Une aventure au fil de l’eau et du temps

par C’est Nabum
vendredi 5 avril 2013

Parcours virtuel du Musée de la Marine de Loire 

À contre courant

Soyez les bienvenus au musée de la marine de Loire. Fermez les yeux, abandonnez vos habits d'enfants du XXI° siècle. Vous allez vivre une aventure à contre courant de notre Loire et du temps qui passe. Mettez un chapeau et vous voilà mariniers ...

Vous n'aurez alors qu'à suivre les indications de votre animatrice. Elle sera tour à tour chacun des personnages que vous croiserez sur cet étrange chemin d'eau et de songes. Écoutez-les et profitez de ce beau parcours. Gare à celui ou bien à celle qui n'en fait qu'à sa tête, la Loire n'est pas rivière facile, elle peut vous jouer bien des tours. Restez ensemble, il ne vous arrivera rien de fâcheux.

« Bonjour joyeuse troupe marinière. Je suis un marchand du temps d'avant. J'ai besoin d'un équipage pour transporter une cargaison d'ardoises d'Angers jusqu'à Chateauneuf. Il me semble que vous pouvez faire l'affaire. Il vous faudra d'abord repérer l'itinéraire et ensuite trouver un bateau adapté à la mission que je viens de vous confier. À chaque étape, vous jetterez l'ancre que voici. Apprenez donc, pour l'heure à faire un joli nœud de chaise ! »

« Vous avez regardé la carte, d'Angers à Chateauneuf, il vous faudra remonter le courant. L'opération est délicate, la Loire a parfois grande force quand à d'autres moments, elle n'offre pas assez d'eau pour le passage de votre bateau. Regardez bien autour de vous et choisissez votre navire et l'équipement qui vous sera nécessaire ! »

« Je suis le coffre du marinier, la malle de tous ses secrets. Je l'accompagne partout où il se rend. Il ne me quitte jamais et quand il n'est pas sur l'eau, il me porte sur son dos. Il a gravé ses initiales sur ma façade et tout ce qu'il possède est enfoui dans ce maigre bagage. Prenez grand soin de moi et ne m'abandonnez pas tout au long de votre aventure ».

« Bonjour les mariniers. Je suis Ver-Vert le perroquet. Vous découvrirez peut-être mon histoire si vous croisez sur votre chemin un témoin de celle-ci. En attendant, vous avez une mission, me conduire jusqu'à Chateauneuf pour me confier ensuite à un autre navire qui m'emportera chez moi, à Nevers. Ne me perdez pas des yeux, je suis capable de vous jouer bien de vilains tours ! »

 

Lettre de mission :

Par la présente lettre de voyage, moi, Marchand d'ardoises à Angers confie grande et précieuse cargaison de mes plus belles productions à cet équipage qui doit l'acheminer sans encombre jusqu'au port de Chateauneuf sur Loire. Je mets à leur disposition douze ardoises pour les besoins du voyage et les éventuelles dépenses qu'il faudra consentir. Que Saint Nicolas les protège tout au long du parcours et qu'ils arrivent sans encombre au terme du voyage.

« Maintenant vous voilà vraiment mariniers. Il ne faut jamais perdre de temps quand les circonstances sont favorables. Regardez donc sur le faîte de votre mât. Comment se nomme cette étrange Girouette ? Elle semble vous indiquer que le vent est favorable. Ne tardez pas quand il souffle dans le dos, on largue la grand-voile carrée et l'on se hâte d'aller plus amont. Suivez-moi ! »

« Holà, messieurs les mariniers. Où croyez-vous aller ainsi sans prendre le temps ou bien la peine de nous saluer ? Voilà bien étranges manières que de passer le péage sans s'acquitter de son écot. Nous pouvons pardonner puisque vous semblez débuter dans le métier. Mais que cela ne se reproduise pas. À chaque péage sur la Loire, vous devez payer en soles ou bien en écus. Ici, vous serez taxés d'une seule ardoise à la condition que vous mettiez un genou à terre en ôtant votre chapeau ! Et qu'on n'en parle plus ! »

