Là où tout est calme, luxe mais sans volupté

par Réflexions du Miroir
mercredi 4 septembre 2024

Le cimetière de Laeken est le plus ancien cimetière de la région de Bruxelles-Capitale. 

Il fait partie des cimetières paroissiaux de Bruxelles. Les cimetières sont des lieux chargés d'histoires. 

Il a été appelé le "Père Lachaise bruxellois" pour la richesse de son patrimoine funéraire de type "paroissial".

L'atelier de sculpture Ernest Salu, de père en fils, fête son 150e anniversaire. À cette occasion, des étudiants de Saint Lukas Kunst Humaniora ont créé un remarquable hommage à ces bâtisseurs funéraires. Au milieu des nombreuses tombes de Salu, dans le chœur de l'ancienne église à l'intérieur du cimetière, on peut admirer son installation. Inspirée d'une photographie centenaire de la construction de la chapelle funéraire d'Emile Bockstael, l'œuvre est tapissée d'objets funéraires historiques et de matériaux sculpturaux. 

Préambule

Sur "Que faire", je lisais "Le square de la sculpture célèbre sa 32e édition de l'exposition de sculptures monumentales en espace paysagé. C'est le plus important événement de ce genre à Bruxelles. Y participent, 27 sculpteurs de renom, dont 7 femmes et 3 sculpteurs français. Le vernissage aura lieu le 31 août 2024 à 11h".

 J'y suis allé pour la deuxième fois. Il n'y avait personne.

 

Une dame m'a dit qu'il y avait un fascicule disponible "Cimetière de Laeken" avec un plan pour trouver les tombes importantes. 

Beaucoup de tombes sont en désuétude vu leur âge.

J'ai repris mon chemin entre les tombes du cimetière sans rencontrer le moindre artiste sur mon chemin comme il était annoncé dans le guide.

 

Histoire du cimetière de Laeken

Au début du 17ème siècle, l'archiduchesse Isabelle fait de l'église de Laeken un lieu de pèlerinage. En 1784, l'Empereur Joseph II promeut un décret visant à prévenir l'insalubrité, ordonnant la désaffectation des cimetières dans le centre des villes pour raison d'hygiène. En 1804, Napoléon confie la gestion des cimetières aux communes avec le principe de concession à perpétuité. Léopold Ier, premier roi des Belges, fait bâtir une nouvelle église pour son épouse, Marie d'Orléans, qui avait exprimé le souhait d'être inhumée au cimetière de Laeken dans une crypte. Décédée en 1850, elle est à l'origine de son développement, encouragé par les familles notables à en faire de même en invitant les plus grands architectes et sculpteurs de l'époque en utilisant la pierre bleue et le marbre comme "lieu pour dormir". 

En 1875, la saturation du cimetière pousse pousse Emile Bockstael à développer un réseau de galeries funéraires souterraines. 

Le livre de pierre d'un petit bout d’histoire de Belgique s’ouvre au travers de surprenantes rencontres. On compte beaucoup de personnalités qui en dehors d'un historien, ne dirait peut-être plus rien :

et bien d'autres non décrits dans le guide mais que l'on retrouve sur les noms de rue ou de places de Bruxelles comme Guillaume De Stassart, Houba De Strooper, Nicolas-Jean Rouppe, Jules Van Praet ou encore en allant au magasin initialement de Adolphe Delhaize.

Ils ont chacun une maison au-dessus de leur tête.

Dans la semaine, je voyais une camionnette de réparateur de toiture, avec la mention "Jamais sans toit".

Tous ces personnages sont statufiés avec des pleureuses au pied de leur tombe. Personne ne penserait plus que l'un d'eux aurait pu être chahuté de son vivant.

On oublie manifestement tous les points négatifs pour ne retenir que les positifs après la mort.

"Passer le jugement des autres, c'est assumer sa liberté", dit quelqu'un.

Sacrilège, un sourire dessiné complémente agréablement une tombe.

Une tombe anonyme pour moi au détour d'un chemin.

Un cimetière permet de remonter l'histoire par son côté symbolique dans le calme en dehors des bruits de la ville, le luxe par la grandeur des édifices mortuaires, même si on ne pourrait y rencontrer de voluptés qu'à titre posthume.

D'une superficie de 6 hectares, le cimetière de Laeken accueille la dernière demeure de nombreux bruxellois célèbres. Ce cimetière très minéral accueille des sculptures et divers joyaux architecturaux qui font de ce lieu un véritable musée à ciel ouvert.

En 1875, Emile Bockstael, alors Echevin des Travaux Publiques, insiste pour augmenter le nombre d'emplacements mortuaires, de galeries funéraires qui témoignent de son ingéniosité à l'image de celles que l'on peut trouver en Italie ou en Espagne. La population de Laeken croît et le nombre d'inhumations également. Le lieu choisi est, comme souvent, à côté de l'église Notre-Dame de Laeken qui abrite la crypte royale et sert depuis lors de nécropole à la famille royale belge. Normal que de nombreux notables souhaitent être enterrés non loin de la famille royale.

