Éric Zemmour s’est raté

par hommelibre
vendredi 14 juin 2024

J’aimais bien le Zemmour, quand il était chroniqueur. Son analyse du féminisme était tombée au bon moment pour moi alors qu’une fausse accusation avait renversé ma vie.

Je trouvais sa pensée stimulante, souvent drôle, intelligente. Il amenait ses sujets par des chemins parfois inattendus. J’ai même acheté un de ses livres - dont j’ai lu presque la moitié...

Et puis il est entré en politique. Au début je me suis dit pourquoi pas ? Et ses débuts ont été intéressants puisqu’il a tenu un discours étouffé depuis trop longtemps : souveraineté, identité culturelle, entre autres.

Je ne l’ai jamais considéré comme d’extrême-droite au sens réel des mots. D’ailleurs le vocable extrême-droite montre en général que ceux qui l’emploient se sentent mieux, voire supérieurs, et refusent tout débat de fond sur les sujets qui les gênent. Je ne suis pas dupe. Personne ne l'est, pas même les voyous de l'ultra-gauche.

Je me fichais de sa référence à Pétain, plus provocation que théorie politique. Je n’ai pas accroché à son idée de donner des prénoms d’origine française. Je n’allais pas changer de prénom pour lui ! Mais surtout c’était le début d’une surenchère.

Peu à peu son discours est devenu plus étriqué, plus « politique ». Il forçait le ton. Je pense aussi qu’il peut être un ferment intellectuel mais n’a pas la carrure d’un homme d’état.

Aujourd’hui c’est possiblement la fin de son parcours politique. Il vient d’exclure Marion Maréchal de Reconquête, avec des mots navrants à l’égard de son ancienne associée politique :

« C’est le record du monde de la trahison. »

Et plus encore :

« C’est moi qui l’ai désignée comme tête de liste, ce sont mes militants qui ont fait cette campagne. Les militants ont tracté pour elle, ont donné leur argent pour elle. Et au bout de 48 heures, elle trahit ces gens, elle les abandonne comme des chiens, comme de vieilles chaussettes. »

Mots vrais peut-être, mais si creux, inutiles, dérivatifs de sa frustration. Et puis cette valse des exclusions. Mauvais spectacle. On ne déballe pas ainsi en public.

Ok, il est déçu et cela peut se comprendre. Mais de grâce, qu’il ne tombe pas dans cette réduction langagière. Je ne reconnais pas son esprit vif et stimulant capable de sortir des sentiers battus.

Ses thèmes lui survivront car il posait des questions essentielles. Aujourd'hui le protectionnisme économique est repris même par l'UE. Lui devrait retourner à ses chroniques. Mais auraient-elles encore la même fraîcheur après cet épisode politique sans accomplissement ?

 


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