Comment et jusqu’où dire « non » en famille ?
par JL ML
lundi 26 avril 2010
Peut-on être de gauche quand toute sa famille est à droite ? Ou catholique dans une famille de musulmans ? Sommes-nous contraints depuis notre plus tendre jeunesse à reproduire sans qu’on s’en rende compte le schéma familial ? Comment s’autonomiser, affirmer sa différence en famille ? La désobéissance au modèle parental, la transgression des règles explicites ou non-dites sont-elles nécessaires pour conserver sa liberté en tant qu’individu et citoyen ?

1. C’est un sujet d’actualité
France 2 a diffusé il y a quelques semaines un documentaire intitulé « Le Jeu de la mort ». Réactualisation de l’expérience de Milgram, l’idée était d’évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime, et d’analyser le processus de soumission à cette autorité. Cette expérience devait à l’origine expliquer le comportement des soldats nazis pendant la seconde guerre mondiale. Si elle convoque aussi d’autres problématiques, comme le pouvoir de la télévision sur les téléspectateurs, cette expérience pose la question de la désobéissance à une autorité en vertu de préoccupations morales.

Dans Ouvertures, le magazine en ligne qui est à l’origine de cette enquête, est évoqué le prix Harubuntu qui récompense des initiatives de personnes résidant sur le continent africain. En 2009, Jacqueline Uwimana s’est vue remettre un prix pour son projet : apprendre aux enfants à dire non à leurs parents. « L’adulte, l’autorité administrative, les parents, l’enseignant, les religieux... n’ont pas le monopole de la vérité et n’ont pas toujours raison », estime cette Rwandaise qui a formé plus de 40 000 enfants à une nouvelle façon de penser et de faire face aux sources de conflits.
Alors que la société nous éduque depuis le plus jeune âge à l’obéissance et à la soumission à l’ordre établi et aux autorités, l’idée que désobéir peut s’avérer utile, voire salutaire, émerge comme un moyen d’affirmer son individualité, de laisser parler sa conscience propre et d’aiguiser son esprit critique. Alors désobéir, sûrement, mais comment, dans quelles limites ?
2. C’est un sujet politiquement incorrect pour notre société
En dehors de cas historiques de désobéissance civile, comme les mouvements mis en place en Inde par Mahatma Gandhi au début du XXe siècle, par Martin Luther King en 1955 aux Etats-Unis, (fortement influencés par les théories d’Henry David Thoreau, philosophe américain du début du XIXe siècle et auteur de l’essai très controversé La Désobéissance civile) ou encore la résistance pendant l’occupation allemande, désobéir à l’autorité n’a pas bonne presse dans notre société.
Comment faire pour s’opposer à des valeurs que l’on n’estime pas justes ? Comment faire pour apprendre à un mineur à exercer cette liberté, alors qu’il n’a par définition pas atteint l’âge fixé par la loi pour jouir d’une pleine capacité civile et de la responsabilité pénale ?
Les fugues ou la rupture totale des relations avec sa famille sont-elles les seules réponses quand on se heurte à l’incompréhension et à l’imperméabilité de ses proches ? Faut-il au contraire tout faire pour conserver les liens, quitte à nier ses propres valeurs et modes de pensée ?
3. C’est un sujet profondément ancré dans la vie des internautes
Les internautes sont souvent des apôtres de la désobéissance. Les CD et les DVD sont trop chers ? On télécharge illégalement. On n’est pas d’accord avec un article en ligne sur un site d’information ? On le crie haut et fort sur les forums prévus à cet effet. L’internaute du XXIe siècle est désobéissant par nature.
C’est pour cela que nous sollicitons vos avis, vos commentaires, vos expériences.
- Pensez-vous que désobéir au modèle parental est nécessaire ? Utile ? Irrespectueux ?
- Comment peut-on affirmer sa différence, sa liberté de ne pas penser ou vivre comme on l’a appris, et conserver des bonnes relations avec ses proches ?
- Comment avez-vous affronté le désaccord avec vos proches ?
- Quelles sont les limites à la transgression des règles établies par les parents, et à plus forte raison par les autorités ?
- Comment s’affranchir de la tutelle familiale sans se soumettre à d’autres conditionnements (modes, médias, publicités, web, etc.) ?
- Dans une société de l’enfant roi, faut-il au contraire restaurer le respect de l’autorité familiale ? Comment ?
>> Facultatif : si vous le voulez, vous pouvez indiquer votre âge en début ou fin de votre commentaire. Cela enrichira la compréhension de votre message et sera utile pour l’exploitation de l’enquête.
Elodie Noël et Jean-Luc Martin-Lagardette
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>> Un grand merci à tous d’avoir participé à cette première phase de notre 5e enquête participative (EP). Beaucoup de très intéressantes contributions ont été postées que nous allons maintenant analyser. Nous organiserons la substance recueillie en tâchant de regrouper et de classer les idées similaires. Et nous tiendrons bien évidemment compte des remarques de certains sur la pertinence de l’angle qu’Elodie et moi avons choisi.
Cette synthèse fera l’objet d’un deuxième article qui comportera vraisemblablement un nouveau questionnaire destiné à affiner les perceptions mises en valeur à la suite du premier. Nous verrons aussi si des compléments d’enquête de notre part sont nécessaires.
Nous fermons donc les commentaires de ce premier article, en vous donnant rendez-vous courant mai pour le deuxième.
Cette synthèse fera l’objet d’un deuxième article qui comportera vraisemblablement un nouveau questionnaire destiné à affiner les perceptions mises en valeur à la suite du premier. Nous verrons aussi si des compléments d’enquête de notre part sont nécessaires.
Nous fermons donc les commentaires de ce premier article, en vous donnant rendez-vous courant mai pour le deuxième.