Le blues de Lipietz

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lundi 26 décembre 2005

Le référendum n’a pas été qu’un refus du traité constitutionnel européen (TCE) en lui-même ou une désapprobation de la politique de Raffarin, il a été aussi un rejet de nos élites. Comme elles ont déçu de nombreuses personnes dans le passé, les gens ont voulu leur dire « merde » pour que se produise une remise en cause profonde chez nos dirigeants : apparemment, le message est mal passé !

Il y a quelques jours, j’assistais à une intervention d’Alain Lipietz, député vert européen et économiste, au sujet de la place de l’économie dans le politique et de l’organisation économique de l’Europe.

Impressionnant de sérénité, avec seulement deux ou trois mots sur une feuille, il est parti dans une improvisation exceptionnelle en nous expliquant que le politique choisit la place qu’il accorde à l’économie, et que c’est lui aussi qui décide sous quelle forme ! Continuant son exposé avec des affirmations toutes plus justes les unes que les autres, le député vert n’oublia pas d‘ajouter une pointe d’humour à son discours, pour le plus grand bonheur de la salle !

Il nous montra ensuite que 80 % du travail que nous effectuons a une influence sur une étendue de 20 km autour de nous. Avec cette formule, il a emporté tout de suite l’adhésion de son public, qui était constitué de jeunes engagés dans l’action locale (toute la salle faisait partie du MRJC : Mouvvement rural de jeunesse chrétienne
www.mrjc.org). Il a donc encouragé chacun à exercer son pouvoir d’agir sur son environnement direct pour changer le monde !

Le TCE (Traité de constitution européenne) : le sujet épineux
Mais une partie de son auditoire a perdu son enthousiasme lorsque que M. Lipietz s’est aventuré sur le terrain de l’Union européenne. Il a alors été pris d’une folie furieuse, et toutes ses phrases parlaient du TCE ! Il s’est alors fait le défenseur des oui-ouistes et, par la même occasion, le pourfendeur des nonistes !

Sa démonstration a été parfaite ! Toutes les explications qu’il fournissait sur le TCE donnaient envie de voter oui. Il nous a explicité tous les mécanismes économiques et politiques qui auraient régi l’UE avec le TCE et, franchement, ça avait l’air bien ! Mais, malheureusement, ce n’était pas le problème, ce jour-là ! Le problème était qu’un homme politique français, fervent défenseur du oui, avait le cafard, et qu’il nous l’a fait partager ! Mais un peu trop !

Il s’est donc enfoncé, en accusant les nonistes de nous emmener vers le tout libéral, alors qu’il n’essaie même pas de comprendre le message du 29 mai ! Sachant pertinemment que certaines personnes avaient voté non dans la salle, il a écrasé son assemblée, sans aucun état d’âme, mais plutôt avec un désir de revanche, car aujourd‘hui l’UE vacille et est en panne.

Lipietz, le député européen, a donc le blues, et il le chante sur tous les toits ! Seulement, son exposé aurait été parfait s’il n’avait pas cherché à se venger du 29 mai sur des personnes qui attendaient mieux de lui ! Alain, tu m’as déçu, vivement la prochaine fois ! Car je sais que tu peux faire beaucoup mieux !


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