« Mais vous allez circulez, non de non ! Encore de ces seigneurs de l'eau qui se pensent tout permis ! Vous n'êtes pas seuls à vivre de la rivière. Moi que voilà, je suis le meunier du pont. Je vis au fil de l'eau tout comme vous et j'ai bien souvent à me plaindre des avaries que font vos pareils. Si vous voulez que je vous laisse passer sous l'arche, donnez-moi deux ardoises et vous serez quittes ! Comme je suis bon prince, voilà quelques grains pour ce drôle de perroquet ! »

« Holà du bateau ! Venez donc à mon secours. Je suis un pauvre marinier naufragé. Le métier est rude et la Loire bien traîtresse. Vous voyez là ce qu'il reste de notre lourd chargement. Un rocher à fleur d'eau, une avarie terrible et en moins de rien, notre beau chaland a coulé à pic. Toute la marchandise est perdue et me voilà trempé comme une soupe. Prenez-moi à votre bord pour me déposer à la prochaine taverne. J'ai grande envie de me réchauffer auprès d'une chopine ! »

« Messieurs, le service du roi pour votre plus grand déplaisir ! Nous, gabelous de sa très gracieuse majesté, nous vous demandons d'amarrer votre chaland et de nous permettre d'examiner votre cargaison. Sous le chargement il y a toujours quelques caches secrètes pour dissimuler du sel. Nous connaissons les grimaces des contrebandiers.

Ouvrez donc aussi ce coffre qu'on puisse y en examiner le contenu … Que vois-je ici en ce petit sachet ? Du sel qui sent fort le poisson ! Voilà bien modeste fraude, récupérer quelques grains de sel et risquer les galères pour à peine une livre, quelle folie ! Nous fermerons les yeux et vous détrousserons de quatre ardoises séance tenante ! Circulez et estimez-vous heureux d 'échapper à notre courroux. »

« Poursuivez votre chemin et regardez bien si rien ne vous évoque quelque chose. Regardez-bien. Et oui, il y a le petit-frère de votre perroquet. C'est l'occasion de vous poser un peu. La Loire manque d'eau. Vous allez faire une pause et écouter l'histoire extraordinaire de votre animal si bavard. Posez-vous dans ce coin ! »

 

+> Histoire de Ver-Vert

« Bonjour du bateau. Vous regardez j'en suis certain ma drôle de girouette. Pourquoi diable sur le toit de ma modeste maison ai-je mis un canon et un marinier ? C'est pour raconter mon histoire et celles de tant d'autre bateliers qui sont partis vivre l'aventure sur la grande mer Océane au secours de nos amis de Nouvelle Angleterre. Posez-vous donc à côté de moi. Si j'ai perdu dans l'aventure une jambe, je n'en garde pas moins la langue bien pendue !

Notre bon roi avait besoin d'enrôler des soldats pour aller guerroyer en Amérique pour soutenir leur volonté d'indépendance. Rien ne fait plus plaisir à un Français que de contrarier nos voisins Anglais. L'occasion était fort belle et c'est avec grande joie que les mariniers se virent réquisitionnés pour servir la Royale !

Les plus habiles capitaines étaient souvent placés à la manœuvre. Sur un trois mâts, il en faut du personnel et leur connaissance du vent et des voiles firent souvent merveille. Les autres, les gars comme moi furent mis aux canons. Les mauvaises langues, les médisants, prétendent que c'était une seconde nature chez nous. Il ne faut n'en rien croire. C'est pas le coude qu'il m'en coûta mais ma pauvre guibole et mon envie de retrouver la marine de Loire.

