Gaza, « sera une nouvelle Côte d’Azur » selon Trump

Tout agent immobilier, surtout s’il est président des U.S : dès qu’il voit un espace à bâtir, allez hop, que je t’y colle des immeubles et des lotissements ! C’est ce que Trump envisage de faire à Gaza sous les cinq à 10 ans à venir. Cependant, il y a un cependant… Sans aucun gazaouis ! Eux, on les dégage vers les pays voisins, qui ne sont pas du tout d’accord, ou vers le Canada, qui n’est pas chaud du tout. Fi de ces contingences, pourvu que son ami proche « Bibi » soit satisfait et par ricochet, l’AIPAC, ce CRIF américain hyper influent qui fait et défait les carrières politiques en arrosant par milliards la vie politicienne locale. Trump, comme lors de sa première présidence, reste un fervent supporteur de ce gouvernement d’extrême droite. D’ailleurs, pour son ami, Trump a signé un décret imposant des sanctions à la Cour pénale internationale (CPI) et à ses représentants en raison des enquêtes menées en Israël. À souligner que ni les États-Unis, ni son allié ne sont membres de cette cour ou ne la reconnaissent. Mais Trump s'insurge depuis des mois contre la décision émise d’un mandat d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien. Il accuse la CPI de se livrer à des « actions illégitimes et sans fondement visant l'Amérique et notre proche allié Israël et d'abuser de son pouvoir en délivrant des mandats d'arrêt sans fondement.  »[i] Il est vrai que depuis 1948 et une colonisation rampante, plus, au moins 40.000 victimes civiles depuis le 8 octobre 2023, un déplacement de 2 millions d’habitants et la destruction à 90% d’un territoire, ce ne seraient qu’accusations mensongères, ourdies par les fanatiques du Hamas… Pourtant, parti élu démocratiquement depuis 2007 par le peuple palestinien.

La doctrine trumpiste : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, la poule et le poulailler tout entier. Les quelques humains campant dans les ruines à ras de terre qui ont survécu au génocide de la bande de Gaza, ne sont pour lui que quantités insignifiantes, qu’il faut charger dans des camions d’accord ou non, et les expédier en Égypte, Jordanie, Syrie et autres « pays accueillants » proches, sans l’avis des gouvernements intéressés. Trump, se veut le « président du monde »… Qui doit tout accepter sous peine de signatures de décrets assassins, filmés en direct par des médias aux ordres, sous les viva d’une foule qui n’a rien à envier à celle de la tauromachie : on fatigue le taureau, puis, le coup de grâce. Olé, olé, toréador Trumpino ! Qui reçoit les oreilles et la queue ! Du vrai showbiz. Où, une communauté native se voit exclue de son territoire originel et ainsi, les massacres continuent en Cisjordanie par les colons en roue libre, sous la bénédiction et les encouragements du président aux cheveux rouges. Alors, tout baigne ? Dans un océan de sang ! 

A terme, Gaza deviendra un Dubaï : voilà les projections futuristes de Trump et des fanatiques israéliens : transformer la bande de Gaza en Silicon Valley, avec un gros zest de Dubaï. « D'ici à 2035, l’économie de Gaza sera l’une des plus dynamiques de la région, grâce à la technologie, au commerce et au tourisme. Un port maritime ultramoderne et un aéroport international feront de Gaza une plaque tournante logistique mondiale, reliant le Moyen-Orient à l’Afrique, à l’Europe et au-delà, promet le projet. » Gaza serait même transformée en Silicon Valley hébergeant « des startups spécialisées dans l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables et la biotechnologie. Les jeunes entrepreneurs palestiniens, autrefois freinés par le manque d’opportunités, dirigeront désormais des entreprises reconnues mondialement, attirant des investissements du monde entier ».[ii] Ainsi demain, on rase gratis toutes ces barbichettes islamisantes, pour créer « l’homme nouveau », capitaliste, performant, pro américano/israélien… Sans tenir compte que toute cette félicité programmée et cette théorique mine d’or à ciel ouvert se fera sur un monceau de cadavres, enfouis dans les fondations de ces immeubles high-tech, de ces restaurants bâtis sur les ruines d’hôpitaux détruits à coups d’obus, sur des parcs, dont le gazon bien à ras cachera les restes de mosquées et de bâtiments envolés sous les bombes incendiaires. Il y aura ceux qui chériront l’âme des enfants massacrés, des femmes déchiquetées, des hommes torturés, sera-t-il possible un quelconque oubli ? La haine, la rancune et l’esprit de vengeance de ces « jeunes entrepreneurs palestiniens » ainsi nommés par le projet fou de ce Gaza Côte d’Azur ne seront-ils pas frappés du sceau de la perte de leurs proches durant le génocide mené par l’état qui maintenant veut créer ce « paradis » colonial, ce hub, comme si rien ne s’était passé ? Il faut avoir une sacrée dose immense d’inconscience pour croire qu'on passe l’éponge et qu'on crée un parc d’attraction touristique sur les cendres des Palestiniens enfouis à jamais dans cette terre de malheur, où leurs âmes flottent, tel un brouillard macabre.

Une Palestine de carte postale sans Palestiniens donc, ou des Palestiniens devenus les obligés de ceux qui les ont massacré. Un rêve visiblement partagé par Donald Trump qui aurait même fantasmé d’avoir une place à son nom « au centre de la ville de Gaza ». Être à ce point déconnecté du réel, tourne au cas psychiatrique : ne serait-il pas comme oser demander aux survivants de l’holocauste de la Seconde Guerre mondiale de devoir bénir leurs anciens bourreaux SS ?

En fonctionnant ainsi, Trump risque fort d’être le fossoyeur du monde occidental, car coté BRICS ça renâcle sec, ainsi que les opinions publiques européennes comptant pour du beurre, mais qui se montrent choquées par la proposition. Ou bien, Trump, aidé par toute l’oligarchie qui détient le pouvoir, réussit à imposer son agenda, et alors là, le rêve de Klaus Schwab se réalisera : la grande Réinitialisation, le « Great Reset », l’aboutissement de ce qu’avait écrit Etienne de la Boétie il y a cinq cents ans : «  la chose vraiment surprenante, c'est de voir des millions de millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu'ils soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient redouter, puisqu'il est seul, ni chérir, puisqu'il est, envers eux tous, inhumain et cruel. »[iii]

Georges/ZETER février 2025

Vidéo : Gaza : Trump déclenche un tollé • FRANCE 24