Blocage de l’Université de Bourgogne : l’Unef dans le mur
par Bernardo
mercredi 15 mars 2006
Dans la suite des mouvements nationaux contre le CPE, l’Unef et autres organisations bloquent l’Université de Dijon. Ce blocage persiste, malgré 85% de votes contre le blocage des bâtiments.
Dans la ligne des mouvements nationaux contre le CPE, l’Unef et autres organisations bloquent l’Université de Dijon. Ce blocage persiste malgré 85% de votes contre le blocage des bâtiments.
Depuis mercredi, l’Unef appelle à la grève générale, à l’occupation et au blocage du bâtiment « droit lettres » de l’Université de Bourgogne à Dijon. Accès aux cafétérias, aux bibliothèques de Droit, Lettres, Sciences humaines, bloqués, cours et travaux dirigés interrompus, puis annulés... Tout cela à cause d’un contrat première embauche. Ce nouvel instrument juridique dans le droit des contrats de travail implique des dispositifs qui, d’après le gouvernement (intervention de Dominique de Villepin dans le JT de TF1du soir, dimanche 12 mars), sont destinés principalement à combler le chômage des jeunes, spécialement dans le secteur des PME/TPE et tout particulièrement au niveau des jeunes en situation scolaire de type BEP, CAP, Bac pro... filière où le bagage technique nécessite une formation professionnelle en entreprise, suite logique de ces diplômes dévalorisés depuis trop longtemps.
Le rapport est relativement difficile à trouver avec les étudiants des universités. Certes, le taux de chômage des universitaires est important et non négligeable. Certes, le manque criant de débouchés et le manque d’information quant aux filières universitaires « surchargées » de sciences humaines (philo, lettres, LLCE, histoire-géo) rend nécessaires des réformes de fond, de manière à éviter de voir des docteurs en ethnologie servir des frites et un coca.
Mais quel est ce « syndicalisme » qui, au nom de la création d’un nouvel « outil de travail » qu’est le CPE visant la précarité, prend en otage une population qui n’a pas vocation à le subir ? Quelles sont ces images télévisées de samedi qui montrent des échelles, bouteilles, extincteurs balancés sur les CRS depuis les fenêtres de la vénérable et compassée Sorbonne ?
A Dijon, l’administration a choisi la voie du dialogue avec les représentants des organisations étudiantes, tant celles qui sont pour, que celles qui sont contre le blocage. Car il faut le souligner, les étudiants et leurs représentants ne sont pas tous pour le blocage. Pour certains, aller en cours et étudier de manière à obtenir un diplôme reconnu sur le marché du travail est plus important qu’occuper les locaux universitaires et empêcher les étudiants qui se respectent d’accéder aux moindres facilités d’études (salles de cours, BU, cafétérias...). Ainsi l’administration universitaire a fait le choix de réunir une AG vendredi dernier pour débattre sereinement de la poursuite ou non du blocage des facultés. Les syndicats, voyant tout contrôle leur échapper sur le déroulement d’une AG tenue par l’administration, décidèrent de boycotter l’assemblée. Cette dernière rassembla 1267 votants, 1077 pour débloquer, contre 190 pour bloquer, soit 85% contre la poursuite de l’occupation des locaux. Malgré cela, l’Unef continue d’occuper les locaux, sans tenir compte de l’expression souveraine des étudiants.
Cela montre ainsi bien que l’UNEF et autres syndicats tels le FSE et la CE sont bien loin de faire l’unanimité, bien loin de la démocratie dont ils se prétendent les représentants, et bien loin des préoccupations des personnes qu’ils prétendent représenter. Les élections au CROUS et celle du CNESER se rapprochent : alors, volonté de communication syndicale, histoire de récupérer des voix pour ces élections ? Ou plus simplement, l’Unef ne se tromperait-elle pas de combat, en misant sur le CPE pour un renouveau de souffle contestataire à tendance Mai 68, sans le souffle de la contre-proposition constructive ?