Zizanie à l’avant-garde

par Alain Hertoghe
jeudi 12 janvier 2006

La victoire du non au référendum sur le projet de constitution européenne, le 29 mai 2005, avait été célébrée d’abord comme la sienne par la gôche-de-la-gôche. La droite extrême et souverainiste n’y était bien entendu pour rien... Une nouvelle avant-garde révolutionnaire émergeait en France et, après ce premier grand soir, les lendemains allaient chanter... Le peuple uni, jamais ne serait vaincu ! comme on le proclamait déjà au Chili en 1973, à la veille du putsh du général Pinochet.

Quelques mois plus tard, c’est plutôt la cacophonie qui règne dans l’alter-classe politique. Chez les anticapitalistes new look , les leaders minima se disputent le pouvoir sur fond de querelles idéologiques dans la plus pure tradition gauchiste. Une indiscutable fidélité aux anciens, qui force la fascination... ou l’amusement.

Dernier épisode du Dallas des bolcho-bohèmes : la révolution de palais à la tête du Monde diplomatique, l’organe central des altermondialistes. Les directeurs Ignacio Ramonet et Bernard Cassen ont mis au pas la petite rédaction néo-marxiste qui avait des états d’âme sur l’indéfectible soutien des patrons à l’autoritaire direction d’Attac, au dictateur Fidel Castro et à la gangsta guérilla des FARC colombiens. C’est un article de Libération qui le racontait l’autre jour.

L’épisode précédent concernait l’association préférée des enseignements de gauche, Attac, dont les deux boss, Bernard Cassen (le même) et Jacques Nikonoff, étaient chahutés par de nombreux sous-commandants. Une crise qui a éclaté au grand jour durant l’université d’été des GO (gentils organisateurs) d’un autre monde possible. D’après un article récent de L’Humanité, c’est réglé. Mais, allez savoir pourquoi, quand l’Huma affirme que l’unité règne dans le parti, il reste toujours un chouïa de doute...

Côté candidature d’avant-garde pour la présidentielle 2007, il y a aussi quelques petits débats dialectiques en cours. Notre José national ronge son frein dans sa ferme en s’occupant de ses moutons, comme le rapportait un article du Monde. Et les Verts, le PCF et la LCR se prennent la tête pour savoir s’ils vont à l’élection en ordre dispersé ou derrière l’étendard du bel Astérix de l’Aveyron. Ceux qui pensent que l’intérêt de la cause passera avant les ambitions personnelles et le goût de la sodomisation conceptuelle des diptères seront sans doute déçus...

Comment transformer un succès d’étape en échec jamais tout à fait final ? Sur ce terrain, la gôche-de-la-gôche reste aussi fidèle à elle-même. C’est rassurant, comme toutes les traditions.

PS : Dans le quotidien Le Monde, la crise au Monde diplomatique n’a été l’objet que d’une brève très neutre sur la réorganisation de la direction du mensuel qui appartient au même groupe de presse. Serge Halimi, journaliste au Diplo et grand pourfendeur hexagonal de la presse bourgeoise, a raison : la concentration des médias tue la liberté d’informer... :o) Mais va-t-il démissionner en signe de protestation ???


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