Le « pneu sans air » bientôt monté sur nos voitures ?

par Fergus
mardi 21 juin 2022

Depuis des années plusieurs manufacturiers travaillent à la mise au point de « pneus sans air ». C’est notamment le cas de Michelin qui, dès 2019, annonçait la future arrivée sur le marché automobile de ce produit révolutionnaire. Initialement envisagée dans un délai de 6 à 9 ans, la commercialisation du « pneu sans chambre » Uptis pourrait, compte tenu des progrès rapides de la mise au point, intervenir dès 2025...

Pneu Uptis (photo Challenges)

En faisant cette annonce en fin d’année 2021 lors d’un entretien accordé au média web CNN Business, Alexis Garcin, le président de l’antenne nord-américaine de Michelin, entendait clairement préempter le leadership de cette technologie innovante. L’enjeu est d’autant plus important pour Michelin que ses concurrents Goodyear et Bridgestone travaillent également sur le même type de technologie sans air. Pas sûr pourtant que ces deux manufacturiers se laissent damer le pion sans réagir, même si, pour l’heure, ils ont pronostiqué l’arrivée de leurs propres produits sur le marché à une échéance opérationnelle plus lointaine que Michelin : respectivement 2030 pour l’Américain Goodyear, et « dans un délai de 5 à 10 ans » pour le Japonais Bridgestone.

Le « pneu sans air » ou « pneu sans chambre », de quoi s’agit-il ? D’un pneu qui élimine les risques de crevaison, toujours possibles avec les équipements actuels, et surtout d’un pneu qui ne nécessite aucun entretien (terminées la surveillance de la pression et la corvée de gonflage). Le secret réside dans la structure : une chape de caoutchouc montée sur des lamelles faites d’un matériau composite à base de résine et de fibre de verre. Le tout devant évidemment présenter les mêmes qualités que les pneus classiques en termes de résistance, de longévité, et surtout d’adaptation : d’une part, aux différents types de revêtement routier ; d’autre part, aux aléas météorologiques. Sans oublier le coût qui doit impérativement ne pas être dissuasif pour les futurs usagers.

Le pneu sur lequel travaille Michelin, en étroite collaboration avec General Motors, répond (provisoirement ?) au nom d’Uptis, acronyme de Unique Punctureproof Tire System. Fort logiquement, ce pneu est très attendu par les entreprises pour équiper leurs véhicules utilitaires, les crevaisons et la maintenance des pneus actuels étant à l’origine de pertes de temps préjudiciables. En réalité, Michelin n’en est pas à sa première expérience dans le domaine du « sans chambre » : lancé en 2018, son X-Tweel (contraction de Tire et Wheel) a déjà équipé des engins de chantier. Avec succès : dans les terrains difficiles où des pneus classiques auraient été à coup sûr endommagés, cet ensemble pneu-roue d’un seul bloc s’est montré tout à la fois résistant et performant.

Ce type d’équipement n’étant toutefois pas adapté en l’état aux véhicules de tourisme et aux utilitaires légers – notamment pour cause de bruit excessif –, les recherches ont été poursuivies. D’où l’émergence du pneu Uptis, un modèle facilement rechapable, monté sur une jante en aluminium. Un produit dont les ingénieurs de Michelin sont persuadés qu’aux termes de la phase de développement, il répondra aux exigences de performances et de réduction du bruit sur tous les types de route et en en toutes saisons moyennant un prix abordable par les usagers eu égard à une longévité accrue. Si l’on en croit les propos qu’a tenu Alexis Garcin, c’est la prochaine génération de véhicules électriques Chevrolet Bolt qui, la première, devrait être équipée en série de ces pneus révolutionnaires.

Pneu Uptis en terrain accidenté (photo Sciences et Avenir)

Entre Michelin, Goodyear et Bridgestone, le match est lancé. Quelle que soit l’issue de cette compétition industrielle qui confronte les savoir-faire des trois principaux manufacturiers de la planète, nul doute que des pneus Uptis ou des produits concurrents basés sur les mêmes types d’avancées technologiques seront, dans un avenir désormais proche, montés sur des véhicules de nos constructeurs français. C’est clairement ce qui ressort de l’avancement des recherches et des enseignements tirés des exigeantes phases d’essai réalisées sur le terrain en situations réelles. Dès lors, il ne restera plus qu’attendre la réponse à cette question : les consommateurs seront ils séduits par ces nouveaux produits ou préfèreront-ils rester fidèles aux « pneus à chambre » ?


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