Stucs vénitiens

par Christian Hivert
mercredi 12 août 2009

Le stuc est un matériau noble de décoration

Le stuc est un matériau noble de décoration, il n’est pas forcement composé de résines pétrolières de synthèse, comme ceux vendus en grande surface, ceux que je fais sont à la poudre de marbre et pigments selon une recette ancienne,

Internet regorge de recettes et de "coups de mains" dont certains mélangent allégrement plusieurs niveaux d’intervention et de finition, pour la poudre de marbre et les liants naturels ainsi que leurs applications pour rendre insensible le matériaux à l’usure et à l’humidité, les plus gros doutes subsistent et sont légitimes.

Les maîtres vénitiens du quattrocento n’avaient que leur savoir faire et leurs traditions, ils ignoraient les bureaux d’étude et les certifications de produits inaccessibles aux petites structures artisanales.

Ces confusions dans les niveaux d’interventions sont certainement dus au vocable utilisé, stuc venant de l’italien stucco et désignant les enduits, c’est à dire tous les enduits, sur un mur de pierres, pour peu que les indications architecturales locales et particulières au bâtiment visé ne soient pas contraires, il s’agira d’un enduit de maçonnerie, mélange traditionnel de chaux et de sable, du gros en première passe pour le rebouchage et l’enrobage des pierres, du moyen pour le début de planéité et du fin de la couleur choisie pour le talochage et lissage de finition, et le mur peut rester ainsi, c’est la finition ordinaire des murs maçonnés en intérieur et extérieur, à la chaux hydraulique ou aérienne, c’est souvent le travail des maçons, ce travail s’effectue sur une surface maçonnée propre, le plus absorbant possible, mouillée abondamment la veille et humidifiée généreusement avant l’application des enduits.

Si l’on est sur un support traditionnel en construction à la chaux on peut traiter le mur jusqu’à la finition ultra lisse en mélange chaux et poudre de marbre sans ajouts, le mur sera alors vivant et respirant, possibilité de salpêtre comprise, à l’ancienne, à savoir souvent entretenu, c’est à dire sensibles à l’humidité et à l’usure, c’est la deuxième appellation de stuc.


Les stucs désignent également les plâtres et poudres de marbres polis en façons de faux marbre ou de fausse pierre pour la création de volumes décoratifs dans les maisons princières et ecclésiales.

Mon stuc est un stuc de finition ultra-lisse et se pose sur une surface d’enduit de lissage ou de plâtre correctement plane poncée dépoussiérée, ce qui peut être réalisé surs tous supports préalablement traités selon les règles de l’art de la peinture, milles solutions existent selon le support en question.

Mon mélange est un dosage ayant fait ses preuves composé de poudre de marbre ultra fine (vingt micron, style béatite 16 ou 10, le 350 g est trop grossier), de chaux extra blanche, de pigments de couleur, de colle de peau, et de méthyl cellulose pour la rétention d’eau, plein d’autre recettes maison existent selon les connaissances et le savoir faire de l’artisan, les maîtres vénitiens depuis plusieurs siècles ont laissé derrière eux une foison impressionnante de manières de faire et de diversités de résultats.

Le satinage, selon le choix de finition voulu par le client est effectué par un ferrage au couteau large de peintre, la méthode au galet et finition savon noir faisant partie de l’art du Tadelakt, réservé aux marocains et impropre aux pays comme la France, le savon noir alors est un produit d’entretien dont le passage doit être renouvelé régulièrement, il s’agit d’un savoir faire et d’une tradition propre aux pays chauds et sec avec une chaux grossière locale très impure et utilisée quasiment sans autre ajout, mais c’est au Maroc sur des murs de maçonnerie marocaine et respirant correctement, c’est une débilité profondément européocentriste de vouloir copier coller cette tradition dans son HLM amélioré de perpette la franchouille.

Ensuite il existe dans le commerce une infinité de produits de décoration et de maçonnerie aux tarifs frisant l’escroquerie et aux résultats finaux décevants, chacun ses choix, il faut alors respecter scrupuleusement les indications du fabricant en général consignées sur le pot ou le sac, leurs recettes étant secrètes la responsabilité de l’usage, du comportement et de la toxicité de ces matériaux leur incombe.

Le coup de main et le geste adéquats convenant aux nuagés et aux marbrés du stuc à la vénitienne , seul à traditionnellement porter le nom de stuc en France, les autres étant des enduits plus ou moins grossiers, plus ou moins fins, s’obtient à force d’attention de respiration de concentration de goût et de professionnalisme, selon la volonté du client et son choix de finition il s’effectue en plusieurs passes de couleurs ( une à dix environ).

La stabilité finale du produit est réalisée soit avec un imperméabilisant pierre incolore soit avec un mélange 50-50 huile de lin térébenthine.

Les effets décoratifs sont très variés et se modifient selon l’angle et la force de la lumière, entre cinquante et deux cent euros le mètre carré, mais ce décor n’est pas à changer tout les cinq ans, c’est à vie, ceux des palais Vénitiens datent de plusieurs siècles.

On peut en avoir une idée à Stucs-poudre-de-marbre



Lire l'article complet, et les commentaires