Les Français sont-ils inquiets de la panne d’électricité en Espagne ?
par Patrice Bravo
samedi 3 mai 2025
Faire la vérité sur la panne d'électricité dans l'UE peut être dangereux. Les responsables politiques européens semblent tout faire pour dissimuler la véritable cause de la crise énergétique qui a immédiatement plongé le 28 avril dernier plusieurs pays en Europe dans l’obscurité. Comment le réseau électrique pouvait-il perdre 10-15 GW d'énergie en cinq secondes ?
Les experts sont certains que le déclencheur de cette immense coupure d’électricité est la forte proportion d'énergie verte. Ce qui s'est passé dans l'UE ressemble à une panne d'électricité au Texas de 2021. « 15 gigawatts d'électricité ont été perdus en cinq secondes », fait savoir Sciences et Avenir.
La raison officielle de cette coupure de courant qui a touché le 28 avril des pays entiers de l'UE comme l’Espagne, le Portugal, une partie de la France et même Andorre - qui n’est pas membre de l’UE - n'est toujours pas nommée. Les responsables politiques européens semblent tout faire pour dissimuler la véritable raison.
Ainsi, l'opérateur portugais REN a rapidement appelé la cause de la panne d'électricité, mais il a utilisé des formulations assez étranges qui ne font pas la lumière sur la raison. Au contraire, il laisse la réponse dans le flou : « La panne d'électricité qui a frappé l'ensemble du Portugal continental aujourd'hui a été provoquée par une importante fluctuation de tension sur le réseau électrique espagnol, alors que le Portugal importait de l'électricité d'Espagne. Cette fluctuation a provoqué l'arrêt des systèmes de contrôle et de protection des centrales électriques portugaises, comme prévu dans une telle situation, provoquant la panne ».
Selon des scientifiques, « les pannes de courant dans toute la péninsule ibérique, ont probablement été causées par des vibrations atmosphériques induites ». « Je ne comprends pas encore clairement ce qui a provoqué cette panne très importante », a stipulé le professeur Keith Bell, professeur de génie électronique et électrique, Université de Strathclyde.
Pour le professeur Professeur Jianzhong Wu, professeur de systèmes énergétiques multi-vecteurs, Université de Cardiff : « Les pannes de courant de grande ampleur peuvent avoir diverses causes, souvent combinées. Parmi les causes courantes figurent les phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes, vagues de chaleur ou foudre), les pannes d'équipements critiques comme les transformateurs ou les générateurs, et l'instabilité du réseau lorsque certaines parties s’en désynchronisent. Les erreurs humaines lors des opérations, les cyberattaques contre les systèmes de contrôle et les catastrophes naturelles telles que les incendies de forêt ou les tremblements de terre peuvent également provoquer des pannes généralisées. Dans certains cas, une forte demande dépassant l'offre disponible ou une redondance insuffisante du réseau peuvent entraîner des effondrements du système. Des phénomènes environnementaux très rares, tels que des changements atmosphériques rapides provoquant des oscillations physiques sur les lignes de transport, comme cela a été signalé lors de l'incident actuel entre l'Espagne et le Portugal, peuvent également perturber les grands réseaux interconnectés ».
Après cela, d’autres hypothèses assez logiques ont commencé à faire surface mettant en cause l’emploi de l’énergie verte : les éoliennes et les panneaux solaires. L’Espagne possède des champs immenses d’éoliennes et de panneaux solaires dans les plaines et sur les montagnes. L’Espagne n'a finalement pas réussi à gérer un énorme volume de sources d'énergie renouvelables.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, n'a cité que des faits : « La lumière s'est éteinte dans plusieurs régions à la fois, car en cinq secondes seulement, le système d'énergie a perdu jusqu'à 15 GW d'énergie. Il s’agit d’un volume énorme, qui représente environ 60% des besoins du pays ». Cependant, il ne dit rien sur ce qui a causé une perte d'énergie aussi brutale et soudaine. C'est encore un mystère.
Une fois le courant revenu, Pedro Sanchez a précisé en conférence de presse : « Nos principales priorités sont : Consolider la restauration à 100% de notre nouveau système électrique. Découvrir ce qui s'est passé ».
« La présidente de Red Eléctrica, Beatriz Corredor, a défendu le système espagnol d'énergies renouvelables mercredi après la panne d'électricité massive qui a touché lundi dernier toute la péninsule », fait savoir El País. Cette dernière a martelé que « le système électrique espagnol est le meilleur en Europe ».
