Turquie : Une chance pour l’Europe et pour la France

par Europeus
lundi 3 octobre 2005

Historique. A l’heure où est annoncée l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie, aujourd’hui à Luxembourg, le mot n’est pas trop fort pour décrire la mutation politique à laquelle se prête actuellement l’UE. Car plus que la France et ses guerres intestines sur la question turque, les pays arabes, musulmans et en voie de développement suivent avec attention le débat qui occupe actuellement les vingt-cinq. Tous attendent de voir si l’Europe, après s’être élargie sur son flanc est, saura envoyer un message universel de solidarité, rétablir l’équilibre entre le nord et le sud européens, se projeter dans le futur et s’affirmer politiquement à l’échelle planétaire.

Les passions françaises sont déchaînées contre Ankara. Mais les faits sont têtus. Plus la Turquie se rapproche de l’UE, plus elle multiplie les réformes et prouve que le choc des civilisations n’a de valeur que pour ceux qui y croient. Voyons les choses telles qu’elles sont : La Turquie ne va pas entrer dans l’Europe, elle va devenir un pays de l’UE ! Impossible  ? A cause de la religion ? L’expérience du laïcisme turc, qui a évolué dans une direction où la religion fait partie intégrante de la modernité, pourrait servir de cadre au développement d’un islam européen, entre culture universaliste française et tradition relativiste anglo-saxonne. Les travailleurs turcs « envahiront » les vingt-cinq ? Plus leur pays se stabilisera grâce à la dynamique d’adhésion, plus ils resteront chez eux ! Ankara peine à vivre en harmonie avec ses voisins ? Sécurisée par l’appartenance à l’Union, elle saura se départir d’un nationalisme défensif et entamera un travail de réconciliation, à l’instar des pays fondateurs en leur temps. Le poids de l’armée est trop fort ? Comme pour la Grèce et l’Espagne, l’adhésion facilitera la démilitarisation de la vie politique.

Plutôt que de décrier aveuglément Ankara, la France ferait mieux de se souvenir, à l’instar de son secteur privé, qu’elle en est un partenaire naturel, et qu’il ne tient qu’à elle de la soutenir dans son cheminement européen. En la conseillant, par exemple, sur la voie des réformes agricoles. Ou en l’accompagnant vers une décentralisation de son administration héritée du code napoléonien. Jacques Chirac et Dominique de Villepin cherchent de grands projets mobilisateurs pour l’Europe et la France afin de sortir de la morosité régnante. En voici un.

Cengiz Aktar est directeur du Centre de l’UE à l’Université de Bahcesehir à Istanbul


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