Me voici donc estropié à n'avoir d'autres ressources pour passer le temps et boire un verre de notre bon vin de Loire qu'à vous raconter des sornettes et ma triste histoire. Si La Fayette est sorti grandi de cette belle virée, moi j'ai perdu un membre et gagné une drôle de girouette. Le temps que je vous conte ma mésaventure, l'eau est remontée et je me dis de vous laisser filer. Que Dieu vous garde en bonne santé et qu'il maudisse les anglois ! »

« Eh les collègues, nous voilà pris par la nuit sans avoir le droit de naviguer plus avant. Nous sommes bien marris, point de taverne à des lieux à la ronde. Pour nous occuper et passer le temps en chansons et à boire, vous pourriez bien venir avec nous jouer quelques sous et vous distraire un peu.

Les mariniers sont des grands enfants, ils jouent tout du long du voyage à la toupie qu'ils façonnent de leur main ; ils sont tous habiles charpentiers, aux casse-têtes en bois qu'ils aiment à fabriquer, au palet et même aux cartes avec le jeu de l'alouette. Mais ce soir, c'est au T que nous allons parier quelques sous …

Vous avez perdu, il va falloir payer. Chez nous, une dette de jeu est une dette d'honneur. Nul gars ou bien fille qui va sur la Loire ne saurait trahir sa parole. Faute de pistoles ou bien de jolis écus, vous allez nous donner deux ardoises pour le paiement de votre défaite. Nous vous souhaitons bonne nuit et belle fin de voyage. Vous voilà plus légers, vous n'en irez que plus vite ! »

« Du bateau ! Mariniers à bord ? Où allez vous de si bon train ? Je devine qu'il y a bien quelques jours que vous êtes partis. Vous empestez comme des pourceaux. Je devine à votre girouet que vous allez jusqu'à Chateauneuf. Il ferait bon arriver en tel équipage ! Donnez moi vos frusques que je les lavois et pendant ce temps offrez-vous une partie de pêche avec l'ami Robert. Il vous en coûtera une ardoise et vous serez propres comme des sous neufs ! »

« Vous voilà fort coquets en caleçon au bord de l'eau. Je vous propose de venir à moi retirer les engins et ramener mes filets. La pêche est bonne à qui veut bien se donner la peine de connaître la bonne passe ou bien le poisson qui remonte la Loire en cette période de l'année. À chaque proie, sa maille différente et sa manière de pêcher.

Notre rivière est le paradis des pêcheurs. Nous avons eu l'anguille qui descendait puis la lamproie qui remontait le fleuve. Le saumon maintenant et l'alose ensuite viendront remplir nos assiettes et satisfaire nos palais. Le mulet finira la saison des migrateurs et en toute saison le brochet, la carpe et le barbillon feront notre quotidien. Partez donc avec ce joli saumon, il vous régalera j'en suis certain ! »

« Eh les amis, ne traînez pas ! Hâtez-vous donc de mettre à bord votre ami Ver-Vert, nous partons dans l'heure pour Nevers. Notre bateau à vapeur est la fierté du son équipage. Dernier-né des inexplosibles, il assure une liaison de Nantes jusqu'à Nevers. C'est bien plus rapide que votre Chaland qui attend toujours le vent. Nous remontons sans peine et descendons le fleuve avec moins d'eau que vous. Il en vous coûtera vos deux dernières ardoises !

C'est la fin de votre aventure de la marine de Loire. Vous avez passé les siècles et découvert les gens qui vivaient au bord de l'eau. Le train a mis tout le monde à terre. L'histoire était belle, il faut savoir la finir. Aimez la Loire comme tous ces gens l'aimèrent autrefois. C'est sans doute le plus beau des trésors de notre pays ligérien !

Ainsi finit votre parcours, ainsi commence ce qui devient histoire. La Marine de Loire et de tous ses affluents a connu des heures de gloire. Vous en avez vécu quelques épisodes. Puissiez-vous les retenir et en devenir à votre tour les porteurs de mémoire. Faites du bateau, promenez-vous au bord de la rivière, retrouvez les traces de cette belle histoire qu'il vous appartiendra à votre tour de transmettre …

Marchandement vôtre


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