roland-Garros 2015

Dans la lignée de leurs précédents affrontements en Grand Chelem, la finale opposant le Serbe et le Suisse a, une fois de plus, flirté avec les sommets du haut-niveau. Pourtant, l’entame de match en mode diesel du natif de Lausanne a un temps laissé songer que le combat n’aurait peut-être pas lieu. Rapidement mené 5-2, après 28 minutes de jeu, Stan a ensuite recollé au score pour finalement passé complètement à côté de son tie-break (1-7), abandonnant ainsi la 1ère manche au « Djoker ». Malgré la perte du set, le Suisse était enfin lancé. Retrouvant peu à peu sa (déjà légendaire) gifle de revers le long de la ligne (incontestablement le coup qui fait le plus de mal à Djoko), « Stan the Man » a livré un second acte digne de sa stratosphérique finale parisienne remportée en 2015 face au même adversaire.

Le match s’est ensuite rééquilibré dans la 3e manche, d’une intensité extrême, au cours de laquelle le N.3 mondial, souvent en danger sur sa mise en jeu (6 balles de break concédées), a fait montre d’une insolente efficacité en convertissant les 2 seules opportunités (dont la seconde sur balle de set) qu’il s’était procuré sur le service de Nolé. C’est incontestablement là que le match a définitivement basculé. Dans le 4e acte, l’ex-Yougoslave est en effet apparu beaucoup plus emprunté, multipliant par là même les fautes directes. Gêné par une ampoule au pied qui l’aura contraint à demander une double intervention médicale, le Belgradois a ensuite fini par céder sur la seconde balle de match du Suisse.

Jamais 2 sans 3, ou quand Wawrinka imite… Guga !

Si ce succès confirme que Wawrinka est bel et bien le joueur capable de poser le plus de problèmes à Djokovic, il a également doublement illustré la véracité du vieil adage « jamais 2 sans 3 ». De fait, après avoir déjà triomphé lors de ses 2 premières finales de Grand Chelem, « Waw » a en effet remis le couvert pour la 3e fois ce 11 septembre 2016. Pour Djokovic en revanche, cette défaite constitue aussi la 3e désillusion de rang en tournois majeurs après ses revers à Wimbledon (contre Querrey) ainsi qu’aux Jeux Olympiques (face à Del Potro) cet été.

Par ailleurs, par le biais de ce 1er majeur glané au Pays de l’Oncle Sam, Stan a confirmé qu’il était bien « Monsieur 100% » avec ce 3 sur 3 réalisé en autant de finales de Grand Chelem. Une performance que seul Gustavo Kuerten avait jusque-là réussie en remportant lui-aussi 3 titres majeurs en seulement 3 occasions, toutes disputées sur l’ocre de la Porte d’Auteuil. En outre, à l’instar du Brésilien qui avait sauvé une balle de match en 2001 (face à Michael Russell) avant de remporter le tournoi, le Romand a également dû effacé une balle de match à son encontre face au Britannique Evans au 3e tour ! On a donc assisté à l’occasion de cet US Open à un curieux mimétisme historique entre Wawrinka et Guga.

« King Stan » l’anti-Français : 11 finales remportées d’affilée !

Définitivement exceptionnel sur le plan mental, comme il aime à nous le rappeler en pointant son index sur la tempe après chaque point important, le Vaudois peut désormais se targuer d’une folle série (en cours) de 11 victoires consécutives en finales. Depuis fin 2013, le protégé de Magnus Norman est en effet tout simplement invincible dès lors qu’il franchit le stade des demies (voir tableau ci-dessous).

Cette stat’ absolument hallucinante prouve que, bien que francophone, l’Helvète incarne à lui seul l’antithèse même des tennismen français, quasi-systématiquement abonnés à la défaite quand ils arrivent tout près du but… Les deux exemples les plus criants de cet état de fait étant assurément celui de Gaël Monfils : 19 défaites en 25 finales, et surtout celui du malheureux Julien Benneteau : 10 finales, toutes perdues, un « record » du genre ! Ironie du sort, tandis que « King Stanislas » a été couronné lors de cet US Open 2016, la cuillère de bois (l’anti-trophée décerné au joueur qui s’incline au 1er tour face à un adversaire qui chute au 2e tour contre un autre, qui lui-même perd au 3e et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’épreuve) est revenue, quant à elle, à ce même Julien Benneteau. Tout un symbole.

Lionel Ladenburger

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