Devînmes-nous Carthaginois ? (Le monde occidental est-il bien resté romain ?)

par Mervis Nocteau
mercredi 19 juin 2024

Allons bon : de base, les Puniques/Carthaginois menacèrent Rome, en lui faisant de l'ombre commerciale et militaire, en Méditerranée occidentale. Trois guerres, dites puniques par les Romains – et dans l'historiographie jusqu'à nos jours, – opposèrent le Nord et le Sud méditerranéens, c'est-à-dire la Péninsule Italique latine à la Grande Syrte punique (corne de l'actuelle Tunisie)...


Source de l'image : statue d'Asclepios, exposée au musée d'Epidaure (Grèce)
avec son fameux bâton enroulé d'un serpent, confondu depuis longtemps
avec la caducée d'Hermès...

 

Historique rapide

C'est un fait courant dans les milieux « néopaïens » celtisants et danisants (1) : encore et toujours honnir la Rome, comme si elle avait perduré jusqu'à nos jours... Pourtant il est un fait assez simple et remarquable : l'Empire Romain s'est fracturé, sous le coup de sa féodalisation germanique – elle-même sous le coup des fameux Huns...

À ce stade évidemment, c'est le christianisme, qui est invoqué. Le Vatican s'étant installé durant l'antique Rome, sur la Colline des Vates – littéralement : des Devins, – le christianisme aurait usurpé le pouvoir romain, tout en le reprenant à son compte. D'ailleurs les derniers empereurs, en dehors de Julien le Philosophe (sous l'angle polythéiste) ou l'Apostat (sous l'angle monothéiste) crurent que cette religion allait les sauver... !

Ensuite, « bien entendu », c'est Charlemagne et sa référence chrétienne à la Rome. Ce Franc christianisé, quelques siècles après Clovis, compenserait contre les Danes (2) ce qu'il n'avait pas su faire contre les Maures (3). Mais l'Empire Carolingien est surestimé : ce ne fut qu'un rêve de restauration romano-chrétienne vite oublié, à l'époque, et réactualisé à l'occasion des croisades (4)...

Ensuite, surprenamment, ce sont les territoire germains christianisés, qui réunirent leurs fiefs sous le nom de Saint Empire Romain Germanique. L'époque féodale était bien entamée, et la péninsule italique n'était plus qu'une fractale de Cités, de Républiques et de Principautés divisées... rien de bien romain, en somme.

À la Renaissance, plus étonnant encore, c'est la Russie tsariste, qui allait se comparer à la Nouvelle Rome – notamment, évidemment, sur la base de l'Empire Romain d'Orient, déchu après l'Empire Romain d'Occident...

Enfin, le dernier grand élan « romain » revient à la Colonisation, et la dispersion du christianisme dans le monde. Mais ce christianisme était déjà, aussi, post-romain, en dehors des colonisations anglosaxones, puisque la Réforme protestante avait eu lieu, et quoi que le style anglosaxon hérita du style latin.

Mais n'oublions pas le fascisme italien, avec son Duce, Benito Mussolini, qui parodia l'Antique Rome, après le républicanisme révolutionnaire français...

 

L'anti-romanisme

L'anti-romanisme relève des « néopaïens » celtisants et danisants (1) qui, à force de se plonger dans un revival mental surtout inspiré par Vercingétorix et *Erminaz (5) – mais n'oublions pas le lusitanien Viriathe, le belge Ambiorix ni la brittonique Bouddicca – finit par s'énerver contre le Devenir Historique.

Après tout, c'est vrai ! quand on se passionne pour une culture antique – même hellène ou romaine, – on regrette toujours un peu sa disparition. Mais d'autant plus, quand ces cultures n'ont pas écrit, relèvent dont de la Protohistoire plutôt que de l'Histoire, et ne peuvent se laisser approcher qu'aux prismes des écrits helléno-romains et chrétiens. On se dit alors que, décidément, « l'Histoire est écrite par les vainqueurs » (6)...

Là-dedans, il y en a même alors pour tisser le fil « d'un romanisme à travers les âges » en vu de décompenser, dans l'imaginaire historique, leur propre sentiments d'infériorités virant aux complexes tyranniques (7). Cet anti-romanisme tourne, comme le petit lait, au complotisme historien. Puisque, en effet, les complexes tyranniques ont besoin de s'inventer des supériorités passées, pour se défrustrer au présent, du Devenir Historique réel...

