Travailler c’est trop dur...

par olivier cabanel
mercredi 4 mai 2022

« ...et voler c’est pas beau », affirmait cette vieille chanson Cajun que mon groupe musical (Aristide Padygros) avait mis à son répertoire bien avant quelques artistes de variété…

Avant de passer à l’essentiel, le travail, nous avions découvert cette chanson grâce à « grand-mère funibus folk » venir nous ouvrir les oreilles, invités à Genève dans notre Hootnanny du mardi soir, inspirés eux même par le grand Sachary Richard.

C’était dans les années 70… oublions Mr Julien Clerc qui en 2009 a repris ce phare de la chanson française…

mais revenons au travail...

En ces temps d’inflation, de travailleurs intermittents, de la soi disant baisse du chômage, et à l’approche des législatives, pour lesquelles les Insoumis vont tenter, au cœur d’une coalition, d’empêcher la macronie de continuer sa prédation, c’est l’occasion de se pencher sur le monde du travail…

il est partagé entre trois pôles, qui globalement peuvent se définir ainsi :

1) celui des patrons dans lequel le cynisme s’invite plus souvent qu’à son tour : « vous avez la chance d’avoir du travail, grâce à moi, alors, ne demandez pas la lune »…et le « patron » manie l’arme fatale : « si vous traînez les pieds, ou si vous êtes trop gourmand, je délocalise  »….

2) Celui de « pôle emploi », justement, marqué par une forme de chantage : « si vous ne prenez pas l’emploi que je vous propose, nous ne toucherez plus d’aide financière... »

3) et le pôle des travailleurs, parfois constellé de petites lâchetés sur l'air de : « je ne manifesterai pas avec vous, mais si vous gagnez quelques avantages, j’en profiterai, évidemment  »…

La macronie est à l’évidence dans celui des patrons, ...(et de pôle emploi), comme l’indiquait la petite phrase provocatrice du chef de l’état : « pour trouver du travail, il suffit de traverser la rue  »…lien

Macron, justement, s’attribue la victoire d’avoir « fait baisser le chômage », chiffres à l’appui, en se basant sur les études des organismes concernés. lien

La réalité est tout d’abord que cette baisse factuelle est un peu l’arbre qui cache la forêt…

Comme l’écrit William Bouchardon dans LVSL : « cela s’est fait en contrepartie d’une précarisation croissante de l’emploi (…) mais aussi suite au développement de l’apprentissage qui a joué un rôle essentiel dans la réduction du chômage et qui risque par ailleurs de prendre fin dès l’année prochaine (…) Au « quoi qu’il en coûte » succédera l’austérité qui mettra en danger les fragiles avancées obtenues en la matière ». lien

Et puis il ne faut pas oublier les nouvelles règles draconiennes qu’applique « pôle emploi », où les radiations vont bon train si vous refusez une offre d’emploi, ou que vous ratiez un rendez vous...comme l’écrit Nolwenn Weiler dans un article très documenté dans les colonnes de « Basta ».

« personne ne s’attendait à ce que les sanctions prévues contre les demandeurs d’emploi soient si rudes, y compris les agents de Pôle emploi ». écrit-elle. Lien

En effet, depuis quelques années, on observe une augmentation exponentielle du nombre des radiés comme l’écrit Marie Doulgoat dans les colonnes de « l’Humanité ». lien

Le graphique qu’elle propose parlent de lui même.

Le renforcement des contrôles est aussi l’un des responsables du nombre des radiations, car si en 2018 il n’y a eu que 124 000 contrôles, il a fait un bond l’année qui suivi passant à 420 000… : sur le plus d’un million de contrôle effectués entre 2019 et 2021, 165 000 ont conduit à une radiation. lien

De plus, on remarque que dans les catégories B et C, la baisse du chômage est beaucoup plus modeste (3,5%), et que de toute façon, le niveau global du chômage en France est largement supérieur à celui de l’Union européenne (6,2%).

Comme l’écrit Maxime Vaudano dans les colonnes du « Monde » : « faire du zèle en radiant davantage de demandeurs d’emploi permettrait donc de (…) donner l’illusion d’une amélioration de la situation de l’emploi ». lien

s’il est vrai qu’on ne peut imputer la baisse du chômage aux seules radiations, il faut tout de même rappeler que plus de 200 000 personnes avaient été radiées pour défaut d’actualisation au 4ème trimestre 2019.

Ajoutons pour la bonne bouche que ceux qui ont travaillé quelques petites heures dans un mois ne sont plus comptabilisés comme chômeurs, et il faudra qu’on leur explique comme peut-on se nourrir pendant un mois, avec quelques heures salariées ?…

Mais alors, où allons-nous dans ce monde étrange du profit maximum, et du salaire minimum ?

Remplacer, comme c’est le cas de plus en plus souvent, des caissières en chair et en os, par des caissières virtuelles, va permettre à l’entreprise d’augmenter ses bénéfices, enrichissant ses actionnaires… mais soyons sérieux… ce ne sont pas des « caissières robots » qui vont se rendre dans les super marchés pour y faire leurs achats...

De plus, ces caissières virtuelles, outre le fait qu’elles ne consommeront jamais, à part un peu d’électricité, font travailler l’acheteur, et il le fait gratuitement...

Un monde de dupes donc qui, au final, ne fait que des perdants

C’est entendu, la crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine ont finalement ouvert les yeux de nos responsables qui ont réalisé que les délocalisations menaient tout droit dans le mur, mais il faudra des années pour rétablir un peu de logique dans ce monde sans queue ni tête.

En effet, le « made in France » est aujourd’hui largement minoritaire : des véhicules aux médicaments, en passant par l’habillement, tout cela nous vient de l’étranger, même si bizarrement, certains produits « made in France » remportent un gros succès hors de nos frontières, mais c’est anecdotique. lien

Ces industries délocalisées ont produit de la misère, comme par exemple au nord de la France, que Bernard Arnaud, l’homme le plus riche du pays, a abandonné en se délocalisant toujours plus loin, comme le raconte le film de François Ruffin, « merci patron », récompensé par un César. lien

Aujourd’hui l’inflation s’est invitée dans le pays, et nombre de travailleurs voient se vider leur poches, et leur pouvoir d’achat baisser drastiquement… le « Macron bis » aura beau distribuer quelques primes ici où là, les fins du mois seront de plus en plus difficiles, et la récession pointe déjà son vilain nez...comme dit mon vieil ami africain : « le miséreux meurt dans le dos du menteur ».

Le dessin illustrant l’article est de Lacombe

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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