JO : le biathlon sauve la France de la bérézina

par Fergus
lundi 21 février 2022

Les Jeux Olympiques de Pékin terminés, voici venue l’heure du bilan. Et sur ce plan-là, force est de reconnaître qu’il n’y a pas lieu de se réjouir dans notre pays, loin s’en faut. Un grand merci toutefois à nos champions du biathlon : malgré le nombre dérisoire de licenciés que compte ce sport, ils ont fait le spectacle et, à eux seuls, rapporté la moitié des 14 médailles françaises...

Comme chacun sait, la France dispose, sur de grandes étendues, de massifs montagneux qui présentent des profils variés (Alpes, Jura, Massif central, Pyrénées, Vosges) et, même si cela tend à devenir moins vrai au fil du temps, l’on y trouve en général de bonnes conditions d’enneigement. Dès lors, notre pays peut compter sur des terrains parfaitement adaptés pour former, ici des skieurs alpins de haut niveau, là des fondeurs et des biathlètes capables de rivaliser avec les scandinaves, ailleurs des adeptes du saut sur grand et petit tremplin, ou bien encore des fondus de ski acrobatique. C’est d’autant plus vrai que ces massifs sont dotés d’infrastructures de qualité pour pratiquer ces sports en compétition. Qui plus est, la France dispose dans les régions concernées d’un important vivier de population naturellement tourné vers la pratique des sports d’hiver.

Moins séduisante est la réalité du côté des sports de glace. Malgré les efforts réels qui ont été accomplis depuis plusieurs décennies sur le territoire national, le nombre et la qualité des équipements restent insuffisants pour permettre à nos représentants de briller dans des disciplines comme le patinage – exception faite au plan artistique –, la luge, le bobsleigh ou le hockey (ne parlons même pas du curling). Inutile d’attendre de ces sports de glace des moissons de médailles olympiques. Et cela d’autant moins que, contrairement à nous, certains pays, s’appuyant sur leur tradition, sont particulièrement investis dans des domaines spécifiques très pourvoyeurs de breloques. C’est notamment le cas des Pays-Bas, de très loin la meilleure nation du monde en termes de patinage de vitesse, que ce soit sur grand anneau ou sur piste de short-track.

Cela posé, et quoi que puissent dire les autorités de notre pays (notamment les présidents des fédération concernées et la ministre Roxana Maracineanu) concernant les résultats des athlètes français aux JO de Pékin, le bilan est médiocre, pour ne pas dire mauvais. Encore est-il – comme aux JO de Pyeong Chang en 2018 – en grande partie sauvé du désastre par les remarquables performances des biathlètes auxquels on doit 7 des 14 médailles françaises ! Hors loisirs, ce sport réunit pourtant moins de 1000 athlètes en France, il est vrai bien pris en charge par l’armée et les douanes pour les meilleurs d’entre eux. Pour le reste, les trop nombreux échecs ne peuvent être masqués ni par les places d’honneur proches des podiums, ni par les blessures, les méformes ou le Covid, les autres nations en compétition ayant elles aussi peu ou prou subi des déboires de même nature.

Au final, c’est un tableau des médailles éloquent qui s’offre à nous. Tout en haut, la Norvège, nantie de... 37 médailles dont 16 en or pour une population de 5,4 millions d’habitants ! Avec son 10e rang derrière des nations comme la Suède, les Pays-Bas, l’Autriche et la Suisse, la France est clairement dans une situation indigne du statut auquel pourrait aspirer un pays disposant d’autant d’atouts naturels et d’infrastructures, mais aussi de formateurs et de techniciens dont la qualité est reconnue au plan international. À quoi tiennent donc ces échecs récurrents ? Clairement à un manque de moyens matériels et humains. Le prochain président de la République prendra-t-il des dispositions pour sortir les sports de neige et de glace de leur relative médiocrité ? C’est peu probable, et cela se comprend : entre l’état de la dette et la précarisation croissante de pans entiers de la population, il est évidemment des urgences plus grandes dont il n’est au demeurant pas sûr que le chef de l’État se saisira, hélas !


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