L’infarctus et les flatulences !

par Georges Yang
vendredi 1er février 2008

Certains hygiénistes, écolos, naturologues, zélateurs du mieux vivre et de la prévention brandissent en toute occasion des études scientifiques pour nous prouver que nous courons des risques en permanence avec la nourriture, les emballages, les pesticides, les jouets, le tabac, mais aussi avec les voisins, les jeunes, les émigrés et pourquoi pas la police, les enseignants et les pots de fleurs au balcon. Or, on ne publie jamais la totalité des études, leur méthodologie, les protocoles mis en oeuvre et les échantillons étudiés. On se contente souvent des conclusions, qui sorties de leurs contextes, peuvent être très aléatoires. Je pense pouvoir prouver que le lâcher de gaz intestinaux est prémonitoire de l’infarctus du myocarde si on me donne les moyens d’une étude se voulant scientifique.

Ce que je vais écrire, vous ne le trouverez dans aucune revue médicale française et encore moins anglo-saxonne, et pourtant, en investissant un peu de temps, d’énergie et de moyens sur ce thème, il est possible de prouver que les victimes d’infarctus ont plus souvent lâché un pet dans les deux heures précédant la crise que les représentants d’un échantillon moyen de la population française. Je vais m’efforcer de l’expliquer.

Prenons 1000 cas d’infarctus et interrogeons les malades une fois hospitalisés. Posons leur la question : « Avez vous eu des gaz dans les deux heures précédant la crise ? »

Je vais donner des pourcentages fictifs pour être plus explicite.

Nous pouvons obtenir :

- Oui : 42%

- Non : 25%

- Je ne me souviens pas : 28%

- Pas de réponse interprétable : 5%

Prenons ensuite un échantillon de la population, de plus de 50 ans, âge minimal de la majorité des infarctus. Posons la même question. Les résultats seront probablement :

- Oui : 22%

- Non : 38%

- Je ne me souviens pas : 33%

- Pas de réponse interprétable : 7%

Sans truquer les résultats, je peux avancer l’hypothèse que l’infarctus du myocarde est précédée de gaz intestinaux.

Que le pet est un signe avant-coureur de la maladie.

Comment j’en suis si sûr, même si je n’ai aucun support scientifique et médical connu allant dans le sens de cette hypothèse ?

Facile !

D’abord, les malades seront interrogés au calme par un médecin qui les mettra en confiance et respectera leur intimité.

Deuxièmement, quand un fait grave survient dans la vie d’un individu, cela entraîne une hypermnésie des événements qui ont eu lieu précédemment (sauf quelques rares cas d’amnésie rétrograde post traumatique, mais plus souvent retrouvée après un viol, une agression ou un accident avec perte de connaissance).

Troisièmement, les pets sont assez fréquents pour que statistiquement on en ait émis quelques-uns avant un infarctus.

Concernant l’échantillon pris dans la population, on peut obtenir aisément des résultats inverses en interrogeant les sujets de l’étude en public, sur le lieu de travail et en présence de tiers. La pudeur aidant, on aura moins de réponses positives. Si on utilise un ratio1 homme / 1 femme, les femmes avoueront moins facilement leur émission de gaz, or on sait que l’infarctus est plus fréquent chez l’homme. De plus, les personnes de plus de 50 ans ont moins tendance à valoriser le pet que des adolescents qui sont exclus de l’enquête (n’oublions pas que les malades de l’échantillon sont interrogés par un médecin qui peut plus facilement poser ce genre de question qu’un enquêteur de la SOFRES). Enfin, beaucoup ne se souviendront plus à une heure précise au cours d’une journée normale s’ils ont pété ou non.

Avec cette étude aux allures scientifiques, en publiant une vague méthodologie, je peux prouver un lien inexistant entre pet et infarctus ce qu’aucun chercheur n’a réussi à prouver jusqu’à ce jour. Pire, je peux utiliser cette enquête comme un support ayant tout du sérieux et publier des résultats qui seront confirmés par une autre étude avec un autre échantillon sans grand risque de contradiction si j’utilise une méthodologie similaire.

Après publication de ma pseudo analyse scientifique, il est certain que je vais créer un « vent de panique » chez tous les hommes de 50 ans et plus qui auront lâché un peu trop souvent des gaz, que je vais augmenter l’angoisse de la mort et in fine obtenir un résultat confirmant mon hypothèse par de vrais infarctus « a posteriori » si je peux me permettre ce rapprochement. Il est donc très facile de créer la panique en utilisant des arguments se voulant scientifiques, c’est hélas le rôle que joue une certaine presse et un groupe d’exaltés de la sécurité.

Mon propos est de montrer qu’avec des études tronquées et orientées vers le résultat escompté, on peut toujours obtenir ce que l’on veut prouver en se drapant dans une couverture scientifique souvent erronée. Ce que nous voyons de nos jours concernant les OGM, le réchauffement climatique, le tabagisme passif, les risques de grippe aviaire ou de maladie de la vache folle ressort souvent de ce genre de procédé. Il existe bien sûr des études sérieuses, mais on n’en publie que des fragments allant dans le sens recherché. La véritable information scientifique se trouve dans des publications du même nom, ce qui n’empêche qu’il s’y glisse quelquefois des erreurs de bonne foi, des manipulations et des résultats trop hâtifs.

Dans vulgarisation, il y a la racine vulgaire, il ne faut pas l’oublier. Ce que nous lisons dans la presse quotidienne, voyons au journal de 20 heures et encore plus au 13 heures de TF1 n’est souvent que fariboles du type de ma démonstration prise comme exemple en cet article. Tous ces Cassandre de la fin du monde, de l’hygiénisme forcené, du principe de précaution ne sont que des oiseaux de mauvais augure qui n’engendrent que la peur et attentent aux libertés, à la créativité et à la recherche, en un mot au progrès.

En suivant leur raisonnement, il faudrait interdire les géraniums en pots et encore plus en jardinières au balcon à partir du premier étage. En fait, par temps de grand vent, il est possible de recevoir des fleurs en pot sur le coin de la tronche. Et là, il existe au moins trois parades.

La première est d’interdire les fleurs au balcon, mais c’est s’exposer à la fureur des fleuristes. Attali a déjà excité les taxis, il ne faut pas exagérer. Autre solution, construire un petit toit au-dessus des premiers étages, on appelle ça canopée en anglais, cela a l’avantage de relancer le bâtiment et en plus, ça protège de la pluie ! On peut enfin obliger le port du casque par les piétons en ville.

Nous sommes de plus en plus envahis par les bonnes idées de ces professeurs Nimbus de la sécurité et de l’écologie qui veulent notre bien malgré nous et qui de fait nous rendent la vie impossible.

Quand va-t-on revenir à plus de sagesse ?

P.S. pour ceux qui souvent lisent trop vite et c’est souvent le cas sur ce forum !

Je me suis servi d’une supercherie pour démontrer qu’avec une approche pseudo scientifique, on peut prouver quasiment n’importe quoi !

Beaucoup ne s’en privent pas, mais n’avertissent pas leurs lecteurs ou leurs auditeurs.


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