Consultants et Experts

par C’est Nabum
vendredi 7 février 2025

 

La vacuité comme viatique.

 

Un étrange curieux phénomène phagocyte nos grands médias dans tous les domaines. Pour aborder un sujet, un événement, une compétition ou une situation critique, ceux qui se prétendent encore journalistes professionnels s'adjoignent des individus qu'ils nomment de manière pompeuse des Consultants ou des Experts. Nous devrions en être flattés puisque cette posture induirait en théorie la volonté du représentant du média en question d'élever le niveau, d'apporter des connaissances techniques, théoriques, distanciées…

La première surprise dans cette nécessité est de constater implicitement que les journalistes désormais ne sont que de joyeux animateurs de plateau ou d'antenne, chargés d'apporter leur verve, leur humour éventuellement, leur mauvaise foi assez souvent désormais, sans rien connaître d'un dossier qu'ils n'ont plus besoin de préparer. Il n'est d'ailleurs qu'à constater leur propension à poser des questions sans écouter les réponses pour se conforter dans cette opinion.

Ce dernier point est du reste fort commode puisqu'il permet de ne pas rebondir en demandant des éclaircissements, en apportant éventuellement la contradiction, en démontrant qu'il y a mensonge ou bien imprécision dans le propos tenu par son interlocuteur. Les journalistes ne sont plus que des joyeux drilles qui se substituent aux quidams de base que devraient être leurs auditeurs ou téléspectateurs. À quoi sert alors la carte de presse si elle n'implique pas une déontologie rigoureuse et une pratique pleine de servitudes ?

Ce sont donc les fameux éléments extérieurs qui le plus souvent ont leur rond de serviette sur la chaîne concernée qui apportent un éclairage, un savoir qui n'aura pas à subir la moindre critique, la plus petite vérification ni même la plus élémentaire analyse. La seule responsabilité de l'animateur est de parfois apporter un peu de polémique en haussant la voix, en coupant la parole, non pas pour intervenir sur le fond, mais simplement donner une forme qui assure le maintien de l’audience.

Comme la culture se meut progressivement en distraction, l'information se grime en spectacle convenu qui joue alors sur des registres qui dépendent du contexte. Pour l'actualité, il convient de faire appel à des tragédiens à la mine mortuaire et aux propos neurasthéniques. Pour le sport, il est préférable de disposer d'un inconditionnel de la pratique, incapable de la moindre critique pour ne pas heurter des supporters qui se transforment désormais en fidèles d'un culte satanique.

Autre point commun, il ne doit plus y avoir place au silence ni à une parole posée, réfléchie, exprimée lentement pour être comprise de tous. Il convient à ces nouveaux stakhanovistes de la langue de ratiociner à toute vitesse sans trop articuler pour maintenir un ronron qui noie éventuellement les choses sérieuses qu'ils pourraient dire. On ne sait jamais, par inadvertance, ils pourraient parfois tenir quelques propos censés…

Quand au joyeux drille qui tient le micro, il n'a d'autre mission que de pousser ses supplétifs à la faute, à la grosse saillie, à la déclaration choc. C'est la grande foire qui transforme le café du commerce en une pâle copie de la chose. Il y a des champions dans ce domaine et curieusement ils roulent tous pour des milliardaires qui ont une bien piètre opinion de la démocratie.

Le quatrième pouvoir se met donc, insensiblement en ordre de marche pour l'avènement d'une société totalitaire où l'absence de culture, de réflexion, d'analyse sont les garants d'un effondrement des valeurs morales et intellectuelles qui ont constitué cette nation. Ce spectacle pour affligeant qu'il soit exprime véritablement le grand dessein de tous les grands donneurs d'ordre qui entendent réduire le peuple en servitude avec la complicité d'une élite corrompue et sans la moindre rigueur morale.


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