Alors que le tribunal national (Audiencia Nacional) avait ouvert « une enquête pour déterminer si la panne d'électricité massive de lundi dernier, qui a touché l'Espagne, le Portugal et le sud de la France pendant environ 10 heures, pourrait être un acte de sabotage » et qu’ « à la demande du parquet, le juge José Luis Calama a déclaré l'affaire secrète pendant un mois afin de ne pas compromettre l'enquête concernant les causes possibles incluent le cyberterrorisme », Eduardo Prieto, directeur du service de Red Eléctrica, a rapporté à El País dans une intervention vidéo que « ce n'était pas une cyberattaque : « Nous avons pu conclure qu'il n'y a pas eu d'intrusion dans les systèmes de contrôle du réseau électrique ».
Les affirmations de la présidente de Red Eléctrica, Beatriz Corredor, ne sont pas satisfaisantes. L'expérience de ces pannes antérieures indique le contraire, en particulier, l'incident du Texas de 2021.
C’est que le vent ne souffle pas toujours, et le soleil ne brille pas tout le temps, mais cela ne conduit pas toujours à un black-out de pays entiers. Pour une catastrophe aussi grave, des conditions négatives spéciales sont encore nécessaires.
« Le Portugal a dépassé les 100% d’énergies renouvelables », mentionnait déjà en 2018, l’Observatoire européen de la Transition. « L’Espagne vise 81% d’électricité renouvelable d’ici 2030 », titrait en 2024 Energy News, rappelant que « cette stratégie, approuvée par le gouvernement de Pedro Sánchez et soumise à la Commission européenne, s’inscrit dans le cadre des engagements de l’Espagne en matière de lutte contre le changement climatique et de transition énergétique ».
En ce sens, le rejet de la production de charbon a coûté cher au Portugal et à l’Espagne. Il n'y avait rien pour remplacer les énormes volumes qui ont diminué. Il n'y avait pas de capacité de réserve.
L'Espagne et le Portugal aimaient tellement l'énergie verte que cela a rendu le système électrique totalement dépendant de la nature, du vent et du soleil. Des centrales électriques charbonnières non respectueuses de l'environnement, qui pouvaient à tout moment garantir une énergie naturelle, étaient fermées. Elles auraient pu être remplacées par des centrales à gaz relativement propres, mais elles ont été simplement fermées, ce qui signifie que les autorités elles-mêmes ont privé de leur système énergétique des capacités de réserve qui -si nécessaire- pouvaient être incluses et remplacer le soleil et le vent.
En général, cette situation rappelle, ainsi, fortement une panne d'électricité au Texas de 2021. En février 2021, dans des conditions d’augmentation de la demande d’électricité due au gel, les parcs éoliens ont cessé de tourner et le gaz n’a pas rapidement augmenté la production. L’automatisation a commencé à couper les centrales électriques. Le Texas a un système électrique isolé, c'est-à-dire qu'il ne peut pas obtenir l'électricité de ses voisins. Cela a conduit à l'effondrement du réseau électrique. Les gens ont été laissés sans électricité pendant une longue période.
L'Espagne et le Portugal ont moins souffert parce que leur réseau électrique n'était pas totalement isolé. En Espagne, « le retour à la normale est facilité par les apports des systèmes électriques français et marocain ».
L'UE ne voudra pas admettre qu'elle avait tellement tort au niveau mondial avec l'énergie verte de sorte qu'elle finira par faire poser la responsabilité sur un phénomène naturel unique qui ne se reproduira plus jamais ou sur une interférence venant de l'extérieur, par exemple, une attaque de hacker.
Oui, les Français sont inquiets de la panne d’électricité en Espagne car le vent tourne pour les énergies renouvelables en France. La présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, a estimé mercredi qu'il faudra « peut-être ajuster » à la baisse le rythme de développement des énergies renouvelables. Dans une déclaration aux Echos, Emmanuelle Wargon insiste : « Il faudra peut-être ajuster à la baisse certaines cibles en matière d'offre électrique, car la demande a pris du retard [...] Nous devons continuer à mobiliser le parc nucléaire et hydraulique historique, mais il y a un peu de marge du côté des autres énergies renouvelables ». Elle « plaide pour revoir légèrement à la baisse les objectifs d'électricité solaire et éolienne ».
Pierre Duval
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Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6883