Au pays des Oies, le bonimenteur caquette encore…

par C’est Nabum
lundi 8 avril 2024

 

Un dîner conté.

 

Il est un petit village de Sologne qui connut son heure de gloire et de notoriété avec un certain Eugène Labiche qui acheta une propriété : le château de Launoy en 1853 puis en sera le premier magistrat durant dix ans de 1868 à 1878. Il devait son nom à la culture de la vigne, constituant la limite de cette culture qui ne pouvait se faire sur les terres ingrates de Sologne. La foire des oies y célèbre la découverte d'une fontaine miraculeuse en 1371 à une époque où les bienfaits des eaux souterraines remplaçaient l'insuffisance de la médecine de proximité. Je crains qu'il nous faille à nouveau nous jeter à l'eau.

Comme l'église de ce charmant bourg est dédié à Saint Martin, il n'en fallut pas plus pour alimenter l'imaginaire de votre serviteur d'autant que l'église possède un caquetoir magnifique qui invite au récit et à la rêverie. Il serait en effet des plus agréables que de raconter des sornettes en ce lieu et suppléer ainsi à la disparition des laveuses qui battaient le linge avec leur guéjeu dans le lavoir du Merdereau.

Le ruisseau au nom si curieux mérite quant à lui de recevoir la visite d'un conteur au bâton, qui loin d'être merdeux sera trempé allégrement dans les flots d'un homonyme d'un affluent de la Sarthe. Le monde ligérien est petit n'est-il pas ?

Pour l'heure, c'est un restaurant qui m'ouvre ses portes : le Souvignot pour un dîner aux accents du terroir avec la complicité de Delphine et Benjamin les tenanciers de cette bonne adresse et l'opiniâtreté de Norbert qui entend redonner vigueur et dynamisme au foyer rural. Avec l'aide des complices de Vitalité Rurale, il entend inviter les gens du pays à des événements culturels de proximité.

Je ne pouvais que répondre favorablement à cette volonté de croire encore à la faculté des gens à se bouger pour une animation à leur porte avec une tête d'affiche inconnue des télévisions et des grandes scènes qui ne sera pas annoncée par les médias locaux. C'est ainsi qu'ils font le pari du bouche à oreille et du désir de se retrouver entre voisins pour un petit moment sympathique.

J'ai déjà dans le passé tenté pareille expérience avec des résultats parfois forts différents. Je me souviens d'une soirée dans un autre restaurant qui venait de rouvrir après des années de fermeture. Si le public avait répondu présent, il n'y avait aucun habitant de ce village. Je ne fus pas surpris d'apprendre plus tard que l'expérience commerciale avait tourné court et que depuis longtemps le bourg n'avait plus de lieu de rencontre.

J'espère qu'il y en ira autrement en comptant sur mes amis pour faire savoir l'animation. Ce n'est certes pas l'évocation de ma présence qui attirera les foules : sur ce point je ne suis pas dupe d'autant plus que dans l'esprit de bien des gens le Conte n'est pas pour les adultes. La curiosité est souvent en berne quand il s'agit de se confronter à des propositions culturelles qui sortent des grands standards de l'heure avec des artistes reconnus.

J'invite donc ceux qui ont encore un peu d'esprit aventureux à venir se joindre à nous en cette soirée entre Loire et Sologne, gastronomie et facéties, convivialité et humour. Je vous promets de ne pas vous tenir le crachoir à plein temps, sachant ô combien il est agréable de se retrouver autour d'une bonne table pour deviser en toute cordialité.

Je ne serai qu'un entre-mets, un interlude aimable, un chtiot raconteux qui se glissera entre deux assiettes et quelques verres de vin. Seules les oies risquent d'être gavées tandis que les convives auront simplement la possibilité de mettre un peu de piment, quelques grains de sel et une larme de vinaigre sur leur repas avec mon caquetage impertinent.


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