France : les élites se délitent

par George L. ZETER
mercredi 17 avril 2024

Est-ce que le déni est une maladie ? Le Fonctionnement en miroir d’un groupe fermé, croyant exactement les mêmes choses, pensant dur comme fer qu’il a raison, et n’acceptant aucune interférence, car issu des mêmes sphères sociales et ayant eu les mêmes parcours : scolaires, prépa, grandes écoles, classement et enfin la remise des galons d’entrée dans les grands corps des hauts fonctionnaires, les A+ : le Conseil d'état, la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances (IGF), l'Inspection générale de l'administration (IGA), l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS),[i] fait que l’individu intronisé est au-dessus du plafond de verre, là où l’air y est raréfié, et est à jamais coupé de l’air pollué que respire le commun, de rien, sans dents… Et comme déjà, par éducation et filiation, l’individu, telle une plante rare a été biberonné au lait de sa supériorité « tu es le/la meilleur(e) » depuis le berceau, il est aisé d’imaginer que cet « être rare », volera très haut au-dessus des têtes, et ainsi, niera, non pas par mépris, mais par ignorance de caste. Il y a a dans ce petit cercle composé de « gens comme nous » et des gens comme « eux », ceux-là… Là-bas, très loin... En bas. Le déni est le refus inconscient de prendre en compte qu’une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par certains individus en position de dominants.

Pour parvenir en haut : En France, les grands corps de l'État sont une composante des corps d'État de « hauts fonctionnaires » au sein de la fonction publique française, dont les membres, généralement recrutés après l'ENA (la plus connue et décriée) et l'École polytechnique (la plus sélective) et les Écoles normales supérieures et écoles de commerce sont appelés à exercer de grandes responsabilités au sein de celle-ci. La sélection y est redoutable, car il y a un classement à l’issue du cursus, et ainsi, le choix des affectations selon le rang (bonjour l’ambiance). Une fois intronisés, c’est le grand boulevard vers un avenir radieux jusqu’à 70 ans et plus. Ces « choisis » par la nation, pourront « sauter » du public au privé et inversement. Se construire un capital, des avantages en nature, un carnet d’adresse, être dans le Who’s Who et profiter de prébendes à gogo sans avoir à en référer à quiconque. Généralement, au niveau social, c’est d’abord cultiver un entre-soi parisien, on va dans les mêmes écoles, on se rencontre lors de rallye mondain, on vit dans les mêmes quartiers, on part en vacances dans les mêmes lieux et on épouse un, une, de son milieu, et ainsi, le cercle vertueux se répète depuis… La Révolution française. À se poser la question s’il n’y a pas eu erreur sur les ci devants guillotinés ?

Pour intégrer Polytechnique, nec plus ultra dans la formation des élites de ce pays. Il vaut mieux être gosse de riche, homme plutôt que femme, avoir passé son brevet des collèges en région parisienne, et avoir suivi sa prépa à Louis-le-Grand ou à Sainte-Geneviève (Versailles). Le recrutement se fait, en pratique, dans un tout petit vivier… Ainsi, en 2013, les lycées Louis-le-Grand et Sainte-Geneviève ont représenté la moitié des élèves admis à l'X. Plusieurs raisons : d'abord parce que les classes préparatoires anticipent que leurs élèves ont le plus de chances d'intégrer l'X font davantage porter leurs efforts sur les segments du programme spécifiques à ces concours… Et aussi, de façon plus prosaïque, parce que tous leurs élèves qui accèdent aux oraux font circuler au sein de leur classe prépa les sujets sur lesquels ils sont tombés : des annales en or, qui aident profs et élèves à anticiper les attentes du jury… En clair, c’est courir un 100 mètres avec 10 mètres d’avance. Sachant que : si la France est peuplée de 29,2% d'enfants d'ouvriers, ils ne représentent que 1,1% des élèves de Polytechnique…⁣[ii] Pour clore avec l’X, 12 des 50 PDG dirigeaient en 2019 des entreprises du CAC40.[iii] Un cercle très fermé, où tout chacun s’entend, se comprend… Qu’ils fassent bien ou mal, c’est sans importance, car ils ne sont responsables de rien, couvés qu’ils sont par leurs anciens camarades de promo, par l’omerta de la bonne éducation et par le secret des affaires. Ils coulent des boites et rebondissent guilleret tout en donnant des leçons. Pas pour rien que nous Français avons la réputation d’avoir une arrogance sans bornes, grâce à ces personnes « d’élite ». 

