Le naufrage démographique

par Laurent Herblay
vendredi 31 janvier 2025

L’INSEE a publié les statistiques démographiques de la France pour 2024. Les chiffres sont frappants tant le nombre de naissances continue à baisser, de 2,2% par rapport à 2023, et de 21,5% par rapport au dernier pic de naissances  : 180 000 naissances de moins qu’il y a seulement 14 ans ! Et le nombre de décès reprend sa progression, au point que le solde naturel se rapproche du zéro.

 

Un autre passif de Macron et du bloc central

Il y a seulement un an, dans une de ses innombrables saillies ridicules, et dont la réalité semble le cadet de ses soucis, le locataire de l’Élysée parlait de « réarmement démographique », entre autres annonces qui n’ont trouvé aucune concrétisation. Le terme était clairement inapproprié, comme un écho à la « guerre » qu’il avait annoncé contre l’épidémie de Covid, une conception bien peu appropriée de ce que représente le fait de donner la vie. Car ce n’est pas avec un président comme lui que les Français vont avoir envie de faire des bébés, comme le montre l’effondrement de notre natalité des dernières années. Les mesures annoncées étaient tout aussi partielles que partiales : s’il y a des problèmes de fertilité, le caractère prématuré et insuffisant de son plan avait même été souligné par Agnès Buzyn.

L’effondrement démographique depuis 2010 est brutal : nous sommes passés d’un pic de près de 850 000 naissances à seulement 663 000 l’an dernier. Et s’il faut reconnaître qu’il y a une baisse du nombre de femmes en âge de procréer, cela n’explique qu’une petite partie de la baisse puisque l’indice conjoncturel de fécondité est tombé de 2,02 à 1,62 depuis 2010. Pour couronner le tout, le nombre de décès, après le recul de 2023, repart à la hausse, de 1,1%, à 646 000, ne laissant qu’un solde naturel positif de 17 000. Si les tendances se poursuivent, dès 2025, le solde naturel de la France pourrait passer en négatif. L’espérance de vie est stable depuis 2019 pour les femmes, à 85,6 ans, et marque encore un léger progrès pour les hommes, où elle atteint pour la première fois 80 ans (79,9 en 2023 et 79,7 en 2019).

Plus préoccupant encore, la poursuite de la hausse du taux de mortalité infantile, passé à 4,1 pour mille, contre 4 l’an dernier et encore 3,5 en 2014, une augmentation de près de 20% en 10 ans, qui en dit long sur la situation sanitaire de notre pays, et notamment l’accès à des soins pourtant critiques. Pour être honnête, la situation de la France, si elle est préoccupante, n’est pas unique. Le recul des naissances semble être une évolution largement partagée dans le monde occidental, et pas seulement : la France n’est pas une exception. En 2022, nous étions encore le pays avec le taux de fécondité le plus élevé de l’UE devant la Roumanie et la Bulgarie, l’ICF moyen étant alors de 1,46, contre encore 1,78 en France. Il faut souligner que la chute semble s’accélérer depuis 2021, ce qui est encore plus préoccupant.

Cette évolution mérite mieux qu’un mot grandiloquent et ridicule et les mesurettes annoncées il y a un an. La seule question de l’infertilité n’est pas suffisante. Mieux vaudrait interroger l’affaiblissement de la politique familiale, le manque de place en crèche, que certains scandales ont rendues presque inquiétantes, alors que l’aide à la prise en charge des plus petits est critique pour beaucoup. Plus globalement, cela interroge sur ce que l’évolution de notre société, de plus en plus inégale, où une grande partie de la population est paupérisée, rendant l’accès au logement de plus complexe, et où la violence augmente fortement. Ces traits, partagés avec une grande partie des pays occidentaux, ne sont-ils pas peu incitatifs pour faire des enfants ? Pas sûr aussi que certaines évolutions sociétales y soient très favorables.

Décidément, à l’heure du bilan de la période Macron, tous les indicateurs semblent rouge vif. La démographie ne fait malheureusement pas exception avec un effondrement du nombre de naissances. Bien sûr, il n’est pas le seul responsable, mais il a appuyé tout ce qui va dans la mauvaise direction, sans presque jamais remettre quoique ce soit dans le bon sens, se contentant d’annonces ridicules.


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