Le KETAI

par nono-nippon.blog.lemonde.fr
jeudi 31 mars 2005

Après une longue absence, plus d ?un mois hors du blog dû à un éloignement temporaire du Japon, me voilà de nouveau repris par le quotidien de Tokyo. Et s ?il y a bien un objet qui le symbolise, c ?est le ketaï.

Ce mot est quasiment le premier qu ?un « gaijin », un étranger, apprend en arrivant ici. Il faut dire que l ?objet qui porte ce nom est omniprésent. On le trouve partout, tout le monde semble en avoir, il y a en même plus que de sacs Vuitton, vrais et faux confondus. Véritable lien de connexion avec le monde, il semble que vous n ?existez pas si vous n ?en avez pas. De plus en plus perfectionné (et comme on est au Japon, ça devient vraiment très perfectionné !), le ketaï est aussi censé vous représenter, en fonction de sa couleur, de son design, de ses fonctionnalités.

Le ketaï est d ?ailleurs la principale occupation des personnes dans le métro. Certes, il reste quelques irrésistibles partisans de la lecture, mais, surtout hors des heures de pointes, il n ?est pas impossible de voir tous les passagers plongés sur leur ketaï, isolé du monde par une bulle de confinement qui n ?éclatera qu ?à l ?arrivée à leur station.

Le ketaï est aussi un objet qui se respecte. On connaît déjà la grande honnêteté des Japonais. Pour la petite histoire, si vous oubliez un paquet dans la rue, vous pouvez aller le rechercher, même quelques heures plus tard, à la petite cahute qui abrite un policier : il est probable que quelqu ?un l ?y aura déposé. Avec le ketaï, ça va encore plus loin : on ne le touche pas ! Récemment, à une gare, un ketaï trônait sur un banc. Alors que je me dirigeais vers l ?objet pour l ?apporter au bureau des objets trouvés de la gare, un ami m ?a arrêté et m ?a affirmé qu ?il ne fallait surtout pas le toucher et le laisser sur le banc : son propriétaire viendrait le chercher en refaisant le trajet en arrière de sa journée. Et de fait, tous les Japonais qui passaient à côté du ketaï le regarder, mais personne ne s ?en est approché !

Pourtant le ketaï est relativement cher. L ?objet de base est en général gratuit, mais son utilisation mensuelle est, à partir d ?un seuil, assez coûteuse. Ce qui n ?empêche pas les Japonais d ?en changer tous les 6 mois à peu près. Il est vrai que ses fonctionnalités tendent à se diversifier, et que, ici plus qu ?ailleurs, sa vocation première est finallement de moins en moins utilisée.

Car le ketaï, le téléphone portable, ne sert plus à téléphoner : il prend des photos, des films et surtout permet de se connecter à Internet partout, pour envoyer des mails, s ?orienter, connaître l ?heure du métro et des dernières correspondances, ...

C ?est du Japon que vient l ?i-mode français. C ?est le géant de la téléphonie mobile, NTT DoCoMo, fils du géant de la téléphonie fixe, NTT qui l ?a inventé. Les parallèles avec le marché français sont d ?ailleurs assez surprenant : France Télécom et NTT, Orange et NTT DoCoMo, 3 exploitants de téléphonie mobile dans les deux pays (Orange, SFR, Bouygues et NTT DoCoMo, AU,Vodafone), engouement des gens pour cet objet à la fois ludique et pratique. Techniquement parlant, le Japon semble quand même un pas en avant. Reste que, dans le métro et même si le métro n ?a jamais été un véritable lieu de forum, je trouvais plus agréable l ?ambiance où les gens discutent ou sont plongés dans leur livre plutôt que de tapoter sur un petit clavier et un petit écran, soit pour jouer soit pour écrire leur mail de la journée ...


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