Au nom de la paix, deux compères réunis autour d’un pillage des ressources de l’Ukraine ?

par Daniel MARTIN
mardi 18 février 2025

En négociant directement les contours de la paix en Ukraine avec Vladimir Poutine, on peut toutefois s’interroger sur le sens réel des intentions de Donald Trump quand il exige une contre partie choquante et inadmissible pour l’aide des USA fournie à l’Ukraine. Alors que ce pays est ravagé par la guerre, avec une économie exsangue, de nombreuses victimes et destructions massives, c’est ignoble !

Inadmissible et choquante façon du nouveau président Américain Donald Trump d’aider l’Ukraine 

On peut comprendre le président Ukrainien Volodymyr Zelensky, quand il déclare que l’accord bilatéral sur les « terres rares », dont sont issus les métaux rares, exigé par les Américains à la fois pour rembourser l’aide financière militaire déjà apportée et celle à venir qui est en cours de discussion n’était pas encore prêt, et qu’il ne contenait pas les dispositions que Kiev souhaite pour protéger ses intérêts.

Volodymyr Zelensky a par ailleurs déclaré en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich des 14 et 15 Février 2025, qu’un tel accord devrait comporter « des garanties de sécurité » et de rajouter « mais, je ne vois pas encore cette connexion dans le document ». Pour le président Ukrainien qui a exposé les contours d’un accord en dévoilant une carte montrant de nombreux gisements minéraux et affirmant qu’il proposait un partenariat mutuellement bénéfique pour les développer conjointement et non pas « les céder ».

Un chantage ignoble de 500 milliards de dollars des Américains à un pays affaibli par trois ans de guerre, partiellement occupé et détruit, avec une économie exsangue

Alors que l’Ukraine croule depuis trois ans sous les missiles Russe faisant des dizaines de milliers de morts et de blessés, sans compter 5 ou 6 millions d’émigrés en divers pays de l’UE, une économie exsangue, voila que Donald Trump affirme par rapport à l’aide financière fournie par les USA, après avoir déclaré son opposition de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et évoqué la possibilité que l'Ukraine devienne « russe un jour », il réclame que soit compensée l'aide versée à Kiev, avant une rencontre entre le président ukrainien : « Je veux récupérer « cet argent, ajoutant avoir réclamé à Kiev l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, des métaux notamment utilisés dans l'électronique en ajoutant « Au moins comme ça, on ne se sent pas idiot ». Incroyable ! C’est Vladimir Poutine qui peut être satisfait.

Il est vrai que pour le numérique, dont l’intelligence artificielle en est particulièrement gourmande et qu’avec 5381 Data Centers que possède les USA à eux seul, quand pour la totalité des pays du reste du monde, on en compte 4284, les Américain ont besoin de grande quantité de métaux rares, mais est-ce une raison de les obtenir par une telle méthode.

Si le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré la semaine dernière que son pays était prêt à recevoir des « investissements d'entreprises américaines » dans ses terres rares, il soulignait toutefois « qu’une partie de nos ressources minérales » se trouve en zone occupée. La Russie contrôle environ 20 % du territoire ukrainien sur sa partie Est. https://www.geo.fr/geopolitique/en-echange-du-soutien-a-l-ukraine-donald-trump-reclame-500-milliards-de-dollars-de-terres-rares-a-kiev-224608 .

Il faut savoir que l’extraction des terres rares dégrade massivement l’environnement et génère des pollutions qui altèrent dangereusement la santé des personnels et des riverains. Quand on sait que la situation environnementale de l’Ukraine n’était guerre brillante avant la guerre et elle s’est encore beaucoup plus détériorée à cause des effets de la guerre, Il convient aussi que les responsables Ukrainiens et le président Volodymyr Zelensky en tienne compte dans leurs négociations avec les USA de Donald Trump.

Par rapport à l’impact de l’extraction des terres rares sur l’environnement d’une manière générale : https://www.20minutes.fr/planete/3298887-20220602-pollution-pourquoi-exploitation-terres-rares-degrade-massivement-environnement-chine# : :text=Les%20terres%20rares%20y%20sont,dans%20les%20roches%20ou%20r%C3%A9sidus.

Les Européens également dans le collimateur USA sur le plan financier

Les USA, par la voix du chef de l’Otan Mark Rutte, n’oublient pas les Européens lorsque le secrétaire général déclare « Les Européens doivent montrer leur utilité s’ils veulent peser  » « Si les Européens veulent avoir leur mot à dire et s’ils veulent peser dans les négociations entre les Etats-Unis et la Russie en vue de mettre fin aux hostilités en Ukraine ils doivent montrer utilité, et cela se passe maintenant », a-t-il déclaré devant la presse, estimant que cela passait par une augmentation de leurs dépenses de défense et l’élaboration de plans concrets sur leur contribution pour garantir la paix. Par ailleurs, les États-Unis ont envoyé un document diplomatique aux capitales européennes pour leur demander ce qu’ils pourraient apporter en termes de garanties de sécurité pour l’Ukraine, mais aussi qui posait des questions sur d’éventuelles futures contributions de troupes...

