Pénurie de moutarde et réaction en chaîne

par C’est Nabum
samedi 1er avril 2023

 

Tout se tient.

 

Les analystes politiques, les experts en expertise, les accrocs des plateaux télé se perdent en conjecture, expression qui du reste apporte la preuve de leur totale inutilité, pour tenter de trouver une explication rationnelle à la crise de gouvernance actuelle. Ces gens-là étant fondamentalement pragmatiques, indécrottablement ancrés dans une logique socio-économique apprise dans les grandes écoles, ils sont incapables de donner du sens aux troubles de l'heure.

Il est vrai que depuis le temps qu'ils nous gavent de leur projections, perspectives, analyses et autres sornettes, toutes fondées sur la croyance que le marché est un organisme vivant capable de réguler toutes les composantes de nos existences, que la politique est une science exacte mue par la lecture attentive des sondages d'opinion, que le rationnel tient les rênes tandis que l'argent est l'unique motivation des individus, ils se trouvent totalement démunis pour expliquer le chaos actuel.

Il y a tout d'abord cette erreur d'appréciation qu'ils ont tous fait en chœur, pensant que ce jeune homme, issu de leurs rangs, allait transformer en profondeur la société française, en faire un immense marché pour les uns, un eldorado économique pour les puissants et un camp de travaux forcés pour le peuple. Si au fond leurs prévisions n'étaient pas infondées, ils mésestimèrent grandement la capacité des futurs esclaves à se rebeller.

Il y a ensuite cette conviction profonde chez eux qu'en privant la masse d'espace de communication, en proposant en boucle la même musique, ils pourraient abrutir ceux qui étaient condamnés à être les damnés de la terre libérale. Ils ont investi toutes les antennes pour débiter inlassablement le même catéchisme économique, ils ont exploité les peurs et les angoisses, ils ont réduit la politique au seul choix entre la raison et l'aventure.

Tout aurait pu longtemps continuer ainsi en pimentant le projet d'abrutissement général d'une formidable pandémie qui devait servir de laboratoire à la future privation des libertés fondamentales et à l'installation d'une société du contrôle absolu tout en enfonçant le clou avec une guerre qui menaçait le monde libre. Hélas, un grain de moutarde est venu enrayer la belle mécanique, une forme de battement d'aile du papillon appliqué à l'art de la table.

En vidant les rayons de nos supermarchés de ce précieux condiment, de ce symbole de l'art de vivre à la française, ils n'ont pas vu venir la réaction en chaîne que cela entraînerait. Ils se sont amusés de ce joli coup des spéculateurs, cherchant toujours à tirer les marrons du feu, ils n'ont pas songé à les avertir du risque qu'il faisait courir à la légitimité de la République Française.

Et ce qui devait arriver arriva sans qu'ils ne voient rien venir. Comme sœur Anne, de toute manière, ces gens-là ne voient jamais rien venir au point même que leur cher Président a dû attendre le 31 décembre 2022 pour découvrir que nous vivions une terrible crise écologique planétaire qui aurait des conséquences gravissimes sur nos vies.

L'absence de moutarde est montée au nez de cette populace qu'ils méprisent tous, elle a provoqué une terrible irritation des muqueuses, elle a entraîné des plaintes qui se sont transformées en colère. La colère a fait place à la haine quand chacun de nous s'est rendu compte que nous devions désormais remplacer notre cher condiment par les cornichons qui nous gouvernent.

L'aigreur a fini par exploser. La rue s'est soulevée d'autant plus qu'une réforme absurde est venue mettre de l'huile sur le feu. L'indigestion est en marche, c'est tout le système qui est vomi par des millions d'individus qui au départ, ne réclamaient qu'une chose : leurs chers pots de moutarde dans les rayons. Il est désormais bien trop tard pour revenir en arrière en se contentant de supprimer ce retrait. C'est le chef qui doit dégager et toute cette clique de parasites.

Les mêmes se sont gaussés des stocks accumulés de papier hygiénique. Ils ignoraient que la sagesse populaire avait agi. Il fallait bien ça pour évacuer définitivement tous les miasmes et excréments d'un système au bout du rouleau. Nous y sommes désormais.


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