« Le premier qui bouge est Gay ! »

par George L. ZETER
vendredi 13 décembre 2024

Le premier qui bouge a perdu ! C’est un loser, un naze de chez nazebroc. Jeux de cours de récré qui débordent sur tous les continents, et ce, depuis plus d’un an. Que se cache-t-il donc derrière cet anathème ? Stigmatisant pour certains, de l'humour pour d’autres. Depuis l'émergence de ce défi sur TikTok, les jeunes sont nombreux à le reproduire. Ce défi n'est pas très élaboré. Il suffit de prononcer la phrase : « Le premier qui bouge est gay  » et les joueurs doivent alors s'immobiliser le plus longtemps possible, sous peine de voir leur orientation sexuelle moquée. Alors selon d’où on se place, cette « mode » doit être considérée soit comme de l’homophobie conscientisée ou non et qui nécessite une intervention de la part des adultes ; ou alors, ce n’est que de l’humour borderline, réponse naturelle à une surcharge, à une pression, à une contrainte sur la jeunesse de la part des associations LGBT qui on doit le dire sont devenues omniprésentes dans les circuits scolaires et médiatiques. L’intelligence serait d’éviter toute répression contre ce « défi », sinon ça deviendra pire. Le conseil à donner aux autorités et à sa trop fameuse « laïcité » : arrêtez de prendre la tête des jeunes pour des bassinets à remplir de vos obsessions, laissez-les vivre et lâchez-leur la grappe ; et ainsi, ce « petit jeu » blasphématoire et provocateur prendra fin de lui-même…

Ces derniers mois, cette « tendance » a même gagné plus loin que les cours d'école et autres espaces collectifs rassemblant la jeunesse. C’est même repris par des sportifs célèbres, comme le footballeur suédois Zlatan Ibrahimović, suivi par des dizaines de millions de followers, dont la vidéo a beaucoup circulé sur X. Il suffit de poser la question sur un groupe Facebook constitué d'assistants d'éducation pour le constater. « Déjà entendu en salle de permanence », rapporte un surveillant. « Malheureusement, tous les jours », répond une autre. Noah, qui travaille dans un collège de la Drôme, déplore aussi la récurrence de cette phrase stigmatisante : « Je l'entends depuis la rentrée scolaire, et de façon encore plus intense ces dernières semaines ». Il existe des variantes au premier qui bouge est gay, qui mutent de l'homophobie au sexisme : « Le premier qui bouge est une pute. » On n’a pas encore essayé « le premier qui bouge est un Macron. »  Ce dernier slogan n’est juste qu’une proposition…

Vous me direz, ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Et pourtant, derrière ces quelques mots, stigmatisant pour ceux qui à l’âge dit « ingrat » se cherchent, et tout particulièrement dans leur sexualité, entendre ce genre de « blague » correspond à un traumatisme, car dans les établissements scolaires, « les insultes homophobes (...) ont toujours été monnaie courante », rappelle Jean-Rémi Girard, président du SNALC,[i] qui cite en premier lieu le mot « pédé ». Mais comment en vouloir à ces jeunes, qui dès leur enfance doivent se conformer à tout un tas de règles, dites sociales et laïques, sans pouvoir les remettre en cause sous peine d’être taxés de délinquants et d’être mis entre les mains de psy les bourrant de médocs. Dans notre monde, la liberté de pensée n’a pas sa place et doit être traitée. Une sociologue, Gabrielle Richard, explique que les enfants appliquent inconsciemment une « police du genre et de l'hétérosexualité  ». En clair, ils ont intégré ce que la société considère comme la norme et « surveillent » chez leurs pairs « le respect des attentes liées aux rôles, à l'identité et à l'expression du genre  ». Être gay est alors perçu comme une forme de déviance vis-à-vis des normes socialement acceptables ; pour faire court, ils ne font qu’imiter beaucoup d’adultes. Pour citer à nouveau Noah, surveillant dans la Drôme : « C'est difficile de déconstruire auprès d'eux ce qui semble être très ancré. On est démunis. J'en viens souvent à sanctionner par une heure de retenue, même si je sais que ce n'est pas le plus formateur »… Punir, l’arme fatale d’un système qui depuis pas mal de temps veut faire rentrer par la force dans la tête des jeunes qu’être LGBT c’est cool, qu’ils/qu’elles peuvent entrer dans les salles de classes, promouvoir leur propagande sur des enfants qui ne sont pas dupes « mais m’sieur, vous n'êtes pas une dame ! » et que cette « dame » d’une voix rauque réponde « pourquoi tu dis ça ? »… Fait que « le jeune » de tout temps a été celui qui renaude, fait tout le contraire que les vieux d’adultes veulent et n’est souvent pas dupe des manipulateurs qui l’entourent, parents inclus. Dès qu’on veut forcer le jeune à dire ou penser quelque chose, peine perdue : on veut lui bourrer le mou avec comme résultat, des vannes limites-limites sur TikTok, des comportements outranciers et même destructeurs.

Pour la dominance, travailler les esprits des mômes qui représentent le futur et leur faire accepter que les minorités agressives et envahissantes sont les marques d’une société apaisée et tolérante où chacun peut vivre en bon voisinage avec « l’autre », même différent, est pour eux un prétexte à la déconnade où ils envoient un message clair aux tristes mines qui veulent leur fourrer des trucs dans la tête. L’humour potache en est la réponse naturelle, il faut le voir comme ça et éviter toute répression. Naturellement, la ministre de l’éducation dit que c’est une homophobie inqualifiable et que ce n’est pas un jeu (a-t-elle joué une seule fois la formatrice en femmes de ménages ?) et puis les forces du Système dénuées d’imagination et ne sachant rire de rien vont surenchérir par la création de guide d’accompagnement pour prévenir et sensibiliser aux LGBT+phobies. Il y aura aussi des cellules psychologiques ou encore la constitution d’un moratoire du vivre ensemble, pour aboutir à quoi ? Au lancement d’un nouveau « 1, 2, 3, soleil » aussi foutraque et fouteur de gueule que ce : Le premier qui bouge est Gay… Dans ce monde si triste. A force de forcer le passage, soit les portes se ferment, soit les vannes s’ouvrent !

Georges ZETER/décembre 2024

Cet article est inspiré par celui de Mathilde Goupil et Lucie Beaugé de France Télévisions

https://www.francetvinfo.fr/societe/education/le-premier-qui-bouge-est-gay-on-vous-explique-le-jeu-homophobe-qui-a-envahi-les-cours-de-recre-et-comment-y-faire-face_6935846.html

vidéo : le jeu homophobe qui envahit les cours de récré 


[i] Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (SNALC)


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