En tant que dirigeant d’entreprise le Président Américain ne devrait pas oublier que pour atteindre les objectifs fixés ou s’en approcher au maximum, dans le cadre d’une négociation, il faut bien connaître son interlocuteur, ses forces et ses faiblesses qui définissent sa volonté d’accepter ou refuser des demandes et propositions qu’on lui fait. Ce n’est pas en cédant sur tel ou tel point pour faire plaisir à son interlocuteur avant d’avoir engager la discussion que l’on réussira la négociation, alors que ces points sont essentiels au « donnant donnant » de toute négociation. Surtout quand il s’agit de Vladimir Poutine, dont le seul désir est de récupérer l’Ukraine au sein de la fédération de Russie , mais aussi d’autres pays de l’ex bloc Soviétique pour parfaire sa puissance.

Donald Trump ne peut ignorer que Vladimir Poutine, ex agent du KGB, par sa logique politique ne semble connaître que le seul rapport de force

Dans le cadre de sa demande d’adhésion à l’Union européenne, imposer la lutte contre la corruption à l’Ukraine qui est une plaie endémique dans ce pays reste l’une des conditions majeures pour son éventuelle adhésion à l’Union Européenne. C’était d’ailleurs ce que les 27 pays de l’UE lui avaient imposé lorsqu’ils ont accepté le principe de son adhésion.

Pour toute négociation, dont le président Ukrainien ne doit pas être exclu, de même que les Européens, il convient donc que les Etats Européens, les USA et les pays de l’OTAN apportent préalablement un soutien indéfectible à l’Ukraine et au gouvernement de Volodymyr Zelensky, car, conformément à sa logique de pensée politique expansionniste, le Président Russe Vladimir Poutine ne semble connaître que le seul rapport de force. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il serait impossible de trouver une solution équitable pour parvenir à une paix durable dans cette région.

Poursuivre un soutien indéfectible à l’Ukraine est absolument indispensable, pour à la fois faire comprendre à Vladimir Poutine que l’histoire d’un pays ne peut être interpréter à géométrie variable et imposer la paix. Concernant l’histoire de l’Ukraine, depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine n’a eu de cesse de reconstruire l’histoire en fonction de ses ambitions politiques expansionnistes au centre desquelles se trouve l’Ukraine.

Plutôt que profiter de la situation pour lui piller ses ressources fossiles de pointe, Donald Trump devrait être plus attentif à l’histoire de l’Ukraine pour mieux négocier une paix équitable et durable

Concernant l’histoire de l’Ukraine, depuis le début de la guerre et l’occupation d’une partie de ce pays par l’armée Russe, Vladimir Poutine qui n’a eu de cesse de reconstruire l’histoire en fonction de ses ambitions politiques expansionnistes. Mais encore, faudrait-il lui rappeler, ainsi qu’à Donald Trump, que l’Ukraine n’a pas été historiquement toujours un territoire Russe et qu’aux XIIIe et XIVe siècles, c’était l'État le plus puissant de l'Europe orientale, surtout avec l'arrivée d'une immigration importante de commerçants juifs et arméniens, ainsi que des artisans allemands. Le royaume étendit son pouvoir en occupant Kiev. Ce fut l'âge d'or de la langue Rutène, d'où sont issus l'ancien ukrainien, l'ancien russe et l'ancien biélorusse.

Par la suite, le royaume de Galicie-Volhynie connut une période d'anarchie pendant laquelle la Pologne et la Hongrie tentèrent de prendre le contrôle du pays. Au XIVe siècle, la Pologne et la Lituanie commencèrent par s'affronter pour ensuite s'emparer de la Galicie-Volhynie et conclure un accord sur son partage. À l'issue du conflit, la Pologne obtint la Galicie et une partie de la Volhynie, alors que le reste du royaume devint lituanien. Ainsi, l'ancien État kiévien (originaire de Kiev), qui n'était plus qu'un souvenir, se trouvait disloqué et partagé entre plusieurs États, Pologne, Lituanie, Moldavie, etc., subissant à la fois l'influence des langues polonaise et lituanienne.

Les Ukrainiens actuels considèrent la Galicie et la Volhynie comme des États précurseurs de leur pays, alors que les Russes les considèrent comme des États « Russes », et les historiens spécialisés comme des « Slaves orientaux » rappellent qu'étant donné qu'à cette époque les différences entre Russes, Biélorusses et Ukrainiens n'étaient pas encore apparues, et que les cosaques pouvaient être aussi bien Russes, Biélorusses et Ukrainiens, leur point commun étaient d'être orthodoxes et de lutter contre les Ottomans.