... Réel, c'est-à-dire mutant. Et mutant, sans auteur particulier, quoiqu'il y ait moult acteurs en présence, qui chacun joue sa partie, et dont les héritiers peuvent perpétuer, réorienter, disperser ou gâcher l'héritage. « Rien ne dure, sinon le Devenir » écrivit Héraclite... et néanmoins la tentation est grande, devant l'écriture du passé, d'imaginer un Grand Auteur Historique, un Trameur, un Fomenteur, un Directeur. Un... Dieu. Les Hébreux et derrière eux tous les juifs n'ont jamais arrêté avec ça, et ça s'appelle le prophétisme : l'interprétation synthétique du Devenir, sous le coup d'un animisme unitaire... Dieu écrivain, Dieu scribe, Dieu bafouilleur, Dieu greffier, Dieu graffeur...

Mieux que des « néopaïens » ridicules dans la veine – car fabulistes dans la démarche, – Pacôme Thiellement – en journaliste soucieux, – a recyclé leur marotte pour en faire le récit anti-romain (8). Prophétique...

 

Récits d'épouvante

Qu'est-ce que le prophétisme, le récit prophétique, sinon le précurseur des films d'épouvante ? Rien, évidemment : ma question était rhétorique. Car les Hommes aiment se faire peur, et les prophètes sont les premiers complotistes historiques, afin de conditionner le peuple juif, en interprétant – non pas quelques signes, mais – toute l'Histoire en leur (dé)faveur, sub specie aeternitatis (9). Les prophètes étaient là pour effrayer le peuple, en prétendant que les malheurs du peuple juif, lui venait de ses infidélités à son Grand Père Fouettard, « Israël, vile prostituée » (10).

Dans la bouche des prophètes, il s'agissait d'épouvanter le peuple, afin de le déconditionner du polythéisme et le conditionner, par le biais de l'hénothéisme (dédicace à un seul Dieu) vers le monothéisme (prétention à l'exclusivité divine)... où c'est drôle comme Jéhovah devint alors un Monstre, à fonctionner au bâton et à la carotte : ses fidèles, il les relève ; ses infidèles, il les avilie, voire les détruit. Bougre de Dieu... Car avant ce Dieu, aucun Dieu ni aucune Déesse n'avait été aussi mauvais(e) avec son peuple, quand même des Dieux & Déesses pouvaient s'avérer épouvantables parfois (11).

Or, selon certaines probabilités, le Dieu biblique ne serait autre que Moloch (12) et du moins, de telles suppositions sont-elles symptomatiques du climat prophétique : l'épouvante, à la racine hénothéiste – du monothéisme – dans le polythéisme...

 

Vers Carthage

Ce récit d'épouvante, nous conduit dans le monde phénicien... Les Phéniciens furent colonisés par les Hébreux en Canaan, où El est le Dieu suprême – racine de Elohim (sémitique pour puissance, élévation). El pouvait bien y être qualifié de Moloch, roi (12) et avait, çà et là, l'épiclèse – le surnom – de YHWH, Yahweh ou Yahvé (dans cet article rendu par Jéhovah).

Une fois colonisés par les Hébreux en Canaan, il ne restait plus de substantiel aux Phéniciens, que leurs territoires à l'Ouest de la Méditerranée, dans l'actuel Maghreb et en Ibérie – avec une aire d'influence, jusque que dans l'actuel Sud-Ouest français (13). Ces territoires sont dits Puniques, selon une évolution phonétique différente, depuis la racine hellène de Phénicien, Phoinikes (14).

Or, la capitale du monde Punique est Carthage. Voici donc, que nous nous rapprochons de la question titrant cet article : « Devînmes-nous Carthaginois ? (Le monde occidental est-il bien resté romain ?) »...

Allons bon : de base, les Puniques/Carthaginois menacèrent Rome, en lui faisant de l'ombre commerciale et militaire, en Méditerranée occidentale. Trois guerres, dites puniques par les Romains – et dans l'historiographie jusqu'à nos jours, – opposèrent le Nord et le Sud méditerranéens, c'est-à-dire la Péninsule Italique latine à la Grande Syrte punique (corne de l'actuelle Tunisie)...

