Un voile tombe sur la liberté
par Michel Monette
samedi 4 février 2006
Toute l’agitation autour des caricatures du prophète Mahomet pose une question troublante : la violence aura-t-elle raison de la raison ? Comprendre la colère des croyants musulmans est une chose, se prosterner devant les menaces est tout autre chose.
Rappelons, pour mémoire, que les tribunaux du Danemark ont jugé
irrecevable la plainte contre le quotidien qui a publié les caricatures
de Mahomet.
N’écoutant que leur couardise, à moins que ce ne soit, encore plus lâchement, leurs vils intérêts, les gouvernements de la Grande-Bretagne et des États-Unis viennent de condamner, l’un derrière l’autre, le droit à la libre expression.
Pourtant, pas plus que les tribunaux danois, aucun tribunal de ces pays ne sanctionnerait le « caricaturiste du Prophète ». Troublant, n’est-ce pas ?
Qu’en sera-t-il tantôt ? La droite religieuse américaine obtiendra-t-elle, à son tour, la condammation de ceux qui se moquent de Jésus ?
Soyons clair. Nos frères musulmans ont raison de s’offusquer. Cependant, leur colère ne doit pas aller jusqu’à forcer des non-croyants à se soumettre à leur croyance. Il y a des limites à abuser ainsi de sa foi.
Beaucoup de cadavres encombrent les placards du monde musulman. Les « martyrs » musulmans, par exemple, offensent Dieu quotidiennement en Irak. Cessera-t-on de se suicider pour ne plus l’offenser ? Quelle est donc cette morale si sélective ?
Les religieux musulmans portent une lourde responsabilité dans ce qui se produit en ce moment. Ils devraient plutôt employer leurs talents d’orateurs à enseigner aux croyants musulmans la tolérance envers ceux qui ne partagent pas leur foi.
Ils devraient surtout s’employer à mettre fin, une bonne fois pour toute, à toute cette violence qui choque tant le reste du monde.
J’ai moi-même mis un lien vers les caricatures offensantes sur mes blogs. Non pas que je voulais provoquer les musulmans, qui ne sont pas obligés de les regarder, mais plutôt parce que je refuse d’accepter que ma liberté soit limitée par quelque religion que ce soit.
J’en appelle aux musulmans. Soyez profondément choqués, cela est votre droit le plus fondamental. En revanche, respectez mon droit de me moquer du Prophète.
Je suis convaincu que Mahomet lui-même, s’il existe, doit ressentir en ce moment une profonde tristesse.
Qui sont donc ces hommes qui appellent à la violence en son nom ?