En 1569 eut lieu l'Union de Lublin, traité signé à Lublin en Pologne, qui unissait le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie en un seul État. C'est alors que tous les anciens territoires de la Galicie-Volhynie devinrent polonais, ce qui créa à l'époque le plus grand État d'Europe. Ce traité de 1569 forma la République des deux nations sous un roi commun élu par les États des deux pays. Cette union durera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, alors que les trois puissances voisines, la Russie, la Prusse et l'Autriche se partageront cet ensemble politique. Tous les territoires de l'actuelle Ukraine, dont Kiev, se trouvèrent sous tutelle polonaise, lituanienne ou ottomane.

À partir de 1654, la Pologne entra en guerre contre la Russie au sujet des territoires situés aujourd'hui en Biélorussie et en Ukraine. Elle ne réussit pas à soumettre les Cosaques zaporogues, alliés de la Russie. C'est alors que commença une longue guerre russo-polonaise qui n'allait prendre fin qu'avec le traité d'Androussovo de 1667. L'Ukraine occidentale, à l’Ouest du Dniepr, était pro-polonaise, mais l'Ukraine orientale, dont l’actuel Dombass se prononçait ouvertement pour son rattachement à la Russie.

Le traité d'Androussovo (1667), appelé aussi « trêve d'Androussovo », signé entre la République des Deux-Nations et la Russie, entérinait le partage de l'Ukraine entre la Pologne et la Russie. Le traité mettait fin à l'occupation russe, mais Moscou prenait possession de la rive orientale du Dniepr, y compris Kiev, tandis que la Pologne conservait la rive occidentale. Autrement dit, l'ouest de l'Ukraine, appelée aussi « Ukraine de la rive gauche », et la Biélorussie revenaient à la Pologne. Tout le sud de l'Ukraine actuelle, y compris la Crimée, demeurait sous occupation ottomane. La trêve de 1667 fut renouvelée en 1678 et aboutit au traité de Paix éternelle de 1686, dix-neuf ans plus tard. A lire la suite dans le texte, duquel sont extrait quelques éléments ( texte long, mais assez complet sur l’histoire de l’Ukraine) : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/ukraine-2histoire.htm

Outre l’aide indéfectible à apporter à l’Ukraine, imposer à Vladimir Poutine le chemin pour la paix est possible maintenant, pour cela la raison de la raison doit être la plus forte

Concernant le Donbass, les territoires des oblasts de Donetsk et de Louhansk , dont la population majoritairement russophone et russophile qui est au cœur d'un conflit sanglant depuis 2014 entre Kiev et des séparatistes pro-russes, il convient de considérer que cela ne pourra que passer par une rétrocession à la Russie de la partie la plus Russophone du Donbass, tel que cela fut d’ailleurs évoqué par le président Volodymyr Zelensky. En contre partie de la garantie que l’Ukraine dispose de son accès à la mer d’Asov et retrouve également son intégrité territoriale d’accès à la Mer Noire par des territoires actuellement occupés par l’armée Russe, cela en contre partie de l’oblast de Koursk, « capturé » par l’armée Ukrainienne à la Russie.

La Crimée, dont 67,9% de la population est Russes, 15, 6 % Ukrainienne, 10,5 % Tatars de Crimée, 2,1 % de Tatars, faisait juridiquement partie de l’Ukraine depuis 1954 en raison d'un décret du président soviétique, Nikita Khrouchtchev, à l'occasion du 300e anniversaire de la réunification Russo-Ukrainienne. Elle constituait, au sein de l'Ukraine, une république autonome, malgré l'opposition d'une partie de ses habitants (Russes et Tatars). Le 11 mars 2014, le Parlement de Crimée déclare l’indépendance de la République de Crimée à l’égard de l’Ukraine : cette entité étatique autoproclamée rassemble la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol. Puis les dirigeants de cette nouvelle Crimée organisent le 16 mars 2014 un référendum portant sur le rattachement de leur pays à la Russie. Quels que soient les arguments pouvant justifier l’irrégularité de ce référendum, il serait illusoire et dangereux de vouloir réintégrer de force la Crimée au sein de l’Ukraine.

Ce sont bien ces territoires de la partie Est de l’Ukraine qui sont la clé d’un cesser le feu et d’un accord de paix, ce que ne peut ignorer Donald Trump et ses conseillers quand ils évoquent ce sujet. Pour autre info sur la guerre en Ukraine, A lire également « Séance-Matin /15588 12 février 2024 » du Conseil de sécurité de l’ONU : https://press.un.org/fr/2024/cs15588.doc.htm .

Pour conclure

Sachant que le président Russe au vu de ses ambitions politiques expansionnistes pour la fédération de Russie et ne connaissant que le rapport de force, il faut absolument apporter un soutien militaire indéfectible à l’Ukraine. Ce qui n’empêche pas de rechercher ensemble entre Européens, Américains, Ukrainiens, Russes le chemin d’une paix équitable, durable et garantie. Par contre, vu la situation dans laquelle se trouve l’Ukraine, « le chantage » aux ressources fossiles des terres rares que Fait actuellement Donald Trump, agissant de fait en compère de Vladimir Poutine pour profiter d’un éventuel arrêt de la guerre en pillant les sous sols de l’Ukraine est inacceptable et ignoble !

 


Lire l'article complet, et les commentaires