La première guerre punique, eut essentiellement pour enjeu la possession de la Sicile, alors punico-hellène ; la seconde guerre punique, eut essentiellement pour enjeu les péninsules ibérique et italique, où Rome fut sévèrement menacée (sur son sol-même) par les armées puniques (15) ; la troisième guerre punique, consista surtout pour Rome, à éradiquer ce qui restait de Carthage, par crainte de l'avenir. Et l'on peut dire, que ce sont les guerres puniques, qui provoquèrent l'avènement de l'Empire, sous la République romaine encore, puisque les Hellènes – en plus des Ibères – s'allièrent aux Puniques : de quoi rendre les Romains suffisamment paranoïaques, à juste titre, pour s'illustrer dans diverses conquêtes.

In fine, Jules César, pro-consul en Gaule Narbonnaise, n'était rien de plus qu'un libidineux, avide de s'illustrer lui aussi ès conquêtes, et provoquant ainsi sa « guerre des Gaules »... parmi des clans celtes plus ou moins alliés, qui ne demandaient qu'à rester libres de commercer. De quoi froncer les moustaches de Vercingétorix (16)... passons (17).

Jusqu'ici, tout ne plaide plus si bien pour l'anti-romanisme, non ? Sans compter que Rome, avant d'adopter les récits mythiques des Hellènes colonisés, diposaient d'une religion originale, plus proche des Etrusques et des Ibères, néanmoins déjà doucement hellénisés. On y trouve les Dieux archaïques Saturne, époux de Lua, régnant en maîtres sur Jupiter, Mars et Quirinus, sans parler de la puissane occulte de Janus – avant que la triade capitoline ne devienne Jupiter, Junon et Minerve, que Lua soit oubliée, et que Saturne, Mars, Quirinus et Janus soient marginalisés...

 

L'anti-punicisme, plutôt que l'anti-romanisme

Ce qui advint par la suite de Rome – malgré ses conquêtes, malgré son devenir impérial, – plaide pour une singulière victoire de Carthage, une singulière victoire punique. Voilà pourquoi cet article, voudrait modestement réactiver, une forme d'anti-punicisme plutôt, en diminuant l'anti-romanisme (triste phénomène des milieux « néopaïens »). Et, ce, bien que mon régionalisme gascon ait hérité des Puniques, jusqu'en la langue basque (13) !

Comment y arriverai-je ? Ce n'est pas compliqué : il suffit de reprendre l'Historique rapide présenté, au départ. Car, dès le deuxième paragraphe, survint le christianisme, christianisme qui est religieusement le fils du père hébreu-juif... Oh bien sûr ! à l'époque, il n'y avait pas encore ce qu'on appelle – depuis le XXème siècle seulement – de judéo-christianisme (18). Non, à l'époque, il y avait un judaïsme messianique, martyrique et agitateur social, cause de troubles à l'ordre public.

Judaïsme messianique bientôt qualifié de chrétien par les Helléno-Romains, sur la base de l'hellène kristos pour oint (onction de l'huile royale de la fable des « rois mages », puis spirituellement symbolique). Mais nous voici dans l'ordre des symboles et des enjeux inter-historiques :

En messianisant l'Empire Romain, le christianisme – quoiqu'adapté par les Européens, à leurs besoins liturgiques et œcuméniques... – réintroduisait religieusement des éléments sémitiques à Rome, après les guerres puniques. Et la clef de voûte de ces éléments, est évidemment Moloch, Jéhovah, le Dieu exclusif, serait-il incarné en un vulgaire prêcheur entre les prêcheurs : Jésus (19). À partir de là, tout se tresse socioculturellement, comme si une Nouvelle Carthage était née : l'Eglise (puis, durant la féodalité : les Eglises schismatiques et réformées).

 

La Nouvelle Carthage

Insistons bien, évidemment, sur cette Nouvelle Carthage, qui n'a évidemment rien à voir avec la refondation de la Carthage punique après son éradication, à l'époque romaine. Nous sommes là, en pleine péninsule italique, avec le Vatican – et à travers toute l'Europe, avec les différents clergés orthodoxes et protestants – sur quelque chose de différent.