Le roi du déni : MACRON. Qui s’entête à lancer des « la Russie ne doit pas gagner cette guerre contre l’Ukraine  »… D’où il vient, ses rêves doivent être réalité, ses désirs sont des ordres et lorsque ses désirs ne cadrent pas, il se complet dans le déni jusqu’au boutisme, quitte à taper de ses petits poings bien manucurés sur la table de style régence et d’éructer « c’est MON projet ! ». Normal, il est le bourgeois archétype français qui a poussé sous les bons augures : lycée La Providence, établissement scolaire catholique, jésuites privés, cours très privés de théâtre avec… Puis lycée Henry VI, Science po Paris, ENA, cour des comptes, banque Rothschild et hop gouvernement Hollande, puis président x par 2. Derrière lui, toutes les bonnes fées n’ont ménagé ni leur temps et argent afin de porter le petit tout en haut. Le mérite-t-il ? Aux vues de ses sept années calamiteuses à la tête de l’état, je dirais que non, comme 60% de Français ! Ce bourgeois de province n’a jamais vraiment galéré (ah si le pauvre comme étudiant il ne percevait QUE 1000 euros par mois)… Ne s’est jamais frotté à la vraie politique de terrain, où il faut convaincre et administrer la plèbe, taper sur le cul des vaches, et boire des canons de gros rouge. C’est un « héros » comi tragique qui se trouve au centre d'une situation tragique (pour nous) : c’est le conflit de l'homme avec les dieux (financiers), conflit des hommes entre eux, (tous les français), conflit de l'homme avec lui-même (ego stratosphérique). Ce type de héros n’existe que dans sa capacité à nier la réalité et vouloir la tordre afin qu’elle lui convienne. D’où, comme ses semblables, ne voir que le monde dans le prisme réduit d’un conflit entre le populo et sa personne. Il n’y a pas d’accord possible, d’où sa réputation justifiée d’être le président des riches et de mépriser souverainement ses concitoyens, et la France. Son modèle se situe dans le creuset des U.S avec les « Young Leaders », des grandes écoles, de la banque, des hauts fonctionnaires et des milliardaires, soit un % infime des 67 millions de Français. Il s’est entouré de ses pareils, Attal surtout, et d’idiots utiles qui ne font que répéter à l’infini « monsieur le président Macron a dit… ». Il se mêle de tout, car lui sait ! J’en ai croisé des comme lui, qui suaves, se sentaient issue de la cuisse de Jupiter… Ils sont si prévisibles et si néfastes parce que leur vraie force intérieure est de ne jamais dévier de leur pensée binaire, de leur dialectique bien pensante. Ils/elles détiennent LA vérité, et mordicus, ne s’en dépareront jamais.

Pourquoi, donc, parler du déclin de la France, avec ce clan qui depuis la révolution industrielle s’arque, boute sur ses passe-droits et privilèges. Ils sont là, et nous sommes las ! Si j’étais eux, je prévoirais tout de même un plan « B », car, le peuple gronde et ce n’est pas bon signe, sachant que c’est dans l’ADN local de dresser des barricades et de chanter La Carmagnole :

Dansons la carmagnole

Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole

Vive le son du canon – Vive le son sur Macron !

Georges ZETER/avril 2024


[i]https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_corps_de_l%27%C3%89tat

[ii] https://www.liberation.fr/france/2018/10/05/a-polytechnique-l-entre-soi-en-taille-xxl_1683480/

[iii] https://start.lesechos.fr/apprendre/universites-ecoles/quelles-ecoles-ont-forme-les-grands-pdg-francais-117557


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