Entre déséquilibre et coup politique suicidaire : le grand ratage de M. Macron

par Renaud Bouchard
mercredi 26 juin 2024

« J'ai raté la bataille ? -Tu as raté la guerre ! »

Gladiator – Dialogue entre Commode et Marc-Aurèle, Ridley Scott (2000)

 

« Gagné ! -Non, tu n'as pas gagné. Tu as sacrifié un bon équilibre contre un coup mortel ! »

Batman Begins (2005) Dialogue entre Liam Neeson / Ra's al Ghul et Bruce Wayne Batman (2:31 à 2:36)

https://www.youtube.com/watch?v=JxbvBL8ObRs


 

Dans la version qu’en donne Christopher NOLAN dans sa trilogie cinématographique du héros que représente Batman, le chef de la Ligue des Assassins, sous le faux nom de Henri Ducard, enseigne son savoir à Bruce Wayne, dans un but intéressé, bien entendu. En effet, une partie des mentors de Bruce ne lui dispensent leurs connaissances que pour mieux manipuler le jeune milliardaire. Mais la figure de Batman n’en sort que grandie puisque c’est par la force de volonté et l’attachement à des valeurs de justice et d’honnêteté que Bruce s’éloigne de l’influence néfaste d'un personnage comme Ra’s al Ghul. Formé dans la violence et le cynisme, le justicier en tire une détermination plus solide que jamais à faire le bien.

La scène du combat du futur Batman sur une étendue glacée est un grand moment avec une réplique dite « culte » qui illustre parfaitement la situation nouvellement créée par M. Macron à la suite de l'explosion de l'Assemblée nationale et de la recomposition politique plutôt chaotique qui en est résultée. Mais la comparaison quand à l'avenir du héros et sa retransposition dans la Réalité politique du moment s'arrêtent là.

M. Macron n'est pas Batman. Ses desseins sont noirs et contraires aux intérêts de la France. Il se croyait bien assuré malgré une position déjà bien fragile. Il aura tout perdu en agissant inconsidérément en modifiant de manière hasardeuse une situation qu'il lui est impossible d'admettre : les Gaulois sont réfractaires.

L'électorat est inquiet. La peur panique rôde.

 

I- Manigances incessantes

Pendant que les partis politiques courent après les fonds de la députation et que des incapables tentent de revenir sur la scène politique, l'urgence du moment passe à l'as.

Une information diffusée sur Europe 1, immédiatement retirée, objet d'un démenti officiel, et voilà que l'ombre des pleins pouvoirs se dresse dans le panorama du « Jour d'Après » le 7 juillet prochain, ou peut-être dans les heures qui suivront l'élection de la nouvelle Assemblée nationale.

Comme le rapporte le quotidien La Voix du Nordi, ce lundi 10 juin 2024, durant les commémorations à Oradour-sur-Glane, Emmanuel Macron échange brièvement avec un grand patron, proche de l’Élysée. Leurs propos sont rapportés dans un article du journal Le Monde, publié le vendredi 14 juinii. «  Ça va, pas trop dures, ces journées ? », aurait demandé l’entrepreneur. «  Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent… », aurait répondu Emmanuel Macron.

 

L’Élysée a tout naturellement démenti les propos du président : « Les propos prêtés anonymement à Emmanuel Macron, rapportés dans le journal Le Monde, n’ont pas fait l’objet de vérification auprès des équipes de l’Elysée, ils ne sont pas conformes à la parole du Président. » Mais le journal Le Monde, qui a ajouté cette précision dans son article, maintient ses informations.

On n'en saura donc pas plus, mais la rumeur est lancée et ne s'arrêtera que confirmée ou non.

« Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. » Tout est dit.

Quel tour de prestidigitation, quel coup fourré notre Mandrake prépare-t-il ?

Il doit en effet être bien entendu pour l'intéressé que toute idée de démission, composition, mise à l'écart est exclue.

La « mission » n'est pas terminée et il y a encore tant à faire, n'est-ce pas ?

C'est dire que le Premier ministre putatif et auto-désigné, déjà pressenti, n'a peut-être pas vu la survenance toujours possible de deux entourloupes, deux changements de décor plus que réels :

-La nomination en ses lieu et place d'un tout autre premier ministre que celui que permet de pressentir la victoire de telle ou telle faction, un homme ou une femme directement choisis par le chef de l'Etat, ailleurs que dans la nouvelle majorité parlementaire (absolue ou relative, peu importe).