Même le christianisme celtique (avec ses affinités orthodoxes, et revendiqué d'un voyage de Joseph d'Arimathie en Irlande, occasionnant la légende du Graal – ainsi que, encore récemment, du féminin sacré, avec une putative lignée de Jésus et Marie-Madeleine...)... même le christianisme celtique, disais-je, est dans la veine – à peine alter-chrétien (20).

Car lisons ce que nous apprend Khaled Melliti (21) auteur de Carthage, histoire d'une métropole méditerranéenne (22) :

L'échec final de la Carthage punique à imposer son hégémonie politique en Méditerranée occidentale répond, en creux, à un double échec en politique intérieur : son incapacité, d'abord, à faire participer les populations assujetties à une plate-forme commune d'intérêts sociopolitiques et socio-économiques. Puis, le manque de conviction politique et militaire d'une oligarchie marchande développant une politique surtout soucieuse de la rentabilité économique de toute entreprise, quelle qu'elle soit.

Il y a là, manifestement, tout un symbole pour le monde occidental. Monde occidental que, pour ma part, je ne crois pas du tout dans « une dynamique de décadence romaine » mais, au contraire, dans « une apathie de réplétion carthaginoise » : le cyrénaïsme vulgaire – voire l'épicurisme – qui nous domine, en est le fleuron plutôt que l'échec (23). Et dans cette perspective, la Russie poutinienne appert, aux yeux occidentaux, ainsi qu'une Nouvelle Rome !

Cela dit, l'erreur d'attribution carthago-romaine n'est pas étonnante au regard contemporain... mais comment en arrive-t-on là, à travers les âges ?

 

 

Vers la Nouvelle Carthage

Dans le cadre d'un article, nous n'irons pas plus loin que l'Historique rapide... que nous avions laissé à la christianisation de l'Empire Romaine, à l'époque de sa féodalisation germanique. Féodalisation, d'abord vassale, puis souveraine, à force de signes de faiblesse italiques.

Tout d'abord, relevons l'objection : ce sont évidemment les chrétiens qui récrimineront le plus, devant cette énième « contre-histoire européenne » puisque, en effet, les Évangiles font bien dire à Jésus, qu'il faut choisir « entre Mammon et Dieu », Mammon (24) étant le Dieu de l'argent et Dieu, eh bien, le Dieu exclusif, en théorie miséricordieux... Or, que les chrétiens ne soient miséricordieux qu'en théorie, en dirait déjà assez long, par-devers quelques manœuvres de charité réussies, et par lesquelles l'Occident féodal s'est illustré.

Mais Mammon n'est pas attesté, en tant que Dieu antique. Chez les Puniques/Carthaginois, le Dieu du commerce était Melqart, « Hercule punique », fondateur de Tyr sur les côtes de l'actuel Liban – dont Carthage signifierait Nouvelle Ville, sous-entendu Nouvelle Tyr. Au titre de héros civilisateur, Melqart protégeait les marchands phéniciens & puniques, d'autant mieux que la civilisation phénico-punique est toute orientée vers le commerce maritime.

Pour l'anecdote, les Hébreux qui les colonisèrent en Phénicie, héritèrent de cette réputation d'avarice commerciale, à laquelle on les assignerait ! encore qu'ils profitèrent des comptoirs phéniciens & puniques en Méditerranée, pour créer des communautés déjà. Bon. D'une manière ou d'une autre, le Dieu exclusif – en plus de pouvoir se confondre avec Moloch – semble bien proche de Mammon, dès l'ère cananéenne primitive !

Alors, on me rappellera au biblique épisode, du culte du Veau d'Or (25)... et pourtant, l'or consacré à ce culte, est sorti du circuit marchand ! Tout comme tous les sacrifices matériels des Anciens, dans les sanctuaires ou dans les tombes. C'est-à-dire que le culte du Veau d'Or, contrairement à son interprétation classique, n'est pas un culte à Mammon, mais bien le contraire d'un culte à Mammon, puisqu'on rend ainsi le métal précieux inutilisable, en le consacrant : fallait-il tout interpréter à l'envers ?... Passons, l'essentiel étant que le Dieu exclusif, semble bien plus attiré par l'or que prévu, dès l'origine, malgré sa miséricorde affichée. Dit plus crûment : c'est un arnaqueur. Et, de l'or, il en faudrait bien sûr toujours à ce Dieu, pour asseoir le Vatican, et toutes les Eglises schismatiques et réformées.

