Sectes et laïcité
par Théodore Martial
mercredi 14 décembre 2005
Après le financement des mosquées et des centres de formation des imams, le financement des sectes ?
M. Sarkozy a fait du chemin depuis son discours lénifiant à l’Académie des sciences morales et politiques, le 19 septembre 2005 ! À cette époque, le locataire de la place Beauvau parlait, à propos de la loi 1905, "d’un bon texte, un texte fondateur, un texte important, un texte solide". Tellement solide, qu’il supporterait facilement un énième "toilettage" !
Désormais, avec sa "Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics", le ministre de l’Intérieur donne l’impression d’avoir effectué un inquiétant glissement linguistique. Voici un petit florilège des litotes de son alter ego, M. Machelon, président (nommé par M. Sarkozy) de ladite commission : "Tous les cultes ont des motifs plus ou moins graves d’être insatisfaits du statu quo" (de la loi 1905). Le professeur de droit public a par ailleurs cru bon de préciser "qu’il y a des sujets qui ne peuvent être évités, et ils ne seront pas évités" (déclarations faites à l’AFP, le 27 novembre dernier).
L’UNADFI (l’Union nationale des associations de défense des familles et des individus, déclarée d’utilité publique, lutte contre les sectes) s’en est émue car, par "cultes" ou "sujets" ("qui ne peuvent être évités"...), il faut comprendre "mouvements sectaires". Le communiqué de presse de l’UNADFI daté du 5 décembre 2005, et mis en ligne le 6, commence ainsi :
"L’UNADFI s’interroge sur la déclaration de la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics (AFP 27/11/05), qui semble s’étonner que des MOUVEMENTS CONSIDÉRÉS COMME SECTAIRES EN FRANCE... NE SOIENT PAS AUDITIONNÉS."
Bien que J.P. Machelon ait affirmé que "l"essentiel de la loi de 1905 doit être respecté", il y a de quoi s’interroger, en effet, sur cette commission, qui devra faire des "propositions opérationnelles" (?) au ministre chargé des cultes, en juin 2006.
En fait de "toilettage", ne s’agirait-il pas plutôt d’un "nettoyage au karcher", auquel M. Sarkozy voudrait se livrer ? Aussi lui fixons-nous rendez-vous, en juin 2006 !