Ilan, Mahomet, Sarkozy et la chasse à l’amalgame
par Alain Hertoghe
mercredi 22 février 2006
Amalgame n.m. (...) 2. a. Mélange de choses ou de personnes très différentes. b. Assimilation abusive, à des fins polémiques en politique, notamment. Pratiquer l’amalgame (définition du Petit Larousse 2000).
Pas d’a-mal-game ! C’est le joli slogan à la mode des bien-pensants. L’amalgame ne passera pas ! No pasaran ! comme le proclamaient déjà les antifascistes espagnols dans les années 1930. Drapés dans leurs généreuses vertus, les prêtres du politiquement correct assènent leur intimidant oukaze chaque fois qu’une réalité contrariante leur explose au visage.
Dernière occasion en date : le meurtre du jeune juif Ilan Halimi par ceux qui ont choisi de se baptiser, à juste titre, "les barbares" et dont le chef, le jeune noir musulman Youssef Fofana, était toujours en cavale mardi matin. Taisez ce soupçon d’antisémitisme que je ne saurais voir ! s’offusquent les belles âmes. Vous faites l’amalgame avec tous les jeunes musulmans de banlieue ! accusent les humanistes autoproclamés...
Un édifiant refrain déjà servi récemment pour l’affaire des caricatures de Mahomet, ou pour les propos de Nicolas Sarkozy sur la racaille.
Car, comme de bien entendu, relever les indices d’antisémitisme dans la tragédie d’Ilan, comme je l’ai fait sur "Carte de presse", reviendrait à accuser tous les jeunes musulmans de banlieue d’être des assassins et des tortionnaires antisémites en puissance. De la même manière, critiquer par le dessin les dérives violentes de l’islam politique, comme l’ont fait les caricaturistes danois, signifierait traiter de terroristes tous les musulmans de la planète. Et, enfin, traiter la racaille de racaille, comme l’a fait le ministre de l’intérieur, équivaudrait à stigmatiser tous les jeunes de France.
En réalité, les fins limiers de l’amalgame en sont, à force de le dénoncer là où il n’est pas, les plus grands promoteurs. Car, dans les faits, qui le pratique en insinuant et en proclamant que tous les jeunes musulmans de banlieue, ou tous les musulmans de la planète ou tous les jeunes de France doivent se sentir visés par un relevé d’indices d’antisémitisme dans un meurtre, quelques dessins danois ou les propos d’un ministre de la République ?
Les médias devraient l’avoir compris depuis longtemps qui, pour ne pas stigmatiser les jeunes issus de l’immigration, ont abusé des expressions neutres "un jeune" ou "des jeunes", dans les faits divers et les violences de banlieue. Au point qu’aujourd’hui, le public devine un Arabe ou un noir derrière le moindre incident. Et c’est ainsi que les nouvelles ligues de vertus font le lit, depuis des années, des procureurs de "l’établissement", trop contents de crier au Tous pourris ! Et au Tous menteurs !
Alors, aujourd’hui, quand j’entends la ritournelle Amalgame ! Amalgame ! Amalgame !, comprenez que je dégaine mon humeur...