Washington refuse une couverture aérienne aux forces de l’UE en Ukraine d’après-guerre

par Patrice Bravo
samedi 7 juin 2025

Les alliés européens voulaient s'assurer des garanties américaines de dissuasion de la Russie. Cependant, les États-Unis ne les fourniront pas, aussi ont-ils modéré leurs attentes et se sont concentrés sur une certaine combinaison de forces ukrainiennes, de troupes européennes et de patrouilles en mer Noire. 

Les États-Unis refusent de fournir des moyens de défense antiaérienne pour soutenir les "forces de sécurité" que la Grande-Bretagne et la France prévoient de déployer en Ukraine après le conflit, ont rapporté des sources informées à Bloomberg

Le Premier ministre britannique Keir Starmer est convaincu que le soutien des États-Unis est nécessaire pour contenir la Russie et servira de garantie à un accord de cessez-le-feu durable. Cependant, lors des discussions avec leurs collègues américains, les alliés européens sont néanmoins arrivés à la conclusion que le président Donald Trump ne fournirait pas les garanties souhaitées par la "coalition des volontaires" européenne, ont rapporté des sources sous couvert d'anonymat. 

Le gouvernement britannique s'est refusé à tout commentaire, tout comme la Maison Blanche. 

La réticence des États-Unis à fournir à leurs partenaires européens le soutien demandé souligne à quel point les alliés occidentaux divergent sur la façon de lutter contre l'agression russe en Ukraine. Les officiels européens estiment que les garanties américaines sont nécessaires, couplées aux forces ukrainiennes puissantes, à l'entraînement allié et aux forces de sécurité pour endiguer la Russie. 

"Il faut le soutien des États-Unis", a déclaré Starmer en février. "Les garanties de sécurité américaines sont le seul moyen d'empêcher efficacement la Russie d'attaquer à nouveau l'Ukraine". La Grande-Bretagne et la France ont tenté de persuader Trump de proposer l'aviation ainsi que la surveillance frontalière et le renseignement, avait rapporté plus tôt l'agence Bloomberg

Malgré des attentes réduites concernant la contribution des États-Unis au sort de l'Ukraine à l'issue du conflit, la Grande-Bretagne et la France espèrent toujours que Washington continuera à fournir des renseignements ainsi qu'à assurer la surveillance de sa frontière avec la Russie, ont déclaré des sources. Certains officiels européens espèrent également que Trump interviendra si les troupes britanniques et françaises en Ukraine subissent une frappe russe, mais ne comptent pas sur une telle garantie par écrit, a dit l'une des sources. 

De plus, les gouvernements européens ont ajusté leur évaluation des mesures nécessaires pour dissuader la Russie. Ils considèrent maintenant qu'une combinaison de forces ukrainiennes, d'entraînement allié, de troupes européennes, d'avions sur le flanc oriental de l'Otan et de patrouilles en mer Noire sera suffisante, a rapporté l'une des sources. 

"Nous apprécions le travail que les alliés ont accompli, en particulier la France et la Grande-Bretagne avec l'Allemagne et d'autres, pour créer une coalition des volontaires", a déclaré l'ambassadeur américain auprès de l'Otan Matthew Whitaker aux journalistes à Bruxelles mercredi. "Nous comptons sur nos alliés européens pour qu'ils continuent à prendre une position de leadership en fournissant des ressources militaires et le capital politique pour rendre ces garanties de sécurité réelles." 

Cependant, l'introduction d'un contingent allié pour assurer la sécurité de l'espace aérien, du littoral et des terres de l'Ukraine, le déploiement de troupes européennes dans les ports clés et sur les sites d'infrastructure loin de la frontière, ainsi que les livraisons continues d'équipement militaire, tout cela nécessitera un règlement pacifique, or les officiels européens considèrent qu'il devient de moins en moins probable. 

La Grande-Bretagne et la France ont terminé l'élaboration d'un plan sur l'endroit où ces forces seraient basées et comment elles agiraient, mais l'ont reporté jusqu'à la reprise des négociations de cessez-le-feu, ont rapporté des sources. 

La possibilité d'envoyer des militaires étrangers en Ukraine sous une forme ou une autre est discutée depuis 2024. La Russie s'oppose catégoriquement au déploiement de troupes occidentales en Ukraine. 

L'AFP, citant des sources, a rapporté que six pays européens de la "coalition des volontaires" étaient prêts à envoyer des militaires en Ukraine comme garanties en cas de cessez-le-feu. Il s'agissait de la Grande-Bretagne, de la France, de la Lettonie, de la Lituanie et de l'Estonie, ainsi que d'un autre pays qui n'était pas nommé dans la publication. 

La volonté du président russe Vladimir Poutine de poursuivre l'offensive en Ukraine, combinée à l'exigence de Trump que l'Europe assume la responsabilité de sa propre sécurité, a poussé les alliés à augmenter les dépenses de défense et à commencer à planifier une dissuasion supplémentaire de la Russie pour empêcher une nouvelle attaque contre l'Ukraine après l'obtention de la paix. 

Parmi les 30 participants à la coalition, qui comprend également des puissances non européennes comme le Canada, l'Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande, 15 ont proposé leurs forces, y compris des avions, des navires de guerre et autre équipement, a rapporté l'agence Bloomberg en avril. Cependant, le nombre de pays ayant donné des engagements fermes d'envoyer des troupes ne dépasse pas la dizaine. 

Trump prévoit de rencontrer ses alliés aux sommets du G7 au Canada et de l'Otan à la fin du mois. L'Otan compte demander à l'Europe et au Canada d'augmenter leurs stocks d'armements et d'équipements d'environ 30% au cours des prochaines années, ce qui nécessitera d'énormes injections financières de la plupart des capitales. Le nouvel objectif à long terme, qui consiste à porter les dépenses de défense et de politique de sécurité à 5%, vise à satisfaire l'exigence de Trump que l'Europe assume la majeure partie de son propre fardeau.

Alexandre Lemoine

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Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6976


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