Les forces qui ne veulent pas la paix en Ukraine se réunissent en Europe

par Patrice Bravo
mardi 18 février 2025

L'UE se prépare à plusieurs années supplémentaires de confrontation avec la Russie et mise sur la défaite de la Russie. Pour les leaders actuels de l’UE, comme Emmanuel Macron, la Russie devra finalement être vaincue. 

Le président français, Emmanuel Macron, veut tenir une réunion d'urgence des dirigeants de plusieurs pays européens à Paris aujourd’hui. Son objectif est de discuter d’urgence de la sécurité européenne à la lumière des politiques de Donald Trump, en particulier des négociations qui ont commencé entre les États-Unis et la Russie. 

La perspective de voir le dialogue entre Moscou et Washington se dérouler sans la participation de l’UE et de l’Ukraine n’est franchement pas du goût des Européens. La ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a appelé Trump à ne pas compter sur une réconciliation rapide avec la Russie. Ce point de vue est partagé par un certain nombre d’États de l’UE. Cependant, que sept pays de l’UE seront présents à la réunion de Paris : « Les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark ». À cette rencontre initiée par le président français dans l’urgence, le président du Conseil européen, António Costa, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, y seront. 

Les nouveaux termes de coopération avec l’Europe annoncés par l’équipe présidentielle américaine ces derniers jours, ainsi que la conversation entre Trump et Poutine, ont eu l’effet d’une bombe dans les relations entre Washington et ses alliés européens. De nombreux responsables politiques en UE parlent de la « trahison » des États-Unis. 

 Il s’est avéré que le nouveau chef de la Maison Blanche avait - en réalité - l’intention de négocier avec la Russie, plutôt que de la vaincre. Comme l'a déclaré lundi 17 février le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, aux journalistes, Macron a décidé de convoquer, selon les termes du chef de la diplomatie française, « les principaux pays européens ». Le Danemark jouera le rôle de représentant des pays d’Europe du Nord et des pays baltes. La Suède veut envoyer des soldats en Ukraine. 

Les discussions sur le même sujet ont déjà commencé à la Conférence de Munich au niveau des ministres des Affaires étrangères. Après la fin de cette conférence, des leaders de l’UE ont refusé la position US. Avant la conférence, Elina Valtonen a exprimé la position de l’UE : « La Russie, sous sa forme actuelle, constitue une menace non seulement pour l’Ukraine et l’Europe entière, mais aussi pour l’ensemble de l’alliance transatlantique » ; « Je n’ai guère confiance dans le fait que Poutine s’en tiendrait au plan de paix américain » ; « L’Europe doit faire sa part et négocier pour l’Europe » ; « Il n’y aura pas d’accord rapide, mais plutôt un long processus ». 

La diplomatie des leaders de l’UE ne veulent pas arrête le conflit rapidement. Pour le président français, « la capitulation dans les pourparlers de paix sur l'Ukraine est une mauvaise nouvelle pour tous ». « Les négociations visant à mettre fin à la guerre en Ukraine ne doivent pas aboutir à une paix qui soit une capitulation, car ce serait une mauvaise nouvelle pour tout le monde, y compris pour les États-Unis », a-t-il martelé. 

Les représentants des pays de l’UE ont été très impressionnés par le fait que les Américains vont mener des négociations avec la Russie sans la participation de leurs alliés européens. C'est ce qu'a déclaré le représentant spécial de Trump pour l'Ukraine, Keith Kellogg. « Les États-Unis excluent l’Europe des négociations », titre Le Point, précisant : « que les Européens ont été pris de court par l'appel téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine ». « Keith Kellogg, l'émissaire américain pour l'Ukraine, a fait savoir ce samedi que l'Europe n'aurait pas sa place à la table des négociations de paix », est-il signalé. Keith Kellogg a fait savoir depuis Munich aux leaders européens qu’ils sont les serviteurs des États-Unis : « À mes amis européens, je dirais : entrez dans le débat non pas en vous plaignant d'être, oui ou non, à la table des discussions mais en apportant des propositions concrètes, des idées, en augmentant vos dépenses de défense ». 

Keith Kellogg, pour justifier l’absence des leaders européens à la table des négociations entre la Russie et les États-Unis a rappelé les accords de Minsk II de 2015, intervenus après l’invasion de l’est des régions les plus orientales de l’Ukraine par la Russie et l’annexion de la Crimée en 2014. Il souligné que l’Allemagne et la France étaient des parties prenantes de l’accord aux côtés de l’Ukraine et de la Russie et qu’« il y avait beaucoup de monde, mais cela n’a pas fonctionné ». 

 « Souvenez-vous de Minsk II : il y avait une foule de dirigeants européens là-bas, et ils se sont comportés de manière terrible », a-t-il commenté. Rappelons que les accords de Minsk-2, ont été conclus en février 2015 lors d’un sommet dans la capitale de la Biélorussie avec la participation de la chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel, et du président français de l’époque, François Hollande. Apparemment, Keith Kellogg les considérait comme une « foule ». 

Observateur Continental a mentionné le rôle de l’ex-chancelière allemande, Angela Merkel en citant un entretien avec Die Zeit : « Elle a organisé aussi le gain de temps nécessaire pour protéger l’Ukraine et pour l’armer ». 

« Nous voulons la paix par la force et non la guerre par la faiblesse. Pour une paix durable en Ukraine, avec de solides garanties de sécurité, et pour la sécurité de l’Europe dans son ensemble, l’Ukraine doit être capable de négocier dans la position la plus forte possible, et l’Ukraine et l’Europe doivent avoir une place à la table. Un mauvais accord sans la participation de l’Ukraine et de l’Europe n’est pas une option », a écrit le Premier ministre néerlandais, Dick Schoof, sur X, qualifiant ce format de négociations de « récompense pour la Russie ». Et il a tiré une conclusion sans équivoque : « La Russie ne doit pas sortir victorieuse de cette guerre. Dick Schoof dit ce qu’Emmanuel Macron martèle : « La Russie ne doit pas gagner ». 

Il est possible que la proposition du président finlandais Alexander Stubb soit discutée lors du sommet de Paris. Il a proposé de créer au sein de l’UE un équivalent du poste occupé par Keith Kellogg – un représentant spécial pour l’Ukraine. D'après les propos de Stubb, on peut conclure que c'est ce nouveau fonctionnaire devrait participer au processus de négociation au mieux de ses capacités, en représentant l'ensemble de l'Union européenne, et non des pays individuellement. Cela contraste fortement avec la ligne que semble défendre l’équipe de Trump. Par exemple, le chef du Pentagone, Pete Hegseth, a déclaré que le déploiement éventuel de troupes européennes en Ukraine n’est possible qu’en dehors de toute structure collective. Cela signifie que l’UE doit démontrer avec force qu’elle peut et doit participer aux négociations en tant qu’entité unique. 

Pierre Duval 

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