L'Ancienne Rome n'était pas vénale. Non, elle n'était pas vénale, quoi que tout s'organisait à sa gloire et pour son confort. Mais c'était une gloire qui appelait mille dépenses, mille bravoures, et mille sacrifices à sa Déification (26) en plus de la Divinité de l'Empereur (27)... tandis que son confort, était l'auto-illusion des jeux du cirque – qui n'étaient pas la sainte cruauté qu'en ont dépeint les chrétiens, non plus (28).

Ainsi, quand Julien le Philosophe (sous l'angle polythéiste) ou l'Apostat (sous l'angle monothéiste) tenta de renouer avec le polythéisme après l'instauration du christianisme (29), il ne promettait pas de faire des économies à l'Empire. C'est bien plutôt l'austérité chrétienne, qui pouvait fonctionner comme une « politique d'austérité » telle qu'on nous en impose depuis des décennies, en vue de l'oligarchie transfrontière.

Une austérité qui s'impose d'en-haut, sans véritable pax romana intégrante. Oh, bien entendu, pour s'imposer là où elle escomptait s'imposer, la Rome a forcé l'intégration – pour ne pas dire brutalisé ! Mais elle a intégré. Aussi l'espoir qu'a pu représenter Charlemagne, de renouveau impérial, quelques siècles plus tard, sur la base de l'aristocratie franque qui tenait à ses domaines, ne fut en fin de comptes qu'une idéologie. Cela dit, cette idéologie chercha belle et bien à réaliser « une extension du domaine austère » tout en en garantissant la prospérité contre les essaims danes des vikings (1). Le clergé fit tout en ce sens, avant que la féodalité ne règne vraiment sur l'Europe. L'Empire Carolingien ne fut pas romain !

Les Germains féodalisés, sur cette base, ne purent jamais que jouer la comédie d'un « Saint Empire Romain Germanique ». Cela dit, les chevaliers teutoniques servirent bels & bien l'Eglise : l'idéologie avait pris et, comme on voit, elle lésina volontiers sur l'amour évangélique ! Encore que parmi les Germains, elle resta fractale et finit par se réformer ès protestantismes. Tout comme le punicisme est archipélique !

C'est donc la Russie tsariste qui, à la Renaissance, et sur la base du schisme orthodoxe antérieur, deviendrait belle & bien la Nouvelle Rome. Un rôle qu'elle semble manifestement avoir retrouvé avec Vladimir Poutine, après l'avoir invoqué puis galvaudé dans le communisme (30). Il s'agit d'instaurer une véritable pax russica néo-romaine, contre la pseudo-pax americana toujours prête à malmener ses inféodés à la manière punique !

Mais la Colonisation européenne occidentale du monde, et la dispersion idoine des christianismes catholique et protestants, n'est pas romaine : elle relève belle & bien d'une thalassocratie, d'une puissance de la mer, puissance océanique. Les parodies de républicanisme français et de fascisme italien – sans parler des autres totalitarismes – ne nous leurrerons pas...

Bref, la Colonisation européenne occidentale du monde est néo-punique, néo-carthaginoise et elle est désormais encore, quelque peu, post-coloniale... Pour combien de temps ?

 

Le Leurre nominal, irréel, imposé par le rejeté Ešmoun

Le leurre est de croire que parce que l'Eglise, initialement, est romaine, et que parce qu'elle continua de se dire apostolique et romaine, tandis que l'Occident cultivait l'ecclésiastisme... le leurre est de croire que le nom Rome perpétua la chose romaine. En fait : pas du tout.

La Rome, du moment qu'elle se christianisa, se déromanisa inexorablement. Alors, se déromanisant, elle se punicisa, se carthagina, du fait de la nouvelle piété, avant que la romanité ne réapparaisse avec Saint-Petersbourg, capitale fondée par le tsar Pierre le Grand, malgré l'art classique occidental, écho de la Rome antique après la Renaissance et son humanisme.

