Se tromper de cible
par C’est Nabum
mardi 22 octobre 2024
De l'impuissance de Madame la maire.
Quelque part en France, pays de droit en théorie démocratique, dans une de ces grandes villes périphériques qui ne cesse de croître démesurément à l'ombre de la cité qui se trouve au cœur de la Métropole, un parking fait abcès dans un quartier qui est devenue l'une des plaques tournantes d'un marché très lucratif et naturellement clandestin.
Les vendeurs à la sauvette ne se sauvent plus guère. Ils ont pris le pouvoir et peuvent faire leur commerce en toute impunité devant des autorités totalement dépassées par un phénomène qui préoccupe ainsi nombre d'élus municipaux et pourrit littéralement la vie des riverains. Les forces de l'ordre avouent leur impuissance devant une plaie qui n'est que le résultat d'années de laxisme et d'impuissance chronique tout autant que d'hypocrisie en la matière.
Les malfrats opèrent la nuit. Ce sont de petites canailles qui n'ont rien à perdre ni à craindre de la justice. Ils ont trouvé là une activité lucrative qui les satisfait grandement, leur permet de s'offrir des voitures rutilantes qui n'interrogent nullement les services fiscaux. Ils pratiquent la théorie du ruissellement, arrosant des plus jeunes à qui ils mettent ainsi la main au barillet. Les véritables têtes pensantes de ce trafic sont naturellement à l'abri de toute poursuite et gravitent parfois dans le monde des gens respectables.
Ils ont jeté leur dévolu sur un parking idéalement placé pour assurer leurs arrières, s'offrir plusieurs échappatoires en cas d'opération policière coup de poing pour montrer malgré tout que les pouvoirs agissent ou plus exactement s'efforcent de pisser dans l'eau. De plus, ces êtres à l'éducation assurée hors des instances officielles venaient la nuit avec leurs voitures sur le parking, sortaient des pliants, mettaient la musique à fond jusqu'à 3 ou 4 h du matin dans le mépris le plus total des riverains. Faute de pouvoir agir utilement pour éradiquer ce fléau, madame la Maire qui du reste vit dans une autre commune encore préservée, a pris une décision radicale.
Le parking a été fermé, une forme de cautère sur une jambe de bois, obligeant la racaille à trouver un nouvel espace. Dans l'idéal, une décentralisation serait souhaitable pour confier le bébé à une autre commune. En attendant, la démonstration est faite que madame la maire répond avec autorité aux difficultés de l'heure.
Hélas, ce parking se situe juste en face d'un centre social très actif, d'une aire de jeux pour les jeunes enfants et nombre de parents se trouvent privés de la possibilité de se garer à proximité pour leur simplifier la vie. Ils doivent aller plus loin, trouver difficilement une place pour conduire leurs rejetons à des animations de qualité. Le principe de la punition collective est en place sans qu'elle empêche de dormir ceux qui sont visés.
Justement aux heures d'ouverture de ce centre, les trafiquants dorment du sommeil de ceux qui attendent la nuit pour se mettre au travail. Pendant ce temps, madame la Maire participe bien plus activement à l'hyper urbanisation de sa cité afin que la barre des trois cent mille habitants lui permette de continuer à toucher ses indemnités de vice-présidente de la Métropole.
Elle ne va tout de même pas avouer son impuissance, il en irait d'une réputation pourtant largement ternie par la démission de son premier adjoint, las de n'avoir été qu'un faire-valoir à l'ambition d'une femme si peu ouverte à la délégation. Elle fera exception à ce petit défaut quand les usagers et voisins du fameux parking exprimeront leur colère.
Voilà bien un exemple significatif du mal qui ronge notre société. Ce sont toujours les gens ordinaires, ceux qui paient leurs impôts, qui ne font aucune histoire qui se trouvent contrariés ou même empêchés par des politiques répressives qui portent avec délectation leur dévolu contre ceux qui paieront les amendes. Poursuivre les vrais renégats ne rapporte rien. Madame la Maire ne manquera pas de demander à la police municipale de verbaliser les parents mal garés aux alentours du centre social. Elle fera ainsi d'une pierre deux coups.