Au bord du volcan en activité, véritable antre de Vulcain
par salambo
jeudi 3 octobre 2013
Dernier récit de la série Voyage au bout de la Terre, une aventure en pays Afar là où la vie n'a pas changé depuis des millénaires et où les hommes vivent toujours selon leurs rudes traditions. Ce voyage se conclut par l'ascension du Mont Erta Ale, un des rares volcans en activité permanente que l'on puisse approcher de très près. Un dépaysement complet et des émotions très fortes.
Dès que le soleil eut disparu à l'horizon, nous nous préparâmes pour la montée vers le cratère. Pour éviter l'ascension en pleine chaleur, il faut monter de nuit, bivouaquer au bord du cratère et redescendre le lendemain matin. Notre guide loua sur place un chameau pour transporter nos affaires, ainsi que la nourriture, l'eau et les matelas de camping nécessaires une fois en-haut. La montée au crépuscule fait partie de l'aventure et est, elle aussi, chargée d'émotions qui ne font qu'aller crescendo. Eclairé par la faible lumière d'une torche d'appoint, notre guide Afar se positionna en éclaireur pour nous indiquer le chemin à prendre, un chemin rocailleux et sinueux. Nous ne le savions pas encore mais nous marchions sur de la lave durcie. A une ou deux reprises, nous dépassâmes des chameaux appartenant à d'autres groupes pressés d'arriver au sommet. L'ascension nous parut relativement aisée sauf pour notre amie Isabelle qui accusait la fatigue et commençait à nous demander où était ce "fucking volcano".
Alors que nous nous approchâmes du sommet, j'eus un moment d'émotion forte en distinguant soudain une lueur rougeoyante irradiant à travers un nuage de fumée. C'était le volcan Erta Ale qui commençait à se profiler à l'horizon. Un virage après, il avait disparu à nouveau, cependant je compris que nous étions très proche en apercevant des abris de pierre circulaires de type Afar où j'avais lu que nous devions passer la nuit. Ils étaient gardés par un groupe de soldats de l'Armée éthiopienne postés là-haut en permanence depuis l'attaque terroriste fatale contre des touristes en janvier 2012. Nous étions sur le point de continuer à marcher sur notre route lorsque notre guide nous fit bifurquer et descendre un chemin à pic. Surprise, je perdis tout sens de l'orientation l'espace d'un instant, ne sachant plus où j'allais ni où j'étais. En guise de reconnaissance, j' éclairai tout autour de moi et je compris alors que nous étions en train de traverser un ancien cratère éteint pour arriver au cratère en activité. Cette aventure était surréaliste, j'avais la sensation de vivre une scène de film inspirée d'un livre de Jules Verne. Rares sont de tels moments. Quelques minutes plus tard, nous atteignîmes le cratère actif : point culminant de notre voyage dans le Danakil. Jamais je n'avais imaginé que je pourrais être un jour aussi proche d'un volcan en activité.
Le lendemain matin au levé du jour, je m'aperçus que nous surplombions le vieux cratère et que nous avions dormi à quelques mètres à peine du bord ; une promenade nocture en pleine obscurité aurait pu être fatale. Sans prendre la peine de déjeuner, nous retournâmes au cratère actif pour le voir de jour cette fois. En route, j'eus la mauvaise surprise de remarquer les amats d'ordures et de déchets laissés par les touristes autour du camp : des bouteilles en plastique, des boites de conserve vide, du papier hygiénique, etc...accumulés là comme si notre planète n'était qu'une vaste poubelle à la disposition de tous. Cette fois nous étions seules, les autres visiteurs étaient déjà redescendus. Le spectacle était à nouveau différent : le tour du cratère se distinguait bien mieux, la lave en mouvement formait des fissures de feu mais ses éclats étaient moins enchanteurs à la lumière du jour. Nous aperçûmes cependant un troisième cratère, dormant celui-ci, dans lequel la lave durcie avait formé une cheminée d'où émanait encore du gaz. Un paysage dénué de vie, un paysage organique, lunaire, une planète méconnue, un autre monde. Les yeux imprimés d'images nouvelles, le coeur chargé d'émotions, nous reprîmes notre chemin pour retourner au pays des hommes.