Enfin, il n'est symboliquement pas étonnant que nous fûmes leurrés. En effet, le Dieu tutélaire de la punique Carthage était Ešmoun (31). Or Ešmoun, c'est « l'Asclepios punique » : hellène Dieu de la médecine – à Carthage aussi conseiller politique.

Où les chrétiens et plus généralement les monothéistes, voudront encore y redire : le Serpent, c'est le Diable, c'est Sheïtan ! Le Rival de leur Dieu, l'Adversaire de leur Dieu...

Oui, selon la tradition théologique courante. Mais dès que l'on file vers l'hermétisme, on retrouve, de fil en aiguille, le Dieu tutélaire Ešmoun, soumis à El par la délégation de Ba'al Hamon, époux de Tanit. Tanit qui, en voulant courtiser un homme, suscita des craintes sacrées en lui, et décida de le déifier en Ešmoun, pour qu'il devienne son divin amant (32)...

... c'est-à-dire que le Serpent a toujours été l'Ombre de Dieu. Et quand on rejette l'honorabilité de sa sagesse il tourne, comme le petit lait, à la sournoiserie (au hasard : dans l'industrie pharmaceutique). Tout ce qu'il faut pour réussir dans le commerce – et la politique occidentale, commercialisée.

On ne remercie pas le monothéisme (33)...

 

Un anti-punicisme ?

Maintenant, soyons sérieux une seconde : l'anti-punicisme vaut-il mieux, que ce pour quoi je prétendais le remplacer, l'anti-romanisme ?

Il est possible de se redécider là, maintenant – sans ressentiment (34).

 

 

________________________

  1. Danisants, Danes : nordisants, germano-scandinavisants. À l'époque, on disait Dane comme on disait Germain ou Scandinave : sur la base de noms de clans et de régions généralisés à toute l'aire culturelle.

  2. Le sempiternellement rappelé massacre de Verden et l'abattage d'Irminsul.

  3. En Hispanie post-wisigothe islamisée... sachant, en outre, que ce sont des Vascons – descendants des Clans Aquitains liguro-ibères – qui décimèrent son arrière-garde dirigée par Roland, et non des Maures !

  4. Le ravivement de son souvenir, est nationaliste moderne, voire nazi.

  5. Vercingétorix et *Erminaz : Vercingétorix s'appela certainement d'un autre prénom, puisque ce titre signifie « vrai roi des guerriers » ; *Erminaz est la reconstitution proto-germanique du latin Arminius.

  6. Encore que ce soit un lieu commun, et que l'Histoire écrite par les vaincus ne vaut pas mieux.

  7. Il faut se renseigner, quant à la psychologie individudelle d'Alfred Adler.

  8. Pour la chaîne YouTube « Blast, le souffle de l'info » : De César a Macron, l'empire n'a jamais pris fin.

  9. Sub specie aeternitatis : « sous l'espèce de l'éternité = au regard du Dieu exclusif ».

  10. C'est, littéralement, la prose biblique, ou peu s'en faut. Par exemple chez Ezéchiel 16:30 : "Quelle faiblesse de cœur as-tu eu, dit le Seigneur Éternel, en faisant toutes ces actions de prostituée effrontée !" Jamais un Dieu ne fut plus castrateur, plus déprivant, plus siphonneur d'énergie. Et ainsi chez Ésaïe, Jérémie, Osée, dans l'Apocalypse, etc.

  11. Je veux dire, en dehors des Dieux & Déesses centre-américains, pour le coup vraiment assoiffés de sang... et encore ! Même ces Dieux & Déesses, n'ont pas de prétentions omniprésentes, omniscientes et omnipotentes.

  12. Wikipédia à cette heure : « Certains chercheurs établissent un lien entre Moloch et le dieu des Israélites, Jéhovah. Pour Klaas A.D. Smelik, Moloch est une invention de la période perse, pour masquer le fait que le culte de Jéhovah pratiqué dans le royaume de Juda, ait pu inclure des sacrifices d'enfants. Selon Thomas Römer, derrière Moloch, « interprétation tendancieuse » effectuée lors de la vocalisation du texte hébraïque entre le IVe et le Ve siècle, se cache le vocable Melek, c’est-à-dire le roi, une désignation de Jéhovah. Il est en effet possible que l'on ait sacrifié des enfants à Jéohvah, ces sacrifices étant par la suite attribués à Moloch. Cette pratique disparaît à partir du vie – Ve siècle av. J.-C. et ce tournant trouve son illustration dans le récit du sacrifice d'Isaac. »

  13. Pour en savoir plus, consultez le groupe Aquitaine-Occitanie antique : ligure > ibère > romaine > wisigothe. Les dialectes basques descendent des dialectes aquitaniens/vasconiens, eux-mêmes variétés dialectales des dialectes ibères... dialectes ibères issus des langues chamito-sémitiques, dont ressortent les dialectes puniques, berbères, phéniciens et proto-égyptiens.