-La mise en œuvre des dispositions de l'article 16 de la Constitution. iii

La réalité est en effet que la situation politique de la France – vécue avec inquiétude en France et observée avec beaucoup d'intérêt en Europe - est devenue à ce point complexe qu'il n'est pas impossible en effet d'imaginer avec le recours à des mesures d'exception – celles attachées à une dictature au sens romain du terme – que ce choix puisse être soit celui imposé par les suzerains de M. Macron, soit celui de M. Macron lui-même, et ce au regard d'une situation proche du point éclair et de l'explosion d'un pays qui est en réalité travaillé par une exaspération sourde mais réelle sur tous les plans : économique, politique, social, national, international.

D'où vient pareille hypothèse ?

Mais tout simplement d'une probabilité qui repose sur l'analyse que tout un chacun peut faire de la pratique gouvernementale dévoyée tout au long des « épisodes Covid » durant lesquels il ne se passait pas trois jours sans que survienne une annonce suivie d'un démenti lui-même confirmé par un fait pourtant bien réel, le tout en une concaténation de contre-vérités et de mensonges alarmants conduisant toute une population vers une succession initerrompue de tours d'écrou.

La situation politique économique et sociale que connaît la France en ce mois de juin 2024 est telle qu'il n'y aurait rien d'anormal à ce que M. Macron, en une manœuvre d'une habileté absconse pour les uns et certainement d'une imprudence et d'une stupidité certaines pour l'opinion, s'est en réalité lui-même jeté une grenade entre les jambes après avoir balancé la goupille, pousse encore les limites en s'arrogeant tout simplement ces pleins pouvoirs dont il rêve et qui l'affranchiraient de tout contrôle, au vu de prétextes qui n'ont rien de fallacieux et de circonstances qu'il pourrait bien avoir volontairement réunies et suscitées proprio motu, ou sur instructions, pour justifier ses actions.

 

II- Un président en panique après une manœuvre ratée

La dissolution de l'Assemblée nationale effectuée par M. Macron est probablement un ratage de première grandeur qui aura eu pour effet d'offrir une opportunité de referendum à tout une électorat qui n'attendait que l'occasion de s'exprimer.

De l'attente inquiète à l'anxiété anticipatoire en passant par l'irruption de l'angoisse aigüe jusqu'à la déréalisation ou la dépersonnalisation, la peur « panique » est bien celle qui peut saisir un individu comme toute une collectivité. Elle est bien cette peur, du grec πανικός, « créée par le dieu Pan », lequel s'amusait à effrayer les troupeaux de chèvres et de moutons, causant angoisse et immense malaise.

M. Macron n'est plus dans son assiette. Il va mal. Il est probablement en train de ressentir une sorte de panique qui le conduit peut-être à tenir des propos plus que déplacés si l'on considère ses fonctions comme le contexte politique tendu dans lequel il s'exprime.

Le fait est qu'agiter le spectre du chaos et de la guerre civileiv n'a rien d'anodin dans une société qui ressemble fort à ces explosifs aux structures moléculaires instablesv comme le tri-iodure d'azote que le simple effleurement d'une plume suffit à faire exploser : https://youtu.be/2KlAf936E90?t=4

« On entrouvre la porte à l’anarchie, on bouscule l’ordre établi et très vite le chaos le plus total règne. Et moi J’annonce le chaos. Et tu sais ce qu’il a pour lui le chaos ? Il est impartial. »

Très bien. Mais le personnage du Joker - un autre gros méchant de l'univers batmanien, psychopathe de compétition - n'est intéressant qu'au cinéma. Pas dans le monde réel qui est le nôtre avec un personnage au comportement erratique et instable.

 

Sources :

ihttps://www.lavoixdunord.fr/1473421/article/2024-06-15/je-leur-ai-balance-ma-grenade-degoupillee-dans-les-jambes-emmanuel-macron-ravi

iihttps://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/14/emmanuel-macron-qui-a-declenche-cette-dissolution-pour-pieger-les-partis-s-est-piege-lui-meme_6239949_823448.html

iiihttps ://www.conseil-constitutionnel.fr/la-constitution/quel-pouvoir-donne-l-article-16-de-la-constitution-au-president-de-la-republique

iv https://www.europe1.fr/politique/securite-emmanuel-macron-utilise-la-strategie-de-la-peur-apres-celle-du-chaos-4254703

vhttps://couleur-science.eu/?d=368ee7—13-produits-chimiques-les-plus-puissants-ou-instables

 


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