L’entretien

par C’est Nabum
jeudi 6 mars 2025

 

Tenir entre

 

Un entretien a agité la blogosphère, chacun y glissant ses espoirs, ses doutes, ses aversions ou ses craintes. Dans le contexte délétère de l'heure, prendre position pour l'un ou l'autre des protagonistes de cette tragédie risquerait fort d'entretenir une polémique d'autant plus stérile que nos opinions sont désormais que de peu d'importance dans un concert international qui tourne à un chant cacophonique repris au canon.

Entretenir le feu qui couve serait sans doute la plus acception pour ce dialogue qui a tourné au monologue. L'entre-lui mien convient davantage à ce tribun de l'égotisme qui ne considère personne comme son égal et qui aime à chanter à quiconque se trouve face à lui : « Je te tiens par la barbichette … ». Pour les commentateurs de cette farce, l'entre-soi tient lieu de grille de lecture tout en feignant de croire ou de prétendre qu'ils ont une quelconque influence sur la marche du Monde.

Jadis l'entretien faisait référence à un élément qui placé dans un ensemble, fixait le tout de manière cohérente un peu à la manière d'une clef de voûte. Fixer entre les belligérants les conditions de la paix était à priori le but de ce dialogue à couteaux tirés sans qu'il y ait en vérité le moindre but de proposer quelque chose qui tienne debout. Quand on marche sur la tête, les lois de la géométrie dans l'espace ne sont d'aucune utilité.

Passons donc à une autre facette de ce terme : tenir en bon état. Aurait-il été question d'entretenir la paix dans cette région ? J'ai comme un doute quand il s'agit plutôt pour le demi-maître du monde de flatter son homologue soviétique tout en ignorant le reste de l'humanité. Cet entretien-là tient essentiellement d'une entreprise de démolition générale sans doute pour entretenir les conditions de la guerre.

Car tel est là le véritable but de la séance : entretenir le climat belliqueux, maintenir la tête sous l'eau aux peuples qui ont goûté aux sirènes de la liberté et qui devront de gré et surtout de force se ranger de nouveau sous le joug de l'ogre russe tandis qu'un nouveau monstre hideux pointe sa face immonde de l'autre côté de l'Atlantique. Les deux tyrans entretiennent leurs muscles, roulent des épaules et sèment le chaos sous le regard impuissant des démocraties occidentales qui vont se donner corps et âmes à l'extrême droite pour contrebalancer ce nouvel ordre mondial.

Ce mot se dit aussi pour deux personnes qui entretiennent des sentiments. On peut douter de la quiétude des dits sentiments. Ils ne sont certes pas amicaux ni même bienveillants. Pas une once d'humanité chez le furieux à la crinière blonde, prêt à dévorer tous ceux qui se présentent sur son chemin. Tel un prédateur, il fait de tout interlocuteur potentiel, une proie sur laquelle il fond avec délectation.

Il se peut que le souci numéro un de cette entrevue était la volonté de ce triste sire de ne plus entretenir les frais de la guerre qui se déroule loin de son territoire. Ici, il est difficile de lui donner tort puisque la balle et le financement devraient être en toute logique chez ceux qui entretiennent des relations de proximité avec la nation agressée.

Le terme entretien est ici utilisé pour ce qui aurait dû être un dialogue, une situation duelle entre gens de bonne compagnie où deux interlocuteurs débattent en bonne intelligence, confèrent sur un sujet donné. Là on mesure immédiatement les impossibles qui sont induits par cette définition. La bonne intelligence suppose une capacité à réfléchir du point de vue de l'autre, ce qui est rigoureusement impossible chez celui qui entend mener le bal.

C'est donc une hydre belliqueuse et stupide qui tient entre ses mains le destin du monde occidental. Il convient de n'entretenir aucun espoir de ce côté-là et d'envisager plutôt que nous affrontons désormais une situation de guerre larvée. Chacun sait que les larves finissent toujours par grossir pour donner corps à des créatures qui peuvent s'avérer terrifiantes parfois. Finalement, il ne faut pas que j'entretienne mes illusions, je prends ici partie contre l'un des protagonistes sans savoir que penser de l'autre. Seul le premier m'obsède et me rend à son image : totalement fou.


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