  14. Les Phéniciens/Puniques ne s'appelaient peut-être pas eux-mêmes ainsi. Phoinikes, pourrait désigner la couleur basanée de leur peau.

  15. Les fameux éléphants d'Hannibal, en fait quasiment tous morts dans les Alpes, en hiver. À savoir que des clans celtes de l'actuel Sud-Est français, se rallièrent volontiers aux Puniques en plus des mercenaires celtes de l'armée africaine, pour piller la péninsule italique.

  16. En fait, les Celtes se rasaient et prenaient très soin d'eux, sous leurs atours à carreaux et leurs équipements, dont les armées romaines s'inspireraient, de même qu'elles profiteraient des viae celticae déjà en place, pas du tout inventées par les Romains ès viae romanae.

  17. Quant à Astérix et Arthur, relativisons...

  18. Lire 1. Aux sources juives de l'antisémitisme et suites (2, 3, 4) sous AgoraVox.

  19. Fréquentant prostituées, assassins et sectaires, et ayant un homonyme en Jésus Barabbas, littéralement fils du père, il est tout à fait probable que le Jésus historique fut un rebelle, spiritualisé au moment de sa crucifixion... énième prêcheur entre les prêcheurs d'époque, littéralement venu « prêcher pour la maison d'Israël » et annonçant son retour pour « cette génération »... évidemment interprétée dans l'éternité par l'Eglise !

  20. Lire Nos mondes (néo)libéraux : des racines anciennes mais aussi occultes, ou la mode de l’Eternalisme d’Avalon sous AgoraVox, suite de Nos mondes (néo)libéraux : des racines anciennes mais aussi occultes, ou la mode de l’Hyperboréisme Essentiel.

  21. Historien, Khaled Melliti, auteur d'une remarquable thèse sur l'hellénisme dans la dynamique carthaginoise, est l’un des plus fins connaisseurs français, de la cité punique.

  22. Editions Perrin, coll. Tempus, p.617.

  23. Sur le cyrénaïsme, lire : Philosophies de vie antiques & modernes, telles que le stoïcisme et Nietzsche, avec un épilogue pour les « néopaïens » – et, sur l'épicurisme (en notes de bas de page) : Considérations sexuelles 2.

  24. Mammon : en hébreu trésor, argent ; en punique bénéfice.

  25. Lire : Veau d'or hier, idoles d'aujourd'hui : renouer l'Alliance avec Dieu.

  26. Roma est, en effet, une Déesse.

  27. Le Génie de l'Empereur était, en effet, divinisé.

  28. Lire : Les Romains sont-ils cruels ? Mythes et réalité des gladiateurs.

  29. Il mourut trop vite, pour y parvenir. Les chrétiens prophétisent « évidemment » un signe de leur Dieu exclusif...

  30. Le communisme, néanmoins, était une romanité, dans son genre, mais une romanité bureaucratique et réactionnaire, là où Rome était clientélique et missionnaire.

  31. Ešmoun : prononcez Eshmoun, avec sh comme le ich allemand – plus vélaire en bouche, que le ch palatal du français – comme le H proto-basque ! Quand on vous dit que le basque est une langue sémitique...

  32. Lire : Du punique Eshmoun au basque Sugaar Herensuge – et : Divins Désirs - où il n’est pas question du sexe des anges.

  33. Les musulmans, développés sur les territoires des antiques Phéniciens & Puniques, en sont caractériellement la parfaite expression : entre sagesse orientale et duplicité djihadique.

  34. Lire : Le Crépuscule de Nietzsche — à l’attention des « néopaïens », et pas que des « néopaïens »...

 


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