Dans le cimetière, des galeries en réseau souterrain de 31 mètres ont été mis en service en 1878, suivi de 6 nouvelles galeries. Classées en 1997, celles-ci occupent une superficie de plus d'un hectare et demi avec 300 mètres de couloirs. Plus de 4000 défunts y sont enterrés dans une nécropole ou catacombe suivant l'appréciation du visiteur. 

Le dernier bourgmestre de Laeken est inhumé au centre des galeries souterraines. Deux monuments lui sont dédiés à son nom et à celui de son épouse. En surface pourvu de son buste devant une grille et un vitrail, la voûte de son monument est taillée en un seul bloc de granit bleu avec les armoiries de Laeken et deux urnes. Ernest Salu signe ce monument et Pierre Theunis, le buste. Les vitraux réalisés par Louis de Contini présentent diverses scènes mythologiques, faisant référence aux puttos ou à la mort. Un carré d'honneur est réservé, en forme de demi-lune en manquant quelque peu d'originalité, aux soldats et aux résistants morts pendant la Seconde Guerre.

Bien après ce préambule de cimetière, il reste une impression que c'est encore un cimetière actuel pour les nouveaux qui n'ont pas droit à un tel déluge de luxe en marbre. 

L'histoire des cimetières de la Ville de Bruxelles

 

Réflexions du Miroir

En fait, même à cette époque, on n'a rien inventé de nouveau depuis la nuit des temps pendant laquelle les Pharaons préparaient leur départ vers l'au-delà dès qu'ils accédaient sur leur trône. Pas étonnant, non plus, que les artistes qui ont construit les mausolées de ces grands hommes, se soient inspirés pour leur propre tombe dans la vallée des artisans. Des archéologues viennent de découvrir une toute nouvelle langue ancienne !

Sur la tombe de Théodore Verhaegen, j'ai même pu découvrir des inscriptions d'une projection dans le futur. Etre né le 5ème jour du 7ème mois 5796 et mort le 8ème jour du dixième mois 5862, et finalement, être conduit à sa sépulture par FFF maçons en pierres bleues, n'est-ce pas ce qu'on peut appeler une excellente utilisation du temps au futur antérieur ? 

En 2007, j'avais écrit "Point mort"

En 2009, "L'après Point mort"

Dans quelques billets de ce site "Réflexions du Miroir", j'ai eu l'occasion de parler du cimetière de Bruxelles avec des personnalités de l'histoire qui y ont terminé leur chemin. 

En 2023, les billets Théories de psychologie" et "L'esprit démocratique s'étiole" continuaient leur œuvre de recueillement historique.

J'aime me promener dans les allées larges du cimetière de Bruxelles.

C'est très reposant... En plus, quand on note le nom gravé sur les tombes au passage, sur Wikipédia, on peut refaire des voyages dans les temps insolites "à reculons comme une écrevisse" de Umberto Eco.  

Le journaliste Thierry Luthers est un passionné de taphophilie, la passion ou intérêt prononcé pour les tombes, n'a rien de morbide. Personne n'a vu de feu follet ni de morts-vivants qui sortaient des tombes comme on a pu le voir au cinéma ou dans la séquence de Thriller de Michael Jackson. 

Thiery Lutters publie le 26 octobre 2017, "Derniers domiciles connus - Guide des tombes de personnalités belges". Au printemps 2018, deuxième tome est consacré aux cimetières de la région bruxelloise. A la Toussaint 2018, troisième tome consacré aux provinces de Namur et de Luxembourg. Le quatrième volume sera consacré aux tombes des stars.

Il était invité le 30 août sur Vivacité pour rappeler ses souvenirs

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Je ne suis pas taphophile, mais j'aime me promener dans le cimetière de Bruxelles, dans lequel, on peut s'évader du bruit de la rue.

"Il vaut mieux prévoir que guérir", dit-on. 

Choisissons la meilleur épitaphe à inscrire sur la tombe :

 L’histoire secrète des Inconnus célèbres » est aussi riche en événements avec Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus après quarante ans d’une histoire faite de succès mais aussi de brouilles, me convient mieux.

Non vraiment, au cimetière, on n'y trouve aucune volupté ni à Laeken ni dans les autres cimetières.

A Laeken, il y a autre chose à voir et ce lundi, on parlait du jardin de Laeken avec volupté en Serres de Laeken (photos) ou non d'ailleurs

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Cela sans se retrouver évidemment dans les "Fleurs du mal" de Baudelaire.

La plume de Thomas Gunzig disait quelques vérités avant de passer l'arme à gauche

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En 2022, j'écrivais "Le Point sur la vie belle" et tout y était déjà dit.

Tout cela en photos (clic